
Début décembre, on peut commencer à en parler: Noël est à nos portes. Pour ceux qui désirent offrir un livre à leur proche, voici une sélection d'œuvres écrites par des professeurs, étudiants ou diplômés de l'Université Laval.
Cellules grises (Éditions de Mortagne), par Louis-François Dallaire

Travailleur social et professeur de clinique agrégé au Département de médecine familiale et de médecine d'urgence, Louis-François Dallaire a fait parler de lui dans le milieu littéraire en 2022 lorsqu'il a remporté le prestigieux prix France-Québec pour son troisième roman, Le jour où mon meilleur ami fut arrêté pour le meurtre de sa femme, qui portait sur la question de la violence conjugale. Voilà qu'il récidive avec un nouvel opus qui se déroule dans un tout autre univers qu'il connait bien pour le côtoyer depuis quelques années, celui de la médecine.
Cellules grises est l'histoire de Paul, Albert et Bruno, trois amis de longue date qui prennent leur retraite en même temps. Leur plan de profiter de la vie ne se déroulera pas du tout comme prévu. À peine revenu d'une réception visant à souligner la fin de sa carrière d'enseignant en médecine, Albert se fait larguer par sa femme. Paul, ancien urgentologue, se voit imposer le gardiennage de ses six petits-enfants, qu'il déteste. Bruno, pour sa part, se retrouve proche aidant de sa conjointe après avoir travaillé toutes ces années comme gériatre. Ensemble, ils élaborent un plan, l'«Opération cellules grises», pour se libérer de leurs chaines et retrouver leur liberté.
Écrit à la première personne, Cellules grises est constitué de courts chapitres dans lesquels les trois protagonistes se partagent la narration. Avec énormément d'humour noir et de dérision, Louis-François Dallaire explore les défis de la retraite, le vieillissement, le choc des générations et l'amitié entre hommes à travers ces personnages dont la vulnérabilité les rend à la fois attachants et authentiques.
— Extrait
Hexa (Éditions XYZ), par Gabrielle Filteau-Chiba

Une adolescente ère dans les rues bétonnées de la cité de Sainte-Foy, entourée d'un grand mur qui l'empêche d'accéder au monde extérieur. Lorsque son père lui propose d'accompagner sa mère dans le Nord, où elle travaillera comme stagiaire en reboisement, son bonheur est grand, malgré les risques du voyage. Enfin, elle pourra percer le mystère entourant les départs fréquents de sa mère pour ces terres inconnues.
Dès le premier chapitre de Hexa, Gabrielle Filteau-Chilba donne le ton avec des personnages féminins forts qui évoluent dans un décor apocalyptique. Remplies d'espoir, ces femmes plantent des arbres et se mobilisent pour que la nature, la faune et la beauté reprennent leurs droits après des décennies de dévastation. L'histoire est ici racontée selon trois points de vue, ceux de la fille, de la mère et du père, ce qui confère du rythme au récit.
Titulaire d'un baccalauréat en traduction, Gabrielle Filteau-Chilba compte plusieurs romans, poèmes et traductions à son actif. Résolument écoféministe, son œuvre lui a valu moult récompenses, notamment d'être finaliste du prix France-Québec et du Prix des libraires de France pour le roman Sauvagines.
— Extrait
La descente aux affaires (Sarrazine Éditions), par Fred Pellerin et illustré par Félix Girard

Conteur incomparable, titulaire d'un doctorat ès lettres honoris causa de l'Université Laval, Fred Pellerin nous offre une nouvelle occasion de plonger dans l'univers éclaté des personnages de Saint-Élie-de-Caxton.
La descente aux affaires est centré autour de Toussaint Brodeur, le propriétaire du magasin général. On y raconte son enfance marquée par le décès de son père et les conseils de son oncle richissisme, son mariage avec sa voisine Jeannette et l'acquisition de sa fortune. Puis vient l'inévitable: la mort. Le commerçant se rendra compte alors qu'il existe quelque chose de bien plus important que tout l'argent amassé au cours de sa vie: le temps, celui qu'il n'a pas pu emmagasiner dans son coffre-fort.
Avec l'humour, la poésie et les jeux de mots savoureux qu'on lui connaît, Fred Pellerin livre de puissantes réflexions sur la vie qui passe tel «un seul tour de manège», mais aussi sur l'avarice, l'argent et l'amour. La descente aux affaires est tiré du spectacle du même nom qu'il présente en tournée depuis le début de l'année.
La magnifique couverture du livre a été illustrée par Félix Girard. Il s'agit d'une seconde collaboration entre le conteur et cet ancien étudiant en architecture, à qui on doit la pochette du DVD du spectacle De peigne et de misère.
— Extrait
Habiter en beauté: ces lieux qui nous font du bien (Éditions La Presse), par Pierre Thibault et Catherine Perrin

Après le journaliste François Cardinal dans l'essai Et si la beauté rendait heureux, c'est maintenant au tour de Catherine Perrin de s'intéresser au travail de Pierre Thibault, architecte et professeur à l'École d'architecture. Pendant un an, elle a visité divers projets d'architecture en sa compagnie.
Écrit sous forme de dialogues, Habiter en beauté dévoile l'envers du décor de nombreux lieux conçus par Pierre Thibault au fil des années. On découvre, entre autres, les rénovations de la salle Henri-Gagnon du pavillon Louis-Jacques-Casault, où Catherine Perrin a étudié la musique à une autre époque. La visite de ce pavillon et de l'École d'architecture, située au Vieux Séminaire, les amène à discuter du respect du patrimoine et du legs des communautés religieuses. Le livre nous transporte aussi à Paris, où une exposition souligne le travail de Pierre Thibault, ce qui permet au duo de visiter d'autres exemples d'architecture réussie. À travers tous ces lieux conçus à échelle humaine, Pierre Thibault et Catherine Perrin partagent leurs réflexions sur l'architecture au service du bien commun et des enjeux environnementaux.
— Extrait
Le Nouveau-Sillery (Éditions GID), par Nicole Dorion-Poussart

Le territoire de Sillery offre de magnifiques espaces verts, un patrimoine naturel qu'il faut protéger du développement immobilier. C'est la pensée qui nous frappe à la lecture de Le Nouveau-Sillery. Histoire – Architecture – Nature.
Plus qu'un livre sur l'histoire de Sillery, cet essai abondamment documenté est une véritable ode à la nature en milieu urbain. Son titre fait référence au livre d'André Bernier, Le Vieux-Sillery, qui portait sur les Grands domaines jardiniers aménagés au 19e siècle par les barons du bois. Avec cet ouvrage, Nicole Dorion-Poussart propose une réflexion sur la transformation que ces sites ont connue au fil du temps.
De tous les domaines créés à l'époque, seuls deux ont survécu: Cataraqui et Spencer Wood (devenu Bois-de-Coulonge), auxquels s'ajoutent des parcs, boisées et autres lieux qui allient nature et œuvres d'art public. De la croissance démographique à l'industrialisation, en passant par la création de quartiers résidentiels, l'autrice décortique les facteurs à l'origine de l'urbanisation des grands domaines et revient sur l'histoire et les particularités des espaces verts qui subsistent, le tout avec de nombreuses photos et images d'archives.
Titulaire d'une maîtrise en histoire, Nicole Dorion-Poussart contribue activement à la mise en valeur du patrimoine de Sillery. Celle qui est membre de la Société d'histoire de Sillery a aussi publié Voyage aux sources d'un pays. Sillery, Québec en 2007.
— Extrait
Chambres fortes (Hamac), collectif sous la direction de Valérie Forgues

Près d'un siècle s'est écoulé depuis la publication d'Une chambre à soi (A Room of One's Own), un livre à mi-chemin entre l'essai, l'autobiographie et le roman dans lequel Virginia Woolf livrait ses réflexions sur les réalités et obstacles de la création littéraire au féminin. Preuve de la pertinence de son propos, 11 autrices se sont inspirées de cet ouvrage pour faire le point sur leur propre situation.
Par le prisme de la poésie, de la nouvelle, de l'essai ou d'une lettre destinée à Virginia Woolf, elles répondent à cette question: à quoi ressemblent ces lieux où l'on peut se réfugier pour écrire? Tantôt avec un brin d'humour, tantôt avec une sincérité désarmante, elles abordent les thèmes de la maternité, du silence, de la liberté financière, de l'isolement, du chaos et tous ces autres aspects de leur vie qui ont un impact sur la création.
Titulaire d'une maîtrise en études littéraires, Valérie Forgues a fait appel à Virginie Chaloux-Gendron et Marie St-Hilaire-Tremblay, toutes deux issues de ce programme, ainsi qu'à Fanie Demeule, Sarah Desrosiers, Stéphanie Filion, Madioula Kébé-Kamara, Julia Kerninon, Annie Lafleur, Andrée Levesque Sioui et Chantal Nadeau.
— Extrait de l'avant-propos
Indémaillables (Hamac), par Suzanne Mercier

Une femme accompagne sa mère aphasique et en perte d'autonomie dans un centre d'hébergement. Chaque jour, elle lui rend visite, prend soin d'elle, tente d'adoucir son quotidien. Histoire à deux voix, Indémaillables alterne entre les pensées de ces protagonistes contraintes aux silences et aux non-dits. À tour de rôle, elles révèlent leur passé et reviennent sur les moments marquants de leur relation.
Avec son écriture juste et sensible, Suzanne Mercier donne vie à des personnages attachants et profondément humains. Par la bande, elle aborde diverses facettes de l'histoire du Québec, de l'époque de la Seconde Guerre mondiale à aujourd'hui, que ce soit la perte de popularité de l'Église catholique, l'effondrement de la société patriarcale, l'industrialisation ou encore l'arrivée de la malbouffe.
Indémaillables est le second roman de Suzanne Mercier après L'omission, qu'elle a écrit lors de ses études en création littéraire. Avant de se tourner vers l'écriture, cette diplômée en enseignement du français au secondaire a enseigné à des immigrants pendant plus de 30 ans.
— Extrait
Femme de Vitruve (Leméac), par Sara Lazzaroni

Simone et Nora ont un boulot pour le moins particulier. Chaque jour, elles se promènent dans des lieux publics pour faire secrètement la promotion de biens de consommation, que ce soit des vêtements qu'elles portent, un magazine, un jus ou des croustilles. Leur horaire, réglé au millimètre près par une agence spécialisée en lancement de nouveaux produits, leur laisse bien peu de liberté.
À travers cette histoire, Sara Lazzaroni aborde le thème de l'omniprésence de la publicité dans nos vies. Avec une écriture percutante et efficace, elle grossit le trait pour dénoncer aussi l'image de la femme véhiculée par cette industrie, la dépendance aux technologies et le transhumanisme.
Femme de Vitruve est le cinquième roman de Sara Lazzaroni. Celle qui a étudié au baccalauréat en anthropologie tout en faisant ses débuts comme auteure a notamment été finaliste du Prix de la création littéraire de la ville de Québec.
— Extrait
Ramène-moi un ramen! (Saint-Jean Éditeur), par Hubert Cormier

Parcourir ce livre, ça donne faim. Hubert Cormier, titulaire d'un doctorat en nutrition, propose plus de 85 recettes inventives et économiques pour concocter ses propres ramens, ce plat qui se taille une place de choix chez les cuisinomanes.
L'ouvrage, décrit comme «le premier livre québécois sur le sujet», contient des trucs de préparation, des ingrédients essentiels à avoir et même des conseils sur l'utilisation des baguettes. Superbement illustré, il regroupe aussi des faits intéressants et parfois étonnants sur l'histoire du ramen. On y apprend, entre autres, que ce plat, souvent associé au Japon, est en fait originaire de la Chine, où il fait partie des traditions culinaires depuis le 15e siècle. Aussi, on doit le populaire bouillon tonkotsu à une erreur commise en 1947 par un restaurateur ayant oublié son bouillon sur le feu.
Auteur de plusieurs livres à succès, Hubert Cormier a fait de la vulgarisation de la nutrition son cheval de bataille. En plus de donner régulièrement des conférences et de signer des chroniques pour différents médias, il est le fondateur du site Web Bon pour toi. Il est aussi très actif sur les réseaux sociaux, où il partage recettes et informations sur la nutrition.
— Extrait
Les choses de la lumière (Marchand de feuilles), par Maude Veilleux

Bachelière en études littéraires, Maude Veilleux est de celles qui contribuent activement à l'effervescence de la poésie. Afin de souligner ses 10 ans de carrière, les éditions Marchand de feuilles publient cette superbe anthologie qui réunit 48 poèmes inédits et 3 recueils parus initialement aux Éditions de l'Écrou.
Les fidèles lecteurs de Maude Veilleux reconnaîtront ses thèmes de prédilection (la mondialisation, le capitalisme, les origines, l'ennui, la détresse, la colère, la revendication, la collectivité), mais surtout son style cru où abondent les anglicismes, le franglais et les expressions colorées. Les poèmes, à la fois denses et rythmés, nous plongent dans l'univers de cette autrice originaire de la Beauce, cette région «belle, mais où les maisons sont en plastique».
— Extrait
L'éveil des érables (Hurtubise), par Marie-Christine Chartier

Avec plusieurs milliers d'exemplaires vendus, on peut supposer que la suite du roman Le sommeil des loutres était fort attendue. Marie-Christine Chartier nous ramène dans l'univers de Jake et Émilie, un couple désormais séparé. L'une termine ses études en médecine, l'autre se taille une place dans le milieu du cinéma. Chacun a dû faire le deuil de leur rupture. Un soir, ils se recroisent par hasard. S'accorderont-ils une deuxième chance?
L'éveil des érables repend la même formule que le précédent roman, soit une écriture à la première personne et des chapitres courts dans lesquels alternent les pensées des personnages. À travers cette histoire, Marie-Christine Chartier aborde des thèmes comme les non-dits, le rapport à l'argent, l'arrivée sur le marché du travail et les tensions qui peuvent ternir une relation.
Détentrice d'une maîtrise en psychopédagogie, Marie-Christine Chartier s'est lancée dans l'écriture pour se changer les idées durant ses études. On lui doit aujourd'hui cinq romans chez Hurtubise, qui ont obtenu un franc succès.
— Extrait
Super canon! Le marchand d'armes qui visait les étoiles (Casterman), par Philippe Girard

Gerald Vincent Bull a eu une vie tout sauf ordinaire. Le bédéiste Philippe Girard s'est inspiré de cet ingénieur canadien controversé qui a révolutionné la balistique moderne.
De son adoption par une tante fortunée à son assassinat en 1990, en passant par ses multiples inventions, ses collaborations avec des régimes parfois douteux et son séjour en prison, tout est raconté avec énormément de rythme. Philippe Girard ne se contente pas de relater les moments clés de la vie du personnage; il insuffle à son récit une bonne dose de poésie et de scènes fantaisistes, comme celles où apparaît en songe Jules Verne, à qui Bull vouait une véritable passion.
Ancien étudiant en communication graphique, Philippe Girard se taille de plus en plus une place dans le milieu de la BD de l'autre côté de l'océan. Super canon! Le marchand d'armes qui visait les étoiles est le deuxième livre qu'il publie chez Casterman après Leonard Cohen: Sur un fil, consacré au célèbre poète et musicien.
— Extrait