Irma s'en va-t-en guerre (Septentrion), par Karine Gagnon
Journaliste bien connue et étudiante à la maîtrise en science politique, Karine Gagnon s'est intéressée à l'histoire de la première femme francophone à exercer la profession de médecin au Québec, Irma LeVasseur (1877-1964).
Son roman historique Irma s'en va-t-en guerre nous apprend une foule de choses sur celle qui a cofondé le Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine et l'Hôpital de l'Enfant-Jésus. Il y est question notamment de son engagement en Serbie, où elle a combattu l'épidémie de typhus qui affligeait ce pays touché par la Grande Guerre.
Karine Gagnon a fait un travail de recherche de longue haleine dans les archives pour mettre en lumière la richesse du parcours de cette pionnière. À travers son histoire, elle raconte l'évolution du Québec et de la place des femmes dans le milieu de la santé.
Troubler les eaux (La peuplade), par Frédérick Lavoie
Des anciens pays soviétiques à Cuba, chaque livre de Frédérick Lavoie fait découvrir à ses lecteurs un univers géopolitique riche et fascinant. Cette fois, le journaliste indépendant nous emmène au Bangladesh, un pays d'Asie méridionale caractérisé par ses nombreux cours d'eau. Inondations récurrentes, pluies torrentielles de la mousson, accidents de l'industrie maritime, destruction des terres fertiles par l'eau salée, contamination des puits à l'arsenic, érosion des berges, pollution des rivières causée par l'industrie du textile: les témoignages qu'il a récoltés mettent en lumière la diversité des enjeux auxquels font face habitants, décideurs et organisations humanitaires.
Avec sa jolie plume et sa grande sensibilité, Frédérick Lavoie ne se contente pas de creuser les enjeux liés à l'eau. Tout en dévoilant les coulisses de ses reportages, il jette un regard critique sur son métier de journaliste, n'hésitant pas à remettre en question certaines pratiques. À la fin du livre, il propose quelques pistes de solution pour faire du journalisme autrement.
Troubler les eaux est un récit qui suscite la réflexion sur la couverture des enjeux internationaux. Un livre, bref, qui devrait trôner sur les tables de chevet de tous les étudiants en journalisme, professionnels de l'information et quiconque s'intéresse à l'univers des médias.
Ma nature poétique (XYZ), par Jean Désy
Écrivain prolifique, philosophe, médecin et enseignant à la Faculté de médecine, Jean Désy se décrit avant tout comme un «gars de bois». Cet amour de la nature est au cœur de son plus récent ouvrage.
Ma nature poétique s'inscrit dans le sillage de son précédent livre, Nous sommes poésie, pour lequel il avait interviewé une trentaine d'artistes dans son chalet dans la vallée Bras-du-Nord. Courts textes de réflexions et poèmes s’enchaînent sur le rapport qu'il entretient avec la faune, la flore, le changement des saisons, la pêche, la nordicité. Il y est aussi question de sa passion de l'enseignement et des «camps littéraires de brousse» qu'il donne aux étudiants en médecine.
À la fois récit, essai et recueil de poésie, cette plaquette permet de comprendre toute la richesse de la démarche littéraire, philosophique et pédagogique de Jean Désy.
Un choix d'amour (Éditions Triptyque), par Valérie Forgues
Alors que pullulent les livres, les blogues et les diverses publications sur les mille et une façons de vivre la maternité, Valérie Forgues propose une œuvre qui détonne sur celles qui font le choix de ne pas avoir d'enfant.
Sans filtre ni pudeur, une narratrice aborde les raisons qui l'ont poussé à interrompre une grossesse non désirée. À travers son histoire, très touchante, elle détruit plusieurs clichés, comme celui voulant que toutes les femmes aient la fibre maternelle.
Nourrie par les mots d'autres autrices (Annie Ernaux, Sheila Heti et Nelly Arcan, entre autres), Valérie Forgues s'attaque dans ce livre à la question du patriarcat, à la pression sociale en entourant la parentalité et au droit à l'avortement aux États-Unis.
Un choix d'amour trouve sa prémisse dans une résidence de création au Crachoir de Flaubert, la revue en ligne de la Faculté des lettres et des sciences humaines.
Valérie Forgues est titulaire d'une maîtrise en études littéraires. On lui doit plusieurs fictions et recueils de poésie, en plus de son implication dans le milieu de l'édition.
Quand je vis (Mémoire d'encrier), par Ouanessa Younsi
Dans les premières pages de ce recueil de poésie, un homme gît sur le sol, entre la vie et la mort. Sa fille, qui est médecin psychiatre, appelle les secours. Quand je vis est constitué de chapitres dans lesquels alternent les voix de différents protagonistes: la fille, le père, mais aussi le pompier, l'agente de sécurité et la médecin qui accompagnent cette vie qui bascule.
Malgré le drame qui est raconté, Ouanessa Younsi offre une poésie à la fois douce et lumineuse sur les thèmes de la relation père-fille, l'immigration, le déracinement, la mort, le travail des soignants, la survie, la guérison.
Titulaire d'un doctorat en médecine et d'une maîtrise en philosophie, Ouanessa Younsi est elle-même médecin psychiatre, en plus de sa pratique d'écriture. La sortie de Quand je vis est accompagnée de la réédition de son essai Soigner, aimer en format poche dans la collection Legba. Dans ce livre, elle retrace son parcours de soignante et livre ses réflexions sur la vulnérabilité.