
Les vacances estivales étant propices à la lecture, ULaval nouvelles a sélectionné 10 livres publiés récemment par des étudiants, professeurs ou diplômés de l'Université Laval. Nos lecteurs, on l'espère, y trouveront matière à faire de belles découvertes.
Obsolète (Stanké), par Alexandra Gilbert

Ce roman commence par une scène quelque peu troublante: un passionné d'antiquités oublie sa fillette, la nuit, dans une grange où il allait voir de vieux meubles. Sa vie, cet homme l'a consacrée à sa collection de vieilleries, au détriment de tout le reste.
Lorsque son père meurt, Marie n'est pas chaude à l'idée de se retrouver dans la maison de son enfance, synonyme de mauvais souvenirs. Son but: revendre toutes ces antiquités afin de pouvoir toucher son héritage et ainsi quitter son désagréable conjoint obsédé par les nouvelles technologies. Sa découverte d'un mystérieux pistolet du 19e siècle et sa rencontre avec un ancien ami devenu survivaliste viendront en quelque sorte troubler ses plans.
Par cette histoire, Alexandra Gilbert aborde le thème de la disparition du patrimoine en cette ère de modernité et de performance. Elle offre aussi des réflexions fort pertinentes sur les enjeux de surconsommation et de crise environnementale.
Obsolète est le deuxième roman d'Alexandra Gilbert. Celle qui détient un baccalauréat en études littéraires a aussi publié Gourganes en 2017.
Le cinéma dans l'œil du collectionneur (Presses de l'Université de Montréal), collectif

Après son livre sur le travail de critique de cinéma de René Lévesque, le professeur Jean-Pierre Sirois-Trahan s'intéresse à une autre facette méconnue du septième art: l'importance des collectionneurs pour les études cinématographiques.
Cet ouvrage collectif qu'il a codirigé réunit des textes de chercheurs, cinéastes, collectionneurs, conservateurs et archivistes. On y aborde notamment la quête de la petite-fille de Georges Méliès pour rapatrier l'œuvre du mythique réalisateur, le travail de Paramesh Krishnan Nair pour préserver les films en Inde, le fonds créé par Francis Doublier, le culte entourant les cassettes VHS.
Le professeur Sirois-Trahan, pour sa part, signe un chapitre sur la collection Lemai. Cette collection, qui appartient à l'Université Laval, réunit un lot important de caméras rares, projecteurs, lanternes magiques, kaléidoscopes et autres trésors ramassés au fil du temps par le philanthrope François Lemai.
D'un sujet à l'autre, un constat se dégage: les collectionneurs de films, de documents et d'objets divers, même s'ils représentent un pan parfois occulté de l'histoire du cinéma, contribuent activement à la préservation des œuvres et l'avancement des connaissances sur cette industrie.
Outre Jean-Pierre Sirois-Trahan, Le cinéma dans l'œil du collectionneur a été dirigé par André Habib et Louis Pelletier, respectivement professeur et chargé de cours à l'Université de Montréal, avec la collaboration de Charlotte Brady-Savignac, doctorante en études cinématographiques. L'ouvrage fait suite à un colloque international organisé en 2017 à la Cinémathèque québécoise.
Clément Ader, l'homme qui voulait voler (Éditions de l'Isatis), par Félix Girard

Voici la fascinante histoire d'un pionnier de l'aviation. L'ingénieur français Clément Ader est connu pour avoir fait décoller une machine plus lourde que l'air en 1890. L'auteure (et pilote) Katia Canciani et l'illustrateur Félix Girard ont fait équipe afin de raconter l'épopée de cet inventeur qui a dû surmonter moult défis pour accomplir cet exploit.
Récit d'espoir à la fois sur le pouvoir de l'imagination et l'importance de croire en ses rêves, ce livre plaira autant aux jeunes lecteurs qu'aux adultes.
Finaliste au prix Roberval, en France, Clément Ader, l'homme qui voulait voler est la quatrième œuvre jeunesse que Félix Girard signe aux Éditions de l'Isatis. Né dans une famille d'artistes, il a décidé de se consacrer pleinement au métier d'illustrateur lors d'un séjour d'études en Finlande, alors qu'il était inscrit au baccalauréat en architecture. Un cinquième livre est en cours de préparation, cette fois à titre d'auteur. Outre la littérature jeunesse, Félix Girard mène plusieurs projets d'art, de design et d'architecture.
Saint-Baba (Leméac), par Jean-Paul Beaumier

Impossible de ne pas être ému en lisant ce récit de Jean-Paul Beaumier. Saint-Baba est l'histoire d'un homme atteint d'un cancer foudroyant. Son frère – le narrateur – vit ses derniers jours avec lui à «Saint-Baba», un oasis au cœur de la campagne où l'aîné a choisi de mourir. Entre soins médicaux, séances de lecture, musique et visites de parents et d'amis, il raconte son parcours de proche aidant et se remémore des souvenirs familiaux.
À travers ce livre, qui prend la forme d'une longue lettre adressée à ce frère mourant, ce sont des thèmes comme le deuil, le temps qui passe et l'amour fraternel qui sont abordés. Il y est aussi question du pouvoir de l'écriture pour apaiser la tristesse, la colère et le sentiment d'impuissance face au départ d'un être cher.
Diplômé d'un baccalauréat en études françaises, Jean-Paul Beaumier a publié plusieurs recueils de nouvelles, en plus d'avoir participé à des collectifs. Saint-Baba est son premier récit.
Inspiration sauvage: Côte-Nord (Éditions Robert Laffont), par Maxime Jolivel

Voici un ouvrage qui donne envie de partir à la découverte des paysages du Québec. Pour son premier livre, le géographe Maxime Jolivel propose quatre récits de voyage qui se déroulent dans le décor enchanteur de la Côte-Nord.
D'une escapade à l'autre, on découvre les grands espaces de la région de Manicouagan, la forêt boréale, le village des Bergeronnes, les Escoumins. Avec sa jolie plume et son sens aigu de l'observation, Maxime Jolivel décrit les changements de saison, les paysages, la faune, la flore, la profondeur du fleuve, les habitants. Il raconte la pêche à la truite de mer, la chasse à la sauvagine, l'art du bivouac, la culture innue, les froides nuits d'hiver, les marées. Le tout est agrémenté de réflexions sur des enjeux environnementaux et sociaux tels que la déforestation et la pollution.
Dans l'avant-propos du livre, l'auteur relate son coup de foudre pour la Côte-Nord, qui lui a permis de fuir la «laideur urbaine». Français d'origine, il a immigré au Québec en 2007 pour faire ses études de doctorat au Centre d'études nordiques. Après avoir enseigné la géologie et la géomorphologie, il s'est tourné vers l'archéologie afin de s'intéresser à l'évolution des paysages du Québec depuis les premiers peuples jusqu'à l'arrivée des Européens.
Félix au Café Temporel (Éditions Persona), par Martin Tétu

Un doux parfum de nostalgie plane sur Félix au Café Temporel. Ce roman nous ramène au tournant des années 1990 dans les rues du centre-ville de Québec. Félix, un étudiant en génie à l'Université Laval, passe beaucoup de temps au Café Temporel, où il travaille et refait le monde avec ses amis.
Les lecteurs habitués du fameux café de la rue Couillard se plairont à reconnaître «l'odeur des allongés, les chansons qui planent au-dessus des conversations, le plancher qui craque, les tables en bois». Dans ce décor où convergent artistes, intellectuels et touristes, Martin Têtu offre un portrait saisissant de la Génération X, celle qui a connu la création d'Internet, l'élection de Bill Clinton, le Sommet des Amériques, le gouvernement Parizeau, le référendum de 1995, le centre-ville qui se vide de ses habitants, le manque d'emploi, l'arrivée des antidépresseurs.
Cofondateur du Festival OFF de Québec et figure bien connue dans le milieu de la culture, Martin Tétu est titulaire d'un baccalauréat en études théâtrales. Il termine actuellement un doctorat en sociologie à l'Université du Québec à Montréal.
Rien… (Éditions Alire), par Jean-Jacques Pelletier

Avec son plus récent roman, le prolifique auteur de thrillers Jean-Jacques Pelletier redonne vie à son personnage fétiche, l'inspecteur Henri Dufaux. Cette fois, le service de police lui a confié la protection d'une adolescente dont le père a été tué pour avoir refusé de vendre sa maison à un mystérieux acheteur. En voulant découvrir ce qui se cache derrière ce meurtre, l'inspecteur fera la découverte d'un vaste complot.
Rythmé par des extraits de bulletins de nouvelles, de blogues et de statuts de réseaux sociaux, ce roman choral traite de sujets actuels comme la montée des extrêmes et la crise climatique.
Outre le retour de Dufaux et son équipe, on retrouve dans Rien… les mêmes éléments qui ont fait le succès des précédents livres de Jean-Jacques Pelletier, soit un univers narratif chargé peuplé de personnages marginaux, une intrigue bien ficelée et des réflexions sur les grands enjeux de société, le tout sur fond d'ambiance apocalyptique.
Détenteur d'une maîtrise en philosophie, Jean-Jacques Pelletier a été révélé par sa série Les gestionnaires de l'Apocalypse. En plus de ses nombreux romans, on lui doit des essais (La fabrique de l'extrême, Questions d'écriture) et des recueils de nouvelles (L'assassiné de l'intérieur, En marge de l'Apocalypse).
Le jardin de la morte (Hamac), par Pierre-Luc Gagné

Après avoir marqué les esprits avec son recueil de poésie L'homme est un lion que je n'ai su faire rugir, Pierre-Luc Gagné est de retour, cette fois avec une autofiction. Le jardin de la morte est un hommage à Jeannine, sa grand-mère maternelle aujourd'hui disparue.
Entre «une mère cohabitant avec sa colère», des «tantes maganées par les dépendances et la douleur de vivre» et un «père pas père qui a planté sa graine en laissant la terre mûrir sans eau», Pierre-Luc Gagné dresse un portrait familial pas très jojo. Lorsque sa grand-mère décède, l'enfant qu'il était perd une précieuse alliée, un modèle, une présence réconfortante.
En croisant souvenirs d'enfance, poèmes et réflexions, Pierre-Luc Gagné aborde des thèmes comme le deuil, la perte de l'innocence et la difficulté de trouver sa place dans le monde. Le jardin de la morte est aussi une œuvre sur le pouvoir libérateur de l'écriture et du cinéma.
L'auteur a étudié en création littéraire et en cinéma avant de se tourner vers des études en psychologie du développement humain.
Par-delà la Cité (Lévesque Éditeur), par Lise Fontaine

Qu'ont en commun Mathieu Blais, Jean-François Caron, Hélène Frédérick, Christian Guay-Poliquin, Jocelyne Saucier, Marc Séguin et Audrey Wilhelmy? Chacun à leur façon, ces écrivains mettent en scène des protagonistes qui évoluent dans des espaces sauvages, hors des centres urbains.
Dans son essai, Lise Fontaine analyse un corpus peu souvent étudié, celui des romans québécois contemporains, pour voir de quelles façons les lieux réels ou imaginaires sont représentés. Plusieurs thèmes sous-jacents comme le rapport à la nature, la ruralité, l'hiver, l'identité et la mémoire sont abordés. De La liberté des détours à Le poids de la neige, en passant par Il pleuvait des oiseaux et Oss, l'auteure offre ainsi une relecture de plusieurs romans marquants.
Lise Fontaine a fait des études littéraires avant d'être chargée de cours, puis professeure de littérature au Cégep Limoilou. Elle a publié des articles et des récits, de même qu'une étude sur Les grandes marées de Jacques Poulin.
Jumeau jumelle (La Peuplade), par Marisol Drouin

Lorsqu'elle apprend que son frère a une tumeur au cerveau, une femme se plonge dans l'écriture d'un livre. Récit sur l'écriture d'un récit, Jumeau jumelle est l'histoire de ces jumeaux qui vivent ce drame, chacun à leur façon. Lui, résilient, calme, mesuré. Elle, bouillante, impulsive, révoltée.
À travers cette épreuve, la narratrice se remémore des souvenirs d'enfance et partage ses réflexions sur sa relation avec son frère. Peu à peu, elle brouille les cartes entre le réel et la fiction, une façon pour elle de «vivre la vie tout en s'épargnant sa violence».
Avec ses phrases courtes et efficaces, Marisol Drouin livre une autofiction remplie d'émotions fortes. Soyez prévenus: la fin du livre réserve toute une surprise.
Jumeau jumelle est le quatrième livre de Marisol Drouin chez La Peuplade. L'auteure détient une maîtrise en création littéraire.