Aucune étude scientifique n'a démontré l'efficacité à moyen terme des produits commerciaux amaigrissants en vente libre au Canada. Quant aux programmes commerciaux de perte de poids, les données probantes suggèrent qu'ils peuvent, au mieux, induire une perte de poids modeste. Voilà les conclusions auxquelles arrivent Marie-Philippe Morin, de la Faculté de médecine et du Centre de recherche de l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec, Marie-France Langlois, de l'Université de Sherbrooke, et Yoni Freedhoff, de l'Université d'Ottawa, au terme d'un exercice rigoureux qui a servi à l'élaboration d'un des chapitres des nouvelles lignes directrices d'Obésité Canada pour le traitement de l'obésité chez l'adulte.
«Ces lignes directrices sont destinées aux médecins de première ligne et à la population, signale Marie-Philippe Morin. Elles résument les connaissances actuelles sur la question et elles présentent des recommandations qui peuvent aider les médecins et leurs patients souffrant d'obésité. Les dernières lignes directrices dataient de 2007 et une mise à jour s'imposait.»
Dans un premier temps, les trois médecins ont passé en revue les études scientifiques rigoureuses portant sur des produits commerciaux en vente libre au Canada – PGX, Garcinia cambogia, extraits de thé vert, picolinate de chrome, chitosane, acide linoléique conjugué et glucomannane – et sur trois méthodes "naturelles" – l'acupuncture, la cryolypolyse et la thérapie par vibration du corps entier. Aucune étude scientifique n'a démontré l'efficacité de ces produits ou interventions pour induire une perte de poids durable pouvant avoir une incidence sur les paramètres de santé métabolique des utilisateurs. Les médecins ne devraient donc pas les recommander à leurs patients, estiment-elles.
Les trois médecins ont répété le même exercice pour les programmes amaigrissants: WW (auparavant Weight Watchers), Jenny Craig, Nutrisystem, Optifast, Curves, Ideal Protein, Slimfast, Slimming World, Overeaters Anonymous et Take Off Pounds Sensibly. Leurs conclusions? Les quatre premiers peuvent induire des pertes de poids modestes à court et à moyen terme et ils apportent une aide marginale à la régulation de la glycémie chez les personnes obèses et diabétiques. Toutefois, ils n'ont pas d'effet sur la pression artérielle ni sur le profil lipidique. «De plus, on ignore si les effets de ces programmes se maintiennent à long terme parce qu'aucune étude ne repose sur un suivi plus long que 12 mois», précise Marie-Philippe Morin.
Que faire?
Les preuves sont-elles assez convaincantes pour que les médecins recommandent l'un de ces quatre programmes à leurs patients? «Si l'objectif est d'améliorer la pression artérielle ou les lipides sanguins des patients, la réponse est non, répond la médecin spécialisée en médecine interne et en chirurgie bariatrique. Dans un monde idéal, le système de santé disposerait d'équipes formées de médecins, de nutritionnistes, de kinésiologues et de psychologues pour aider les personnes aux prises avec l'obésité, qui est maintenant considérée comme une maladie chronique, avant que leur état de santé se détériore. Comme ça n'existe pas, certains programmes commerciaux de perte de poids sont mieux que rien.»
Marie-Philippe Morin rappelle que les bons programmes amaigrissants doivent combiner nutrition, activité physique et changements de comportements. Ils doivent proposer des pertes de poids réalistes, pas plus de 1 kg par semaine, et ils doivent viser des effets à long terme. «Plus ces programmes font appel au soutien, en personne ou à distance, de professionnels de la santé, plus ils sont efficaces», précise-t-elle.
À l'inverse, elle rappelle qu'il faut se méfier des produits et des programmes qui promettent une perte de poids sans régime et sans exercice, qui vous permettent de continuer à manger tout ce que vous voulez, qui prétendent vous faire perdre du poids dans une région ciblée du corps et qui font miroiter des résultats trop beaux pour être vrais.
«La plupart des gens savent que les promesses de ces produits et programmes sont exagérées. S'ils y ont tout de même recours, c'est parce qu'aucune autre forme d'aide ou de soutien ne s'offre à eux.»