
Pour IQ, qui arrivait de Miami, c'était un premier passage sur la scène du Théâtre de la Cité universitaire.
— Yan Doublet - Université Laval
Voilà deux lettres bien connues des afficionados de rock néo-progressif. IQ, groupe originaire de Southampton, en Angleterre, roule sa bosse depuis bientôt 45 ans. On lui doit une vingtaine d'albums, dont les plébiscités Subterranea et The Road of Bones, sacré meilleur disque de rock progressif de l'année 2014 par plusieurs critiques et médias spécialisés.
Le 11 avril, le quintette était au Théâtre de la Cité universitaire (TCU) de l'Université Laval pour revisiter son répertoire et présenter des extraits de son tout nouvel opus, Dominion. En entrevue avec ULaval nouvelles avant le concert, le chanteur Peter Nicholls s'est dit ravi d'être au Québec avant de poursuivre la tournée en Europe. «Notre dernière visite remontait à 2018, avant la sortie de Resistance. Le public avait été tellement chaleureux et enthousiaste. Nous avions hâte de revenir.»
Dès les premières secondes du concert, le groupe a établi une atmosphère à la fois sombre et mystérieuse. Des images oniriques étaient projetées sur trois écrans, créant un décor qui correspond bien à l'esthétique de ses albums.
Les spectateurs ont retrouvé tous les ingrédients qui font le succès du groupe, longtemps associé au son de Genesis: des pièces s'étendant sur plusieurs minutes, des arrangements soignés, des compositions complexes et la performance théâtrale de Peter Nicholls, qui s'est adressé au public en français à plusieurs reprises.
«Pour moi, un spectacle, ce n'est pas seulement la musique, a expliqué le guitariste Mike Holmes. Ça commence dès que les gens entrent dans la salle, avec le système de projections. Toute cette mise en scène est essentielle, puisqu'elle installe une ambiance. On ne veut pas seulement être sur scène et jouer de la musique; nous voulons offrir une expérience.»
À la fin, au rappel, le concert a pris une tournure un brin politique lorsque les musiciens sont apparus sur scène vêtus de gilets arborant l'inscription Canada is Not For Sale, un clin d'œil aux visées expansionnistes d'un certain président. «En venant au Canada, on ne peut pas ignorer cette situation. Elle fait désormais partie de vos vies. La perception du voisin, la manière de consommer: beaucoup de choses ont changé. On voulait simplement montrer notre soutien», a confié Mike Holmes à ce sujet.

Mike Holmes et Peter Nicholls
— Yan Doublet - Université Laval
Un album longuement mûri
Par rapport à ce nouvel album, Dominion, il aura fallu attendre 6 ans avant que IQ ne revienne avec du matériel inédit. Un long silence attribuable en partie à la pandémie, qui a paralysé l'industrie musicale, mais surtout à la volonté du groupe de prendre du recul sur sa démarche créative afin de livrer un album dont chaque morceau soit pleinement abouti et fidèle à ses exigences artistiques.
«On pourrait sortir un nouveau disque tous les 18 mois, mais on sait que le temps compte. Cette tournée comprend de nombreux concerts, et l’accueil très positif réservé à Dominion nous a vraiment donné confiance», a dit le chanteur, ajoutant que le public n’aura pas à attendre 6 ans pour découvrir le prochain opus.

Le Théâtre de la Cité universitaire, situé au pavillon Palasis-Prince, était bondé pour le concert de IQ.
— Yan Doublet - Université Laval
Une salle qui attire de grands noms sur le campus
Pour IQ, c'était un premier concert au TCU. Et le groupe n'a pas tari d'éloges sur la salle. «C'est génial, la scène est vraiment belle, il y a beaucoup d'espace et toutes les installations nécessaires. On n'a absolument rien à redire. Les personnes qui travaillent ici sont très sympathiques et vraiment serviables», a souligné Mike Holmes, peu après le test de son. «C'est toujours un plaisir de jouer dans un cadre de théâtre — je trouve que ça correspond bien à ce qu'on fait», a ajouté Peter Nicholls.
C'est justement ces infrastructures qui ont incité le producteur du spectacle, Jean-Louis Croteau, à choisir ce lieu, géré par la Faculté de musique. «Le TCU peut accueillir jusqu'à 620 spectateurs et comprend des équipements de sonorisation et d'éclairage de grande qualité», a dit le directeur de JLC Musik Productions, à qui on doit la venue au Québec de nombreux artistes internationaux.
Pour Sylvain Mailloux, responsable du TCU, ces infrastructures permettent à l'Université de se positionner dans le réseau des diffuseurs à Québec. «D'un point de vue technique, cette salle rivalise avec n'importe quelle autre ayant une capacité d'accueil similaire. Nous aimerions beaucoup développer davantage le créneau des groupes professionnels connus, tant du Québec qu'à l'international. Le TCU a tout le potentiel pour devenir un incontournable sur leurs tournées», affirme celui qui s'occupe de la gestion de cette salle depuis 2012.
Outre les concerts, le TCU accueille également des pièces de théâtre, des spectacles de danse, des galas, des conférences et des classes de maîtres. Le festival Québec Jazz en juin y présente ses activités musicales, tandis que le Salon international du livre de Québec y organise des rencontres avec des auteurs. Récemment, le TCU a servi de décor pour le tournage de la télésérie Marco Lachance, ajoutant une nouvelle dimension à sa vocation artistique.
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