Pourquoi ne pas profiter du temps des Fêtes pour vivre un moment de lecture ou encore pour offrir un livre en cadeau? Lecteurs avides de suggestions, voici cinq ouvrages récemment publiés qui ont été écrits par des enseignants ou des étudiants de l’Université Laval.
Shuni (Mémoire d’encrier)
Par Naomi Fontaine, étudiante à la maîtrise en études littéraires
«J’aime les Innus. Mon peuple. Ma nation. J’aime quand je me retrouve au milieu d’eux et que je les entends s’esclaffer. J’aime leur retenue, quand ils choisissent de se taire pour mieux faire valoir leur parole au moment propice. J’aime leur fougue quand ils s’élancent dans les projets imprévus.»
Avec Shuni, Naomi Fontaine livre un puissant témoignage d’amour à sa culture. Ce livre prend la forme d’une lettre écrite à une amie québécoise qui, après des études en travail social, revient s’installer dans sa communauté, à Uashat. Afin de l’aider à préparer son arrivée, l’auteure lui raconte l’histoire de son peuple tout en abordant son parcours et sa relation avec sa famille. La maternité, les traditions, la place des femmes, le rapport au territoire et à la communauté sont autant de thèmes qui sont abordés dans cet essai, une invitation à découvrir les Premières Nations au-delà des statistiques et des articles dans les médias.
Étudiante à la maîtrise en études littéraires, Naomi Fontaine est l’auteure des romans Kuessipan, qui a fait l’objet d’une adaptation au cinéma, et Manikanetish, duquel une série télé est en cours de préparation. On lui doit aussi la réédition de l’essai Je suis une maudite sauvagesse d’An Antane Kapesh, première femme autochtone à avoir publié un livre en français.
La langue racontée (Somme toute)
Par Anne-Marie Beaudoin-Bégin, chargée de cours à l’École de langues
Après La langue rapaillée, qui portait sur l’insécurité linguistique des Québécois, et La langue affranchie, qui les invitait à changer d’attitude par rapport à l’évolution de leur langue, Anne-Marie Beaudoin-Bégin récidive avec un nouvel essai. L’insolente linguiste autoproclamée aborde cette fois l’histoire de la langue française. Trois ouvrages, un seul message: la langue appartient aux gens qui la parlent et nul ne devrait se sentir lésé dans son identité à cause de sa manière de parler.
Avec le ton cinglant qui la caractérise, Anne-Marie Beaudoin-Bégin tire à boulets rouges sur tous les puristes qui s’inquiètent de la qualité du français et imposent leur vision de la langue aux autres. «Disons-le franchement: les recommandations, les condamnations, les corrections, les “fautes” sont issues de consensus sociaux. Le fait qu’au Québec, on considère que l’expression “j’ai scrappé mon char” ne soit pas correcte dans un contexte formel, même si on la comprend, démontre que la notion de rectitude relève de jugements sociaux et non de considérations proprement langagières. Si la langue était uniquement un outil de communication, on se contenterait de “j’ai scrappé mon char” dans tous les contextes», exemplifie l’auteure.
Rebelle et volontaire (Leméac)
Par Marie-Andrée Beaudet et Mylène Bédard, professeures à la Faculté des lettres et des sciences humaines, et Claudia Raby, doctorante en études littéraires
Malgré son importance dans l’histoire du Québec, Jeanne Lapointe demeure une figure méconnue du grand public. Rebelle et volontaire, une anthologie dirigée par Marie-Andrée Beaudet, Mylène Bédard et Claudia Raby avec la collaboration de Juliette Bernatchez, a pour but de changer la donne. Pour la première fois, ces chercheuses ont regroupé des textes phares de cette grande intellectuelle qui étaient disséminés dans de nombreux périodiques et ouvrages collectifs.
Née en 1915 et décédée en 2006, Jeanne Lapointe a été la première professeure de littérature à l’Université Laval et la première diplômée de la Faculté des lettres. En parallèle de son impressionnante carrière universitaire, elle a été membre de la Commission royale d'enquête sur l'enseignement dans la province de Québec et a siégé à la Commission Bird sur la condition des femmes au Canada. Elle a aussi joué le rôle de conseillère auprès de grandes écrivaines, comme Gabrielle Roy et Marie-Claire Blais.
Toujours d’actualité, les textes réunis dans Rebelle et volontaire confirment la pertinence de son propos, ainsi que la richesse de sa contribution à la modernisation et à l’émancipation de la société québécoise.
Évelyne, l’enfant-placard (Québec Amérique)
Par Miléna Babin et Charles-Étienne Brochu, diplômé de la maîtrise en arts visuels
Auteure de fictions pour adultes, Miléna Babin se tourne vers la littérature jeunesse. Pour les illustrations, elle a fait appel à Charles-Étienne Brochu. Évelyne, l’enfant-placard aborde le thème du secret. L’histoire est celle d’une jeune fille qui arrive dans une nouvelle école. Le professeur et les élèves lui souhaitent la bienvenue, mais elle refuse de se mêler aux autres pour une raison inexpliquée. Peu à peu, elle tisse un lien de confiance avec une autre élève, qui deviendra son amie. Magnifiques, les dessins nous entraînent dans un univers sombre, mais avec un message lumineux sur l’espoir et la force de l’amitié.
Récemment diplômé en arts visuels, Charles-Étienne Brochu cumule les projets dans le milieu de l’illustration, que ce soit pour des affiches, des publicités, des films d’animation ou des albums de musique. Il est un habitué du concours L’image des mots et du Concours interuniversitaire de bande dessinée, qu’il a remportés à de nombreuses reprises.
Tout comme les tortues (Hurtubise)
Par Marie-Christine Chartier, doctorante en psychopédagogie
Marie-Christine Chartier a toujours rêvé d’être écrivaine. Athlète de haut niveau en tennis aux États-Unis, elle n’avait jamais eu le temps de se consacrer pleinement à l’écriture. C’est pour se changer les idées durant ses études à la maîtrise en psychopédagogie à l’Université Laval qu’elle a écrit son premier roman. De ce projet, mené sans prétention, a découlé un ouvrage vendu à plus de 6 000 exemplaires, L’allégorie des truites arc-en-ciel. Portée par ce succès, l’auteure est de retour avec une autre métaphore animale, Tout comme les tortues.
Ce livre est construit avec la même structure que le précédent, soit de courts chapitres dans lesquels alternent les voix des personnages. Samuel et Ariane sont amoureux. Après leur rupture, Ariane a fui en Amérique du Sud et Samuel a trouvé refuge dans les bras d’Anaïs. Le retour d’Ariane viendra chambouler leur vie à tous les trois. Avec une écriture simple et un récit bien ficelé, Marie-Christine Chartier aborde les thèmes de l’amour, de la guérison, du pardon et du temps qui passe.
Vous en voulez plus?
Relisez ces articles d'ULaval nouvelles qui portent sur divers ouvrages produits dans la dernière année.
L’éthique du hamburger, de Lyne Létourneau et Louis-Étienne Pigeon
Les Cuivas, de Bernard Arcand
De visu. Portraits d’artistes, de Laurent Theillet
Sortir la Bible du placard. La sexualité de la Genèse à l’Apocalypse, de Sébastien Doane
Sciences et arts. Transversalité des connaissances, de Virginie Francœur
Félix Leclerc. Héritages et perspectives, ouvrage collectif
L'univers social des arts martiaux, ouvrage collectif
Des vagues dans l’espace-temps : splendeurs des étoiles massives, de Laurent Drissen
Le site archéologique du Palais de l'intendant à Québec, de Réginald Auger, Allison Bain et Camille Lapointe
Incarner la politique, de Guylaine Martel
50 plantes envahissantes, protéger la nature et l'agriculture, de Claude Lavoie
Courtiers et entrepreneurs, de Marc Vallières
Robert Lepage. Entretien et présentation, de Ludovic Fouquet
Beauté oblige, de Thomas De Koninck
La Bible dans la peinture, de Guy Bonneau
Les lacs, une brève introduction, de Warwick Vincent
Les sphaignes de l'Est du Canada, de Gilles Ayotte et Line Rochefort
Flore nordique du Québec et du Labrador, ouvrage collectif
Je suis une maudite sauvagesse, d'An Antane Kapesh
America’s Allies and the Decline of US Hegemony, ouvrage collectif
Governance and Sustainable Urban Transport in the Americas, ouvrage collectif