18 novembre 2024
Les trois loisirs et sports associés au plus grand nombre de décès par mort naturelle au Québec: le vélo, le hockey et la chasse
Le recours aux défibrillateurs cardiaques et un meilleur dépistage des problèmes coronariens permettraient de prévenir une bonne partie de ces décès
Pratiquer un sport ou un loisir actif est un bon investissement dans sa santé, mais pour certaines personnes, cela ne va pas sans risque. À preuve, au Québec, environ 21 personnes meurent chaque année de cause naturelle en pratiquant un sport ou un loisir, révèle une étude publiée dans un récent numéro du Canadian Journal of Cardiology Open. Les trois activités qui fauchent le plus de vies? Le vélo, le hockey et la chasse.
Les auteurs de l'étude font ce constat après avoir compilé des données portant sur les décès, toutes causes confondues, survenus au Québec lors de la pratique d'un loisir ou d'un sport entre janvier 2006 et décembre 2019. Ces données proviennent de rapports du Bureau du coroner du Québec, de rapports d'autopsie et de rapports de police. Au total, les chercheurs ont dénombré 2234 décès, dont 297 étaient attribuables à une cause naturelle.
«Dans 95% des cas de mort naturelle, la cause du décès est un problème cardiaque. L'hémorragie cérébrale vient au 2e rang, loin derrière, avec 3% des cas», signale l'un des auteurs de l'étude, Paul Poirier, cardiologue à l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ), professeur à la Faculté de pharmacie de l'Université Laval et chercheur au Centre de recherche de l'IUCPQ.
En chiffres absolus, le vélo, le hockey et la chasse sont respectivement associés à 61, 26 et 24 décès par mort naturelle pendant la période étudiée. «Nous avons été surpris de voir la chasse figurer dans le haut de la liste, admet le professeur Poirier. Par contre, quand on considère le profil des chasseurs, qui sont souvent des hommes d'un certain âge qui ont un risque coronarien plus élevé que la moyenne, l'afflux d'adrénaline associée à la chasse et les efforts que doivent déployer des chasseurs pour transporter un orignal de 450 kilos, on peut comprendre pourquoi cette activité est associée à un risque plus élevé de décès par mort naturelle que d'autres sports et loisirs.»
Ce serait une erreur que de conclure que le vélo, le hockey et la chasse sont des activités à éviter en raison du risque de mort naturelle qui y est associé, poursuit le cardiologue. «Il y a beaucoup plus de personnes qui meurent d'un arrêt cardiaque pendant qu'elles dorment, qu'elles sont assises dans un fauteuil ou qu'elles passent le râteau. La sédentarité fait bien plus de dommage que les loisirs et les sports.»
Dans 65% des cas répertoriés par les chercheurs, il n'y avait pas de défibrillateur cardiaque à proximité. «Le recours rapide à un défibrillateur cardiaque triple le pronostic de survie sans séquelles neurologiques. Il y a eu des progrès dans le déploiement de ces appareils au Québec depuis une décennie, mais il reste encore du travail à faire, notamment pour les rendre disponibles là où la population pratique des loisirs et des sports.»
— Paul Poirier, au sujet de l'accessibilité aux défibrillateurs cardiaques dans les lieux publics
L'autre façon de réduire le nombre de morts naturelles survenant pendant la pratique d'un loisir ou d'un sport serait de mieux dépister les personnes à risque, avancent les auteurs de l'étude. «On ne parle pas d'un programme de dépistage mur à mur, précise le professeur Poirier. Par contre, les personnes qui ressentent des douleurs thoraciques, un essoufflement anormal à l'effort, une baisse d'énergie ou une diminution inexplicable de leurs capacités physiques ne devraient pas hésiter à consulter un professionnel de la santé.»
Outre Paul Poirier, les signataires de l'étude parue dans le Canadian Journal of Cardiology Open sont Philippe Richard, de la Direction de la sécurité dans le loisir et le sport au ministère de l'Éducation du Québec, Jérémie Sylvain-Morneau, de l'Institut national de santé publique du Québec, Paul-André Perron, du Bureau du coroner du Québec, et Philippe Joubert, pathologiste, professeur à la Faculté de médecine de l'Université Laval et chercheur au Centre de recherche de l'IUCPQ.