On savait que la consommation de yogourt était associée à une réduction du risque de résistance à l'insuline et de diabète, mais on ignorait pourquoi. Une étude publiée le 15 mars dans Nature Communications par des chercheurs de l'Université Laval et de Danone démontre que cet effet protecteur pourrait provenir du microbiote intestinal ainsi que de composés peu connus produits par les bactéries lactiques du yogourt.
«Ces composés sont des acides aminés ramifiés hydroxylés (BCAA hydroxylés). Ils résultent de l'action des bactéries lactiques sur des acides aminés naturellement présents dans le lait, explique le responsable de l'étude, André Marette, professeur à la Faculté de médecine et chercheur au Centre de recherche de l'Institut universitaire en cardiologie et en pneumologie de Québec. Si les résultats que nous avons obtenus chez la souris se confirment chez l'humain, il serait envisageable d'utiliser ces composés pour enrichir les yogourts ou pour en faire des suppléments alimentaires en vue de contrer les effets métaboliques néfastes de l'obésité.»
Les chercheurs ont fait cette découverte alors qu'ils s'intéressaient aux effets du yogourt sur des souris soumises à une diète riche en sucres et en graisses. Une partie de ces souris recevaient, sous forme lyophilisée, l'équivalent de deux portions quotidiennes de yogourt.
Au terme de cette expérience de 12 semaines, les chercheurs ont constaté un meilleur contrôle de la glycémie, de la résistance à l'insuline et des fonctions du foie chez les souris du groupe ayant reçu du yogourt. En analysant tous les métabolites présents dans le foie de ces animaux, ils ont observé des changements du côté des BCAA hydroxylés.
«Chez les souris qui n'avaient pas reçu de yogourt, l'abondance de ces composés a diminué avec la prise de poids. Chez les souris du groupe yogourt, leur abondance s'est maintenue, souligne le professeur Marette. De plus, l'abondance de ces composés était liée à l'amélioration des paramètres métaboliques.»
Les BCAA hydroxylés sont présents dans les produits laitiers fermentés, mais leur abondance est particulièrement élevée dans le yogourt. «Notre organisme en produit naturellement, mais cette production semble altérée par la prise de poids», précise le professeur Marette.
«Nous voulons maintenant déterminer si un apport alimentaire en acides aminés ramifiés hydroxylés peut compenser la baisse qui accompagne la prise de poids et aider à rétablir les fonctions métaboliques normales chez les personnes obèses, poursuit le chercheur. Une première étude clinique sur cette question démarrera d'ici quelques mois.»