Invité le 24 avril par l’Association des diplômés de l'Université Laval et la Faculté des sciences sociales à prononcer une conférence sur le thème «Journalisme international, perspective québécoise», Jean-François Lépine considère que les médias d’ici doivent «s’occuper de la planète à tout point de vue parce que ce qui se passe ailleurs nous affecte». «Nos soldats sont en Afghanistan, a-t-il dit. Nous perdons des emplois à cause de la Chine, de l’Inde et bientôt du Viêt Nam. Il faut se préoccuper de la planète, notamment parce que des changements climatiques importants devraient se produire dans l’Arctique dans six ou sept ans.»
Selon Jean-François Lépine, les médias québécois ont réagi à la nouvelle réalité mondiale en investissant, depuis quelques années, dans la couverture internationale et l’ouverture de bureaux ou d’antennes à l’étranger. «Aujourd’hui, la moitié de l’information diffusée aux bulletins de nouvelles, radio et télé, est internationale, a-t-il indiqué. La SRC a 12 correspondants à l’étranger, un record. En 2007, nos correspondants et envoyés spéciaux ont couvert des événements sur place dans une trentaine de pays.»
Les médias québécois, au dire du conférencier, se doivent de développer leur vision de la planète, de voir de leurs yeux ce qui se passe ailleurs, parce que chaque peuple a une façon bien à lui d’appréhender la réalité. Selon Jean-François Lépine, il faut prendre conscience de la nouvelle réalité, comprendre et intervenir. «Il faut voir que la Chine, d’ici 2030, deviendra la première puissance économique mondiale, a-t-il souligné. Il faut voir qu’il y aura 600 millions de réfugiés écologiques d’ici quelques années à cause de la désertification.» Pour le journaliste, le Québec n’a pas d’autre choix que de s’ouvrir. Et nos gouvernements? Jean-François Lépine a déploré que les gouvernements à Québec et à Ottawa ne semblent pas être à la hauteur de la nouvelle réalité internationale. «Ils n’ont pas de leadership dans ce domaine, a-t-il expliqué. Québec n’a que deux fonctionnaires en Chine. Il y a un manque de conscience de la nécessité d’être là. Quant à Ottawa, le gouvernement conservateur n’a aucune vision apparente en matière d’affaires étrangères, sinon des réactions archi-impulsives qui font que, entre autres, nous ne sommes plus perçus comme des médiateurs dans le dossier palestinien.»