Depuis le 6 mai 2008 et jusqu’au 22 mars 2009, le Musée de l’Amérique française présente l’exposition Une présence oubliée: les huguenots en Nouvelle-France. Cette présentation est le fruit d’une collaboration entre l’IPAC, le Musée de la civilisation, le Musée des Ursulines de Québec et l’Église réformée Saint-Marc de Québec. Marie-Claude Rocher a assuré la conception de l’exposition et Marc Pelchat, doyen de la Faculté de théologie et de sciences religieuses, a fait partie du comité scientifique.
Au fil du temps, les protestants de Nouvelle-France ont été acceptés, puis interdits de séjour, ensuite tolérés et enfin marginalisés. «Lorsqu’ils étaient tolérés, souligne Marie-Claude Rocher, il leur fallait en retour être discrets. Leur religion étant interdite, ils n’avaient pas de lieu de culte officiel.» L’exposition met en lumière la clandestinité dans laquelle s’exerçait le culte protestant. On peut voir, entre autres, des coupes de communion démontables. Ces objets, qu’on pouvait cacher rapidement, facilitaient les déplacements lors des assemblées clandestines.
Selon Marie-Claude Rocher, on connaît la présence des huguenots en Nouvelle-France par une sorte de paradoxe. «Leurs traces, indique-t-elle, on les retrouve dans les archives des communautés religieuses et du clergé lorsque les protestants rejoignent l’Église catholique après avoir abjuré leur foi, ou lorsqu’ils sont condamnés par elle.» Actes d’abjuration, mises à l’amende judiciaire, dénonciations, confiscations de Bibles ou de livres religieux interdits sont autant d’éléments historiques qui attestent de la présence huguenote sur les rives du Saint-Laurent. «La littérature révèle, entre autres, qu’un certain Paul Chalifour, baptisé dans la religion protestante en 1612 à La Rochelle, a renoncé à sa foi en 1644 à Québec pour pouvoir se marier avec une catholique», raconte Marie-Claude Rocher.
L’histoire de ces protestants est mise en valeur par des documents d’archives et différents objets, dont une croix huguenote et un miroir du 18e siècle à double fond pouvant servir à cacher les écrits interdits. L’exposition comprend aussi une borne informatique. Cette borne permet d’identifier les patronymes des familles souches québécoises qui sont d’origine protestante. «Perron, Allaire, Barré, Grignon et Legendre figurent parmi les patronymes dont on est sûr qu’ils ont fait souche ici», affirme Marie-Claude Rocher. Le Musée de l’Amérique française est situé au 2, côte de la Fabrique, dans le Vieux-Québec. Téléphone: 692-2843.