
Depuis l'élection de mars 2007, la participation électorale a baissé de 13,9 % au Québec.
— Presse canadienne
«Ce phénomène n’est pas unique au Québec ou au Canada, explique le professeur François Gélineau, du Département de science politique. La baisse de la participation électorale est généralisée dans l’ensemble des démocraties occidentales où l’on observe une espèce de désillusionnement face au processus électoral. Ici, le commencement de la chute du taux de participation semble coïncider avec les années 1990. Ce pourrait être un phénomène générationnel concernant les post-baby-boomers.»
Le professeur Gélineau mène actuellement une étude sur le taux de participation aux élections québécoises depuis 1985, plus particulièrement sur ceux et celles qui ne votent pas. Cette recherche s’inscrit dans une étude plus large sur la participation électorale que réalise le Directeur général des élections du Québec en partenariat avec la Chaire de recherche sur la démocratie et les institutions parlementaires de l’Université Laval. Le second volet de la recherche de François Gélineau consiste en un sondage postélectoral qu’il a amorcé le mardi 9 décembre auprès d’un échantillon représentatif de l’électorat québécois.
Un ensemble de facteurs
Le scrutin de lundi dernier s’est tenu quelques semaines après les élections fédérales, qui ont eu un taux de participation de 59,1 %, et moins de deux ans après l’élection d’un gouvernement minoritaire libéral dirigé par Jean Charest. Un effet de saturation a-t-il conduit au décrochage citoyen du 8 décembre? «La lassitude, mais aussi le cynisme décrivent bien l’attitude actuelle de l’électeur québécois, soutient François Gélineau. Un des phénomènes les plus importants actuellement est le manque d’intérêt pour la chose politique. Il faut dire que la classe politique ne s’est pas aidée quand on pense, par exemple, au scandale des commandites au niveau fédéral, il y a quelques années. Un autre facteur qui peut alimenter le cynisme des citoyens concerne le mode de scrutin par lequel un parti peut former le gouvernement sans une majorité de voix.»
Aux élections fédérales de 2004, les Québécois âgés de 18 à 21 ans ont voté dans une proportion de 47 %. «La littérature scientifique ne donne pas de réponses très claires au sujet des jeunes électeurs, indique le professeur Gélineau. Depuis qu’on a abaissé de 21 à 18 ans l’âge minimal pour voter, on leur demande de se préoccuper de la politique, mais à ce stade de leur vie, plusieurs d’entre eux ne s’intéressent pas à cela.»
Le vote obligatoire peut-il représenter une solution au phénomène de la baisse de la participation électorale? «Je suis spécialisé en études électorales pour l’Amérique latine, répond François Gélineau. Dans les pays où le vote est obligatoire, le taux de participation avoisine souvent les 70 %.» Et l’imposition du mode de scrutin proportionnel? «Généralement, dit-il, les pays qui ont la proportionnelle obtiennent un taux de participation plus élevé que le nôtre.»