
Du 9 au 13 avril, des milliers d'amoureux de la lecture convergeront au Centre des congrès pour l'incontournable Salon international du livre de Québec. ULaval nouvelles profite de l'occasion pour mettre en lumière dix livres publiés tout récemment par des enseignants, des membres du personnel, des étudiants ou des diplômés de l'Université Laval.
En ces territoires, nos pas divergent (L'instant même), collectif dirigé par Pierre-Luc Gagné et Sophie-Anne Landry

Tous deux employés en gestion des études à la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique, Pierre-Luc Gagné et Sophie-Anne Landry ne sont pas que des collègues dans le milieu universitaire. Ayant chacun une pratique littéraire très féconde, ils ont fait appel à 9 autres auteurs pour participer à un projet collectif joliment intitulé En ces territoires, nos pas divergent.
Chaque texte, très bref, nous plonge dans un univers fascinant sur le thème de la fuite. Qu'il soit géographique, identitaire ou émotionnel, le déracinement est exploré dans ses différentes ramifications. Outre la diversité des angles, on note une grande pluralité de genres littéraires, allant de la poésie à la nouvelle, en passant par l'autofiction et le récit.
Citons entre autres le texte autobiographique de la chargée de cours en création littéraire Anne Peyrouse, qui a émigré de la France, ou encore ceux de Mattia Scarpulla, une histoire qui raconte la disparition mystérieuse d'une sœur, de Pier Courville, troublant récit d'une mère en quête de liberté, et de Sylvie Nicolas, hommage à un poète disparu.
— Extrait du livre (Anne Peyrouse)
L'énigmatique Monsieur Poulin (Druide), par Alain Beaulieu

Écrivain prolifique, Alain Beaulieu est professeur de création littéraire à la Faculté des lettres et des sciences humaines. Après plusieurs romans qui ont remporté un franc succès, dont Le refuge, lauréat du Prix France-Québec, il renoue avec la littérature jeunesse, un genre qu'il avait exploré en 2002 avec Le solo d'André, une œuvre qui est encore lue dans les écoles aujourd'hui, et la tout aussi populaire série Jade et Jonas, Prix littéraire Ville de Québec – Salon international du livre de Québec.
L'énigmatique Monsieur Poulin met en scène un écrivain de littérature jeunesse qui se retrouve dans la rue, ses enfants ayant vendu sa maison sans son consentement. Charles, un garçon de 12 ans qui le croise souvent dans le quartier, décide de lui venir en aide. Avec sa mère, une admiratrice de l'écrivain, il lui propose de l'héberger. Mais se pourrait-il que Monsieur Poulin ait menti sur sa situation?
Avec ce roman, Alain Beaulieu propose une histoire pleine de rebondissements. Écrit au «je», ce récit nous place dans la peau du jeune Charles, qui découvrira le pot aux roses sur les activités de Monsieur Poulin. Composée de courts chapitres faciles à lire, cette histoire amènera les enfants à réfléchir sur les thèmes du mensonge, de la compassion et du pardon.
— Extrait du livre
Nuits et jours avant la fin (L'instant même), par Marielle Giguère

«Dans sept jours, Martin va tuer sa femme, Véronique, et sa fille, Emma. Un voisin sous le choc dira à un journaliste: "C'était un gars comme tout le monde."»
Ainsi débute Nuits et jours avant la fin, un roman qui raconte la dérive de Martin, un père, mari et entrepreneur apparemment comblé, qui en vient à commettre l'irréparable. Plusieurs personnages secondaires se greffent à ce récit au rythme haletant. En utilisant comme toile de fond de réelles tragédies comme le séisme en Haïti, la disparition des sœurs Carpentier à Saint-Apollinaire et l'attentat de la mosquée de Québec, tout en faisant fi de la chronologie des événements, l'autrice place ces personnages dans un monde oppressant où les malheurs s'accumulent.
Nuits et jours avant la fin est le troisième roman de Marielle Giguère après le tout aussi bouleversant Ci-gît Margot, paru en 2020. Celle qui a étudié en littérature à l'Université Laval et à l'Université McGill a aussi publié Deux semaines encore en 2019.
— Extrait
Transformer ses ruines en ombre à paupières en dix étapes faciles (Hamac), par Catherine Côté

Si vous avez déjà pleuré dans votre lit, acheté de la crème antiride ou hésité entre acheter un nouveau divan et aller vendre des crêpes au Mexique, c'est que vous vivez une crise existentielle. Du moins, selon Transformer ses ruines en ombre à paupières en dix étapes faciles, un recueil qui fait un pied de nez humoristique à tous ces livres de croissance personnelle qui pullulent sur le marché.
Mêlant la poésie avec une bonne dose d'ironie et d'autodérision, Catherine Côté livre ses états d'âme sur sa vie, ses angoisses, ses rêves de jeunesse inaboutis. Derrière l'humour et les phrases parfois crues se cachent des réflexions profondes. La croissance personnelle, la quête identitaire, la recherche de l'authenticité, l'anxiété de performance, le féminisme et la dépression sont autant de thèmes abordés dans ce «(faux) guide de survie pour votre crise du quart de vie».
Détentrice d'un baccalauréat en arts littéraires de l'Université Laval et du Conservatoire d'art dramatique de Québec, Catherine Côté est comédienne, metteuse en scène et autrice. Depuis 10 ans, on lui doit plus d'une vingtaine de productions. En février dernier, Transformer ses ruines en ombre à paupières en dix étapes faciles a été adapté pour la scène au théâtre Périscope.
— Extrait
Dictionnaire du chilleur (Le Robert Québec), par Jérôme 50

«Jai ace mon examen de conduite.» «Il s'est acheté un do-rag.» «Pourquoi tu waste ton mun?» En tant que parents, vous avez l'impression parfois que vos ados ne parlent pas la même langue que vous? Voici un ouvrage qui pourrait vous aider à mieux les comprendre. L'auteur-compositeur-interprète Jérôme Charrette-Pépin, mieux connu sous son pseudonyme Jérôme 50, propose le premier dictionnaire consacré au parler des jeunes Québécois francophones.
Cet étudiant en linguistique, qui a travaillé sur le Dictionnaire du français québécois avec l'équipe de recherche du Trésor de la langue française au Québec, a développé une réelle passion pour la langue créative et colorée des jeunes. Calepin en main, il a déambulé dans les parcs, les rues et autres lieux publics où ils se trouvent pour répertorier leurs expressions. Il a aussi décortiqué les paroles de près de 1000 chansons et plus de 150 épisodes d'une populaire série de téléréalité.
Plusieurs mots présentés dans ce dictionnaire de 444 pages empruntent à d'autres langues, que ce soit l'anglais, l'arabe ou le créole haïtien. Si certaines expressions font sourire ou peuvent choquer, elles démontrent surtout que la langue parlée par les jeunes, bien vivante, se situe à des années-lumière de celle de leurs aïeuls. De quoi alimenter la réflexion sur l'avenir du français et le patrimoine linguistique du Québec.
— Extrait
Tout ce qui déborde (Boréal), par Jean-François Aubé

Son premier roman, La mort d'un commis de dépanneur, ayant remporté un beau succès en 2020, plusieurs avaient hâte de découvrir le prochain projet littéraire de Jean-François Aubé. Celui qui a étudié en cinéma, philosophie, histoire et psychologie se tourne maintenant vers le public jeunesse avec une œuvre qui aborde le thème de l'adolescence, cette période charnière où se construit l'identité et où naît le désir sexuel.
L'histoire est celle de Nicolas, un élève de troisième secondaire qui vient d'être admis dans l'orchestre de sa nouvelle école. Alors qu'il participe à la plus prestigieuse compétition de la province, Nicolas délaisse peu à peu sa passion pour la musique pour s'intéresser davantage aux folies de ses collègues et au physique des filles qui composent l'ensemble.
On reconnaît le style et la plume nous ayant charmés dans La mort d'un commis de dépanneur, mais cette fois, Jean-François Aubé propose une incursion dans la tête d'un jeune homme taciturne qui veut faire sa place. Tantôt drôle, tantôt tragique, ce récit met en scène des personnages attachants qui naviguent dans un monde complexe et chargé d'émotions, celui de la puberté. Pour les «lecteurs avertis de 14 ans et plus», prévient la maison d'édition.
— Extrait
Je voudrais tant croire que tout finira bien (Leméac), par Jean-Paul Beaumier

Le thème des relations amoureuses et familiales en temps de pandémie est une source intarissable d'histoires, comme en témoigne ce recueil de nouvelles. Que ce soit le confinement, les restrictions sanitaires ou encore les campagnes de vaccination, Jean-Paul Beaumier se sert de la crise de la COVID-19 comme toile de fond.
Un itinérant, logé au Château Frontenac grâce à une initiative des autorités pour limiter les risques de propagation du virus, repense à son ancienne flamme et aux raisons qui l'ont conduit à la rue. Une jeune professionnelle en télétravail attend une réunion qui tarde à commencer. Un veuf profite de la réouverture des frontières pour renouer avec son fils à Bruxelles… Chaque récit, très bref, est teinté d'une certaine mélancolie, mais surtout de la grande sensibilité de l'auteur. Le titre du recueil, inspiré d'une citation de l'écrivain français Jean-Paul Dubois, avertit le lecteur de ne pas s'attendre à des dénouements particulièrement heureux.
Titulaire d'un baccalauréat en études françaises, Jean-Paul Beaumier a publié plusieurs recueils de nouvelles et un récit, en plus d'avoir participé à des collectifs.
— Extrait
Passion Japon (Éditions Somme toute), par Valérie Harvey

Voici un livre qui donne envie de faire ses bagages et partir à la découverte du pays du Soleil-Levant. Docteure en sociologie ayant fait sa maîtrise et sa thèse sur le Japon, Valérie Harvey partage ses observations sur la société, les arts, la langue, la nourriture, les traditions, les fêtes et plusieurs autres aspects de ce beau pays.
D'une page à l'autre, on sent tout l'amour qu'elle porte pour cette région du monde où elle a effectué 6 séjours, dont un de 3 ans à Kyoto. Une partie du livre est consacrée à la découverte des mangas, cet art omniprésent au Japon qu'elle enseigne aujourd'hui à l'Université du Québec en Outaouais.
Outre Passion Japon, Valérie Harvey a écrit des romans inspirés du Japon, dont L'Ombre du Shinobi, finaliste aux Prix de création littéraire de la Ville de Québec. Elle a aussi traduit Nous sommes tous différents et nous sommes tous beaux, de la poétesse pour enfants Misuzu Kaneko.
— Extrait
Le piège du monde (Boréal), par Raphaël Arteau McNeil

Chargé de cours à la Faculté de philosophie, Raphaël Arteau McNeil a créé le Certificat sur les œuvres marquantes de la culture occidentale. Dans cet essai, il propose des réflexions inspirées d'œuvres littéraires, philosophiques et cinématographiques qui l'ont marqué depuis son enfance.
Ici, la pensée de Marx, Nietzsche et Montaigne côtoie le film Fight Club et les romans de Virginia Woolf, Bret Easton Ellis, Michel Houellebecq et Hiroko Oyamada. À travers ces philosophes et ces œuvres fort variées, l'auteur explore des thèmes comme le travail, l'éducation, la violence et le consentement sexuel.
Nul besoin d'être un féru de philosophie, et encore moins de connaître les œuvres citées, pour apprécier le propos du livre. Avec son écriture accessible et ses nombreuses anecdotes, Raphaël Arteau McNeil propose des réflexions intéressantes (des «romans à épines», pour reprendre son expression) sur la condition humaine. Le tout se conclut par un hommage au travail de l'essayiste François Ricard, décédé en 2022. Par ce texte, publié d'abord dans la revue L'Atelier du roman, Raphaël Arteau McNeil reconnaît sa dette envers celui qui fut son maître.
— Extrait
Toronto jamais bleue (Leméac), par Marie-Hélène Larochelle

Le ciel gris de Toronto offre peu d'espoir de jours meilleurs dans ce roman. Pauvreté, itinérance, prostitution, drogues, violence, alcoolisme… on y découvre la dure réalité de la rue, là où des femmes itinérantes et des prostituées vivent en marge de la société.
En croisant le parcours de 6 protagonistes auxquels se greffent des personnages masculins sans nom, Marie-Hélène Larochelle aborde les réalités de tous celles et ceux qui sont confinés dans des abris de fortune, des refuges ou des appartements partagés à plusieurs. Un roman qui résonne alors que Toronto, à l'instar d'autres villes canadiennes, fait face à une pénurie de logements et à plusieurs crises sociales.
Écrit avec une plume pour le moins incisive, Toronto jamais bleue a valu à Marie-Hélène Larochelle le tout premier prix littéraire Janette-Bertrand. Celle qui enseigne la littérature à l'Université de York a aussi publié Je suis le courant de la vase, finaliste au prix littéraire Trillium, Daniil et Vanya, ainsi que des ouvrages savants.
— Extrait