
Les vins et les fromages sont les deux principaux produits du terroir qui attirent les touristes.
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Du maïs sucré de Neuville à la fraise de l'île d'Orléans, en passant par l'agneau de Charlevoix et l'acérum du Québec, plusieurs produits agricoles sont intimement liés à des portions, plus ou moins circonscrites, du territoire québécois. Ces produits qui font saliver incitent aussi de plus en plus de Québécoises et Québécois à faire de courtes escapades dans les régions qui les produisent. Selon une étude financée par l'Association de l'agrotourisme et du tourisme gourmand du Québec, ce type de tourisme a généré, en 2021, près de 13 000 emplois directs et 178,2 M$ en retombées économiques directes.
«On parle de tourisme gourmand quand on utilise des produits du terroir comme produits d'appel pour une expérience touristique», explique Ronaldo Tavares De Souza, qui a soutenu la thèse Tourisme gourmand et terroir au Québec: analyse de la construction du terroir et de l'influence de l'expérience de consommation sur l'attractivité touristique.
«Les produits du terroir possèdent des caractéristiques spécifiques liées à leur environnement pédoclimatique et culturel. C'est pourquoi ils sont si associés à leur territoire d'origine», précise le chercheur, qui s'est particulièrement intéressé à la construction de l'image de la production agroalimentaire en tant qu'attrait touristique dans deux régions précises, Charlevoix et les Cantons-de-l'Est.
Deux régions gourmandes, deux types d'agrotourismes
Selon le chercheur, les Cantons-de-l'Est et Charlevoix présentent des profils alimentaires plutôt différents.
La première région, dont le profil est dit spécialisé, est particulièrement reconnue pour ses vins et ses fromages. Ces deux types de produits se trouvent au cœur des communications des organismes de tourisme de la région, de Lac-Mégantic à Sherbrooke, et sont clairement mis de l'avant dans la promotion de la destination. D'ailleurs, une route des vins ainsi que les Têtes fromagères, un circuit agrotouristique des fromageries, invitent les touristes à visiter directement les producteurs locaux.
— Ronaldo Tavares De Souza
Le profil de Charlevoix, quant à lui, est qualifié de généraliste. La région ne mise pas sur un produit en particulier, mais fait la promotion de ses productions agroalimentaires de façon globale. Cela a pour effet de donner une place plus large aux chefs cuisiniers dans la valorisation des produits du terroir.
— Ronaldo Tavares De Souza

La rue Saint-Jean-Baptiste à Baie-Saint-Paul est bordée de commerces et de restaurants qui mettent en valeur les produits du terroir de la région de Charlevoix.
Fromages et vins, les produits préférés des escapades gourmandes
Le spécialiste de la valorisation des produits agroalimentaires Ronaldo Tavares De Souza a d'abord fait un mémoire sur les réseaux des paniers bio au Brésil, son pays d'origine. Avant d'arriver ici pour ses études doctorales, il ne connaissait qu'un seul produit du terroir québécois: le sirop d'érable.
«J'ai tout d'abord été étonné de voir que le sirop d'érable, très enraciné dans la culture d'ici, n'est pas un produit particulièrement mis de l'avant dans le tourisme gourmand. Je me suis vite rendu compte qu'il y a deux produits qui attirent davantage les visiteurs: les fromages et les vins», indique le chercheur, qui souligne que, proportionnellement à la France, la production et la variété des fromages au Québec sont particulièrement riches.
Le chercheur a également eu le loisir de découvrir tous ces autres produits du terroir, auxquels il s'est moins attardé dans sa thèse en raison de leur moindre importance pour le tourisme. «Ce qui fait la beauté d'un produit du terroir, affirme-t-il, c'est vraiment sa relation avec le territoire de production, sa spécificité. C'est vraiment intéressant l'emploi des levures sauvages dans les spiritueux québécois ou celui des petits fruits locaux, comme la camerise, dans certaines bières de microbrasserie.»
Associer les produits aux paysages
Selon Ronaldo Tavares De Souza, pour faire la promotion du tourisme gourmand, les producteurs agroalimentaires et les offices de tourisme auraient avantage à créer plus de liens forts et évocateurs entre les produits du terroir et les splendeurs naturelles de la province.
«Pour mieux promouvoir le tourisme agroalimentaire, je conseillerais d'associer les produits plus étroitement à des sites marquants du paysage: des montagnes, des fjords, des îles, des rivières, le fleuve… Toutes ces choses qui traditionnellement sont des attraits touristiques. C'est vraiment avantageux de tirer profit du paysage dans la mise en valeur des produits du terroir», conclut-il.

Associer paysage et produit du terroir est une bonne façon de promouvoir le tourisme gourmand. Ici, on voit l'abbaye de Saint-Benoît-du-Lac, qui produit fromages, cidres, compotes et tartinades, près du lac Memphrémagog et du mont Owl’s Head.
— Getty Images / Stéphane Lemire