L'instigateur du projet, Richard Fleet, n'est pas peu fier de son coup. «La magie du cirque a fait tomber les barrières. Tous les médecins étaient en admiration devant le courage et la détermination de ces jeunes artistes. Mais surtout, ils ont été sensibilisés à la réalité d'un milieu avec lequel ils n'ont pas beaucoup de contacts», raconte-t-il. Professeur au Département de médecine familiale et de médecine d'urgence, il a répété l'expérience dans d'autres contextes médicaux, en plus d'amener des étudiants à participer à des ateliers de création.
Pour lui, il est clair que l'univers du cirque peut apporter beaucoup à celui de la médecine. «La médecine est un milieu très structuré, qui laisse peu de place au travail artistique et à la créativité. Notre système de santé fait face à de nombreux problèmes. Dans ce contexte, il est pertinent de réfléchir à des façons différentes de faire les choses. En s'associant avec des gens pour qui il est naturel de penser autrement, les possibilités de solutions deviennent illimitées. Cette façon de penser, qui me fascine, chez les artistes, on a besoin de ça», soulève celui qui a fait un détour par la psychologie avant de se lancer en médecine.
D'aussi loin qu'il se souvienne, Richard Fleet a toujours été fasciné par le cirque. Ancien amateur de ski acrobatique, il admire le Cirque du Soleil pour sa capacité à innover. C'est par l'entremise d'un ami commun qu'il a rencontré des hauts dirigeants de l'entreprise. De fil en aiguille, des projets de conférence et de spectacle sont nés. En 2012, le médecin a fait appel à Cirque du Monde pour une première collaboration dans le cadre d'un congrès sur la santé en régions rurales. Présent dans plusieurs pays, cet organisme aide les jeunes en situation précaire à prendre conscience de leurs forces et de leurs talents.
À Québec, le programme est chapeauté par le Centre résidentiel et communautaire Jacques-Cartier, dans le quartier Saint-Roch. Sa coordonnatrice, Julie Théberge, admet avoir été surprise de recevoir un appel de Richard Fleet. «J'étais étonnée que le milieu de la médecine s'intéresse à Cirque du Monde. Bien que je voyais son potentiel, je me demandais quelle forme prendrait la collaboration. L'idée de faire un spectacle devant des médecins nous a plu. Pour un jeune qui se situe en marge de la société, le fait de rencontrer une communauté moins accessible est très enrichissant. C'est valorisant de savoir qu'il peut montrer des choses à des gens de notoriété. De part et d'autre, ces rencontres sont riches et contribuent à briser des préjugés.»
Elle rappelle que le cirque est un bon canal pour promouvoir des valeurs essentielles au travail du médecin. «Nos spectacles sont réalisés dans un esprit d'ouverture et de respect mutuel. En plus d'être un prétexte au fait de créer tous ensemble, ils encouragent des valeurs qui vont au-delà du cirque: le respect des différences, l'acceptation de l'autre, le dépassement de ses limites, etc. Si ces valeurs peuvent être promues dans des milieux plus conventionnels, nous sommes prêts!»
Les deux partenaires songent maintenant à formaliser leurs liens, ce qui pourrait donner lieu à plusieurs projets communs dans le milieu de la recherche et de la formation. À l'image de cette créativité qui les anime, les possibilités de collaboration semblent être sans limites!
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