Du 10 au 14 avril, des milliers d'amoureux de la lecture convergeront au Centre des congrès pour l'incontournable Salon international du livre de Québec. Cette année encore, plusieurs étudiants, enseignants ou diplômés de l'Université Laval seront sur place pour promouvoir leur plus récent ouvrage.
ULaval nouvelles profite de l'occasion pour mettre en lumière 10 livres qui valent le détour.
La nébuleuse de la Tarentule (Éditions XYZ), par Mélissa Verreault
Mélissa Verreault, chargée de cours en création littéraire, a signé dernièrement la traduction de plusieurs œuvres anglophones; on peut penser à Ta gueule, t'es belle (Téa Mutonji) ou Partie de chasse au petit gibier entre lâches au club de tir du coin (Megan Cail Coles), qui lui a valu le Prix littéraire du Gouverneur général du Conseil des arts du Canada. Huit ans après son dernier livre, le bonheur de la retrouver à titre de romancière est grand.
La nébuleuse de la Tarentule est une autofiction qui met en scène un personnage fortement inspiré d'elle-même. Écrivaine et mère de trois enfants, Mélisa (avec un seul «s») fait une escapade à Montréal pour recharger ses batteries. Sur le chemin du retour, elle croise par hasard Francis, un amour de jeunesse. Tandis qu'elle s'adresse à une araignée trouvée dans sa maison, la narratrice replonge dans des bribes de son passé, qu'elle raconte en faisant fi de la chronologie.
Dans ce récit entrecoupé d'artéfacts réels de son enfance, Mélissa Verreault explore les thèmes des souvenirs qui refont surface et de la mémoire qui joue des tours à la suite d'un traumatisme. Son roman porte aussi sur l'infidélité, les drames de l'adolescence, les inégalités sociales, la filiation, la vie en banlieue, le rapport à l'argent et à la religion. Autant de thèmes qu'elle aborde tantôt avec humour, tantôt avec sensibilité.
Anne Hébert, si tu veillais ma tristesse (Hamac), par Anne Peyrouse
Les fidèles lecteurs d'Anne Peyrouse le savent: l'hybridation des genres est au cœur de sa démarche d'écrivaine. Sa nouvelle œuvre, Anne Hébert, si tu veillais ma tristesse, ne fait pas exception. Autobiographie, fiction, réflexions, prose, poésie, passé et présent s'y entremêlent.
Dans ce livre résolument féministe, il est question de sa mère biologique, Nicole Derail, décédée en 2020 en pleine pandémie, et de sa «mère littéraire», Anne Hébert, morte 20 ans auparavant. À travers sa relation avec ces deux femmes, Anne Peyrouse explore les thèmes de la figure maternelle et de l'acceptation du deuil. Sa plume, à la fois incisive et remplie de tendresse, démontre la force de l'écriture pour faire revivre les disparues.
Autrice de nombreux romans, recueils de nouvelles, poèmes et anthologies, Anne Peyrouse enseigne en création littéraire à la Faculté des lettres et des sciences humaines et à l'Université du 3e âge, en plus d'être directrice littéraire chez Hamac.
Rose (L'instant même), par Isabelle Hubert
Est-il possible d'aborder sans fard et de façon ludique, intelligente et lumineuse un sujet aussi délicat que la dépression dans une pièce de théâtre destinée aux adolescents? Isabelle Hubert, dramaturge et chargée de cours au Département de littérature, théâtre et cinéma, prouve que oui.
Avec Rose, elle lève le voile sur les tourments qui peuvent frapper tant de jeunes. La pièce, créée en 2023 et jouée un peu partout depuis, fait l'objet de ce livre. Pour les lecteurs, c'est l'occasion de découvrir ou redécouvrir autrement l'histoire de Rose, une cinquantenaire qui, avec l'aide d'un psychologue, revit les moments sombres de sa vie. Une œuvre qui émeut et fait rire tout en rappelant l'importance de l'empathie et de l'écoute pour aider ceux qui en ont besoin.
Autrice prolifique qui écrit autant pour les adultes que pour la jeunesse, Isabelle Hubert est très impliquée dans le milieu du théâtre. En plus de diriger sa compagnie de création, elle enseigne l'écriture dramatique à l'Université Laval et au Conservatoire d'art dramatique de Québec.
Aitnanipan (Septentrion), par Serge Jauvin
Au début des années 1980, le photographe Serge Jauvin a accompagné pendant plusieurs mois une famille innue d'Unamen Shipu, celle d'Hélène et William Mathieu-Mark, sur le territoire ancestral du Nutshimit. Ses photographies, précieux témoignage de leur passage du nomadisme à la sédentarité, sont hébergées en grande partie sur Kalos, la plateforme de contenus numériques de la Bibliothèque de l'Université Laval.
Les éditions Septentrion offrent une occasion de plonger dans les coulisses de cette expérience exceptionnelle vécue par Serge Jauvin. Le livre, qui a pour sous-titre «C'est ainsi que nous vivons», est un bel hommage à la culture innue. En plus de centaines de photographies en noir et blanc, toutes magnifiques, il contient des extraits du journal quotidien tenu par le photographe à cette époque. D'une page à l'autre, on découvre une famille attachée à la vie sur le territoire et aux activités traditionnelles comme la chasse, la pêche, le perlage et la fabrication de canots. La préface est signée par Paul Charest, professeur associé au Département d'anthropologie, avec qui le photographe collabore depuis plusieurs années dans le cadre de projets de recherche.
Le lancement de l'ouvrage au Salon du livre sera accompagné d'une superbe exposition dans le hall d'entrée du Centre des congrès.
Fermer les yeux ne suffit pas (Hashtag), par Danny Émond
Le narrateur de Fermer les yeux ne suffit pas est déchiré entre l'amertume et l'amour pour son père. Après le suicide de cet homme marginal et violent, il doit vider sa maison et son garage. À travers ce capharnaüm d'objets hétéroclites, il repense à la relation ambiguë qu'il avait avec lui. Une moto, des tiges à souder, une télévision, un aquarium, un manteau de cuir, un DVD de Pink Floyd: autant de choses qui lui rappellent sa jeunesse marquée par les frasques et les lubies de ce père hors du commun.
En une série de chapitres brefs, Danny Émond raconte la vie d'une famille dysfonctionnelle, mais qui n'est pas dénuée d'amour pour autant. Le récit, à la fois beau et sombre, met en lumière la force de la filiation et le rapport doux-amer que vivent plusieurs enfants avec leurs parents.
Danny Émond est titulaire d'une maîtrise en littérature. Fermer les yeux ne suffit pas est son premier roman. Il a aussi publié un recueil de nouvelles chez Boréal, en plus d'avoir écrit de la poésie et des textes de chansons.
Ma laideur n'influence personne (L'instant même), par Ariane Michaud
«Nez de sorcière, cheveux frisés et indomptables, teint pâle presque vert, absence de pommettes, hanches de mammouth…»: il y a tant de choses qu'Ariane Michaud n'aimait pas d'elle-même à l'adolescence. Dans cette «autofiction anatomique», elle revient avec une bonne dose d'humour et d'autodérision sur ses complexes d'autrefois.
Chaque chapitre, joliment intitulé avec un jeu de mots qui fait référence à une partie de son corps, porte sur une expérience vécue à l'époque de son adolescence. Au fil de ces anecdotes livrées sans filtre, elle partage ses réflexions sur le rapport au corps, les stéréotypes de genre, la pression sociale entourant l'apparence, l'intimidation à l'école ou encore l'impact des médias sociaux sur l'image corporelle. Le titre de la plaquette, d'ailleurs, fait référence aux influenceurs, qui alimentent la culture de la comparaison en mettant en scène des corps «parfaits».
Véritable ode à la diversité des corps et à l'acceptation de soi, Ma laideur n'influence personne fait un joli pied de nez aux diktats de la beauté.
Ariane Michaud a étudié en littérature et en éducation avant de devenir conseillère pédagogique. Ma laideur n'influence personne est son second livre après Les mouches en papier.
Le perce-oreille (Éditions du Panthéon), par Geneviève Pelletier
Depuis 20 ans, une femme file le parfait bonheur avec son amoureux. Le choc est grand lorsqu'un policier vient lui annoncer son décès dans un accident de voiture. Tout en traversant les étapes du deuil, cette narratrice repense au couple qu'elle formait et raconte un traumatisme de son adolescence. Sa rencontre avec un étranger, tout aussi inattendue que la mort de son conjoint, viendra apporter un peu de douceur à son quotidien.
Ancienne étudiante en psychologie, Geneviève Pelletier s'inspire ici de son expérience dans ce domaine pour créer un récit sur le thème des relations humaines, celles qui blessent, mais aussi celles qui aident à guérir. La lourdeur du sujet est contrebalancée par une écriture lumineuse et une protagoniste attachante qui fait appel à l'humour pour raconter sa situation.
Geneviève Pelletier est psychologue clinicienne, en plus de sa pratique d'écriture. Après trois ouvrages de vulgarisation en psychologie infantile, elle s'est tournée vers la fiction avec Dahlia et Akim, un premier ouvrage jeunesse. Le perce-oreille est son second roman.
Noir satin (Boréal), par Stanley Péan
Voici un ouvrage à découvrir pour les amateurs de jazz, mais aussi tous ceux qui s'intéressent à l'histoire des femmes. Stanley Péan propose quinze portraits de musiciennes – pianistes, chanteuses, compositrices, trompettistes – qui ont connu la gloire avant de tomber dans l'oubli.
On y découvre le parcours de Ma Rainey, à qui on doit notamment le standard See See Rider, Lillian Hardin Armstrong, muse et épouse d'un certain Louis Armstrong, Bessie Smith, surnommée l'impératrice du blues, et Dorothy Donegan, qui s'est distinguée par sa virtuosité et ses prouesses musicales. Mary Lou Williams, Valaida Snow, Hazel Scott, Dorothy Ashby, Ina Ray Hutton, Clora Larea Bryant, Melba Liston, Jutta Hipp, Shirley Scott, Geri Allen et Harriet Tubman complètent ce beau tour d'horizon au féminin.
À travers ces récits fascinants et abondamment documentés, Stanley Péan montre à quel point l'histoire a tendance à évacuer toute trace des femmes, particulièrement les Afro-Américaines, qui ont pourtant joué un rôle aussi important que les Miles Davis, Benny Goodman et Duke Ellington.
Très actif dans le monde du jazz, Stanley Péan est animateur radio et auteur de nombreux livres. Titulaire d'un baccalauréat et d'une maîtrise en français, il a cofondé la revue de création littéraire L'écrit primal alors qu'il était membre du Cercle d'écriture de l'Université Laval.
Cindy et Fred (perdus dans les années 80) (Éditions Persona), par Martin Tétu
D'un côté, une disquaire de 26 ans qui voue une véritable passion aux années 80, qu'elle n'a pourtant pas connues. De l'autre, un cinquantenaire amateur de musique et de cinéma qui n'a jamais décroché de l'époque de son adolescence. Cindy et Fred (perdus dans les années 80) porte sur la rencontre de ces deux personnages solitaires.
Si son précédent roman, Félix au café Temporel (finaliste au prix Robert-Cliche), nous plongeait au cœur de la génération X dans les années 1990, cette fois, Martin Tétu s'intéresse à cette époque marquée par l'ascension de plusieurs groupes de musique marquants, tels que The Cure, Duran Duran ou Simple Minds, et de films comme Breakfast Club, Retour vers le futur et La folle journée de Ferris Buller. En plus de multiplier les clins d'œil à ces œuvres, son récit est rythmé par les hauts et les bas d'une relation parfois ambiguë entre deux protagonistes issus de générations différentes.
Cofondateur du Festival OFF de Québec et consultant dans le milieu culturel, Martin Tétu a effectué des études en théâtre à l'Université Laval. Il vient de terminer un doctorat en sociologie à l'Université du Québec à Montréal.
La langue par la bande (Publications du Québec), par le Trésor de la langue française
Vingt-huit expressions québécoises expliquées en bande dessinée: c'est ce que propose le Trésor de la langue française. Ce groupe de recherche lexicologique, dirigé par le professeur Robert Vézina, a fait appel à des artistes professionnels pour mettre en images des québécismes. «En avoir plein son casque», «faire son séraphin», «mettre le doigt sur le bobo» et «l'affaire est ketchup» font partie des jolies expressions décryptées.
Les BD, souvent humoristiques et parfois poétiques, sont accompagnées d'une définition et d'un texte explicatif sur l'origine de l'expression. Ce recueil à la fois ludique et instructif plaira autant aux amateurs de bande dessinée qu'à ceux qui veulent découvrir l'histoire parfois surprenante du français au Québec.
Ce projet de collaboration, basé sur le contenu du Dictionnaire historique du français québécois, a aussi fait l'objet d'une campagne d'affichage aux résidences de l'Université.