
Le Nouvel Ensemble moderne est l’un des plus grands promoteurs de la musique contemporaine à travers le monde. À ce jour, plus de 185 œuvres ont été composées pour cette organisation.
— Alain Beauchesne
On leur doit des concerts dans des lieux publics, des spectacles multidisciplinaires où se mêlent vidéo, danse et autres formes d’art, des opéras, des ateliers de composition, des concours, des festivals. La Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ), les Événements du Neuf, l’Ensemble contemporain de Montréal (ECM+) et le Nouvel Ensemble moderne (NEM) n’ont plus besoin de présentation.
«Ces quatre organismes ont joué un rôle décisif dans le milieu de la musique contemporaine au Québec. Ils ont permis de structurer la création musicale pendant ses premières années, particulièrement pour la SMCQ, qui a joué un rôle de pionnier. Comment soutenir les musiciens et les compositeurs? Vers quel type de diffusion se tourner? Comment organiser les concerts? Tout était à faire», relate Ariane Couture.
Conseillère en développement de la recherche au Vice-rectorat à la recherche, à la création et à l’innovation, elle voit le résultat de sa thèse sur la musique contemporaine publié aux Presses de l’Université Laval. La création musicale à Montréal de 1966 à 2006 vue par ses institutions invite à réfléchir au rôle que les quatre organismes ont joué dans la création et la diffusion de la musique au Québec. Si l’ouvrage est destiné d’abord aux musicologues, musiciens, compositeurs et autres professionnels du milieu, il intéressera aussi les mélomanes et quiconque curieux d’en savoir plus sur le sujet.
Elle-même pianiste et grande amatrice de musique contemporaine, Ariane Couture a remarqué que peu d’études approfondies portaient sur ce répertoire, l’information se trouvant surtout dans des fonds d’archives privés. Pour sa thèse, elle a analysé les programmes de 515 concerts donnés à Montréal par la SMCQ, les Événements du Neuf, ECM+ et le NEM. Des entrevues avec les principaux acteurs et une revue de presse détaillée lui ont permis de situer les concerts par rapport au développement des organismes et à la réception des œuvres par les critiques musicaux.
Après une époque où la musique contemporaine était surtout l’affaire d’initiés, Ariane Couture constate un rapprochement avec le grand public ces dernières années. «La musique contemporaine se décloisonne de plus en plus. Le festival Montréal/Nouvelles Musiques et des concerts-hommages à des compositeurs sont des occasions pour le grand public de participer à la fête et de découvrir cette musique. De plus, ces œuvres ne sont plus jouées uniquement par des organismes de musique contemporaine. De grands ensembles comme l’Orchestre symphonique de Montréal ou l’Orchestre Métropolitain font désormais partie de l’équation.»
Optimiste par rapport à l’avenir de la musique contemporaine, la chercheuse n’en demeure pas moins critique. «Il reste beaucoup de lieux à investir pour faire connaître cette musique auprès du grand public. Entre autres, il n’y a plus d’émission de radio à Radio-Canada consacrée à la création contemporaine. Il pourrait aussi y avoir plus d’articles et de critiques musicales sur les concerts.»
À son tour de conseiller les chercheurs
Diplômée de l’Université de Montréal, Ariane Couture est très active dans le milieu de la musique, notamment comme rédactrice en chef francophone d’Intersections: revue canadienne de musique. Elle est aussi présidente du conseil d’administration de l’organisme E27 musiques nouvelles.
Le fait qu’elle ait effectué des recherches doctorales en musique nourrit sans conteste son travail auprès des chercheurs à l’Université Laval. «Quand je suis entrée en poste comme conseillère en développement de la recherche, j’ai constaté à quel point les mêmes concepts, théories et méthodes pouvaient s’appliquer dans toutes sortes de disciplines. Le fait d’avoir une démarche de recherche en musique m’aide à conseiller les professeurs sur les meilleures façons de trouver du financement pour leurs projets de recherche. Ils sont évidemment spécialistes de leurs sujets, mais je me sens habilitée à faire des recommandations sur les méthodes à utiliser pour s’assurer de présenter (aux organismes subventionnaires) les meilleurs projets en démontrant leur faisabilité et leur pertinence à la fois scientifique, sociale et économique.»
La création musicale à Montréal de 1966 à 2006 vue par ses institutions sera lancé le 14 février à la salle Henri-Gagnon du pavillon Louis-Jacques-Casault dans le cadre du Colloquium des études supérieures. L’ouvrage figure dans la nouvelle collection Recherches en musique, dirigée par la professeure Sophie Stévance.