Comme son titre l’indique, cette nouvelle publication des Éditions du passage réunit une série de portraits d’artistes. Le projet est celui du photographe et auteur Laurent Theillet. Au total, 35 comédiens, musiciens, chorégraphes, danseurs, artistes visuels, écrivains, dramaturges ou cinéastes de renom se sont prêtés au jeu de la séance photo. Des textes, qui accompagnent ces magnifiques photos, nous font découvrir leur vision de l’art, de l’existence et de la création. D’une page à l’autre, des citations de ces artistes côtoient les mots du photographe, qui raconte le déroulement de la séance photo.
Le résultat est tantôt touchant, tantôt drôle, toujours authentique. «Mon objectif était de créer un lien entre les créateurs du Québec et ceux qui aiment leurs œuvres. Il fallait que le rapport reste direct, ne pas être dans l'analyse artistique ou même thématique. Le but était simplement de rencontrer ces artistes, comme tout un chacun, ou presque, aurait pu le faire», explique Laurent Theillet.
Pour réaliser une partie des entretiens, le photographe a fait appel à la journaliste culturelle Marie Fradette. Celle qui travaille aussi comme chargée de cours au Département de littérature, théâtre et cinéma de l’Université Laval a interviewé sept personnalités, soit le conteur Fred Pellerin, le peintre Marc Séguin, la comédienne Anne-Marie Cadieux, la chorégraphe Marie Gillis et les auteurs Jean Désy, Antonine Maillet et Larry Tremblay.
C’est un article écrit par Marie Fradette sur son livre Les poèmes ne me font pas peur qui a incité Laurent Theillet à recourir à ses talents de journaliste. «Son article était l’un des plus pénétrants que j'avais lu sur mon livre. Elle est allée chercher entre les lignes ce qui s'y cachait. Et ça m'a séduit.»
Avec enthousiasme, Marie Fradette a accepté de participer à ce nouveau projet. De ses entrevues, qui se sont déroulées au téléphone pour la plupart, elle retient plusieurs moments mémorables. «Tous les artistes avec qui je me suis entretenu ont fait preuve d’une grande sensibilité. De Marc Séguin à Fred Pellerin, en passant par Antonine Maillet, qui m’a énormément fait rire en me racontant des anecdotes de jeunesse, il ressort une belle folie, une couleur qui va au-delà du réel. D’un artiste à l’autre, ils ont gardé leur candeur d’enfant et voient la vie d’un œil différent», dit-elle.
Outre Marc Séguin, un artiste qu’elle «aime d’amour», elle admet avoir un faible pour Jean Désy. L’auteur et médecin, qui enseigne aussi à l’Université Laval, lui a longuement parlé de sa passion du Nord, une source d’inspiration intarissable chez lui. «Quand Jean Désy parle du Nord, c’est beau, c’est senti, c’est empreint de poésie. Son premier contact avec ce territoire a eu lieu en 1990 à Povungnituk, où il a travaillé comme médecin. L’entendre parler de cette expérience qui l’a profondément transformé, c’était très inspirant.»
Pour cette journaliste habituée de couvrir la littérature et le théâtre pour divers médias, il s’agissait d’une première expérience de collaboration pour un livre. Modeste, elle préfère rendre à César ce qui est à César. «C’est à Laurent que revient tout le mérite du projet. Moi, je n’ai eu que la chance de pouvoir parler à des gens extraordinaires et découvrir leur univers.»
Ce projet terminé, pourrait-elle être tentée de se tourner vers la publication de livres? «Non, répond-elle tout de go. Chacun son métier! Je ne suis pas une auteure, même si mon travail est d’écrire. Par contre, pouvoir collaborer sur un projet comme celui-ci, je recommencerais n’importe quand.»
Le lancement de De visu. Portraits d’artistes aura lieu ce soir, à 17h, à la Maison de la culture Janine-Sutto, à Montréal. Il y aura également vernissage d’une exposition consacrée aux photos de Laurent Theillet. Cette exposition sera présentée jusqu’au 12 janvier 2020.