Deux ateliers ont ainsi investi le parvis de l'église Saint-Roch, profitant de la cabane à sucre organisée le 10 avril à l'initiative de la Table de quartier l'Engrenage. Un des kiosques mettait les légumes en vedette.
Photo : Nicola-Frank Vachon
Le jardin urbain bâti par les quatre étudiants abritait les pousses nées de retailles de légumes, qu'il s'agisse de céleris, d'oignons verts ou de poireaux. «C'est une façon de montrer aux gens qu'ils peuvent produire leur propre nourriture et peut-être s'impliquer dans un jardin, souligne Camille Gagnon. Personnellement, j'ai trouvé ce travail valorisant, car cela montre que les designers peuvent être utiles dans la société.»
Bien décidée à impliquer ses étudiantes dans la vie du quartier où se situe l'École de design, Maude Bouchard a invité des organismes communautaires de Saint-Roch à s'associer à leur projet axé sur la sécurité alimentaire. Les équipes ont ainsi pu rencontrer des citoyens des environs, qui leur ont expliqué les difficultés qu'ils rencontrent à boucler leurs fins de mois et à disposer d'une nourriture saine. Un choc pour certaines étudiantes, qui n'avaient pas conscience d'une telle détresse dans le quartier. «En plus de les écouter, on a décidé d'aller faire du bénévolat au Café rencontre du Centre-ville, explique Viviane Samson. Ce sont les clients les plus gentils et les plus reconnaissants que j'ai rencontrés, moi qui travaille dans un restaurant!»
De son côté, la jeune fille a monté un kiosque au Marché Richelieu de Sillery, avec deux autres étudiantes. Leurs panneaux informaient les clients sur l'insécurité alimentaire à laquelle doivent faire face un nombre important de Québécois. Des guides posés au sol et sur les tablettes les invitaient ensuite à acheter les ingrédients nécessaires pour concocter une recette de pâtes au poulet. L'équipe va ensuite préparer ce plat dans une cuisine collective de Saint-Roch, avant de le partager avec des habitants du quartier.
«Il faut bien comprendre que les étudiantes restent des designers graphiques et qu'il ne s'agit pas d'un travail social, souligne la professeure Maude Bouchard. Le but, c'est de permettre au graphiste de bien comprendre la réalité des personnes confrontées à l'insécurité alimentaire et de bâtir du matériel pour faire passer le message.» Voilà pourquoi une équipe a mis en place un atelier basé sur le repas idéal dont les citoyens aimeraient garnir leur assiette.
Photo : Nicola-Frank Vachon
Les participants à la cabane à sucre sur le parvis de l'église Saint-Roch disposaient donc d'étampes, de crayons et de feutres pour imaginer leur mets favori et le coller sur de grands panneaux de carton.
Sandy Gingras, une étudiante de troisième année en design qui habite non loin du parvis de l'église Saint-Roch, a choisi avec son équipe de donner une nouvelle visibilité au frigo communautaire, installé en face de l'église. «Je constate qu'il manque souvent de nourriture, explique la jeune fille. Avec les autres étudiantes, on a donc conçu des sacs en papier et des affiches, pour permettre aux clients des restaurants des alentours de venir y déposer leurs restes de table. Nous mettons aussi en place une signalisation au sol pour guider les passants vers le frigo.» Une autre façon de montrer graphiquement qu'il suffit de quelques gestes simples pour rapprocher des citoyens qui s'ignorent trop souvent en se croisant.