C'est pour mieux comprendre cet univers qu'il fait un doctorat en sciences des religions, sous l'encadrement du professeur Frédéric Laugrand, du Département d'anthropologie. Aussi étonnant que cela puisse paraître, c'est un projet de film sur Marie de l'Incarnation qui l'a amené à s'intéresser au sujet. Ses recherches alimenteront le contenu de ce documentaire qui portera sur la vie de la missionnaire. «Marie de l'Incarnation a écrit plusieurs lettres qui racontent les rituels autochtones. En relisant ces documents, je me suis aperçu qu'elle parlait des petits êtres en utilisant le mot “génie”. Il a fallu ce mot, “génie”, pour que je fasse le lien avec ce que plusieurs autochtones m'ont dit.»
Cinéaste résolument indépendant, Denis Boivin a signé des dizaines de documentaires et de films de fiction, dont plusieurs ont reçu des prix à l'étranger. Il a aussi produit des séries pour la télévision et a fondé la Coop de cinéma de Québec. D'un projet à l'autre, il aborde des sujets dont on parle peu. Déjà en 1976, son film L'âge dort, tourné alors qu'il était étudiant en cinéma, portait sur Philippe Latulippe, un adepte de la course à pied. «À l'époque, la course n'était pas du tout populaire. Il n'existait pas de marathon comme celui de Montréal ou de Boston. Philippe Latulippe passait pour un fou!», se souvient le cinéaste.
Ce désir de faire connaître des réalités méconnues, Denis Boivin l'assouvit grâce à ses films, chaque projet étant l'occasion d'apprendre et de découvrir. C'est avec la création du Réseau de télévision des peuples autochtones, en 1999, qu'il s'est tourné vers les Premières Nations. Pour cette station, il a produit et a réalisé plusieurs séries, dont cinq pour les enfants. Il a aussi fondé Prise 10, une entreprise d'économie sociale destinée aux autochtones attirés par le cinéma.
Toutes ces expériences sur le terrain nourrissent sans conteste ses recherches doctorales. «Faire une étude sur la spiritualité autochtone nécessite de tisser des liens de confiance et d'amitié dans les communautés. Il faut suivre le protocole de recherche de l'Université Laval tout en prenant son temps et en faisant preuve d'un respect immense pour leurs croyances. Mon parcours de réalisateur m'a amené à rencontrer plusieurs personnes, qui m'ont raconté et m'ont expliqué une foule de choses, ce qui m'aide aujourd'hui à faire avancer mon projet de doctorat», conclut-il.
Depuis la création du Réseau de télévision des peuples autochtones à la fin des années 90, Denis Boivin a tourné à de nombreuses reprises dans diverses communautés autochtones à travers le Canada.
Photo: Hans Cambell