Le Programme d’amélioration de la santé des mères et des enfants – phase 2 (PASME 2), dont elle assure le volet de la coordination scientifique pour l'Université Laval, vise à améliorer l’offre de services de santé de la mère, du nouveau-né et de l'enfant. Il a aussi pour but d’accroître l’utilisation de ces services par les femmes et leurs enfants. Ce projet, mis en œuvre par l’Entraide universitaire mondiale du Canada et financé par Affaires mondiales Canada, se fait avec divers partenaires canadiens et burkinabés. À l’Université Laval, les facultés de Médecine, des Sciences infirmières, de Pharmacie, des Sciences de l’éducation et des Sciences de l’administration sont impliquées.
Depuis 2016, plusieurs projets de recherche et de transfert d’expertise ont été menés par des professeurs. À cela s’ajoutent des stages sur le terrain par des étudiants. Pour Josette Castel, la force du PASME 2 réside dans son approche fortement interdisciplinaire. «Le projet mobilise des chercheurs de différentes facultés, ce qui permet d’avoir une vision globale des interventions à faire dans ce pays ainsi que d’enrichir les compétences des acteurs sur le terrain. L’équipe comprend des experts en soins médicaux, mais aussi en organisation de services, en éducation, en genre, etc. Ainsi, nous avons une approche intégrée directement liée aux différents besoins des clientèles que l’on va desservir.»
Deux doctorants en médecine, Léa Dallaire et Daniel Nuncio-Naud, entourent un professionnel de la santé lors d’un stage dans une clinique de pédiatrie.
Judith Lapierre, professeure à la Faculté des sciences infirmières, a pris part à la plus récente mission, du 2 au 11 novembre. Avec Anne Royer, chargée de cours clinique à la Faculté de médecine, elle a donné un atelier de formation à des gens issus du ministère de la Santé, des médecins, des sages-femmes, des infirmières et des acteurs du milieu communautaire. «Lors de la formation, nous avons misé sur l’importance d’intégrer de la prévention dans toutes les activités de soin clinique. Souvent, les femmes vont consulter pour des besoins spécifiques de santé, comme un suivi de grossesse. Pour nous, ces rencontres deviennent des occasions d’agir sur un ensemble de facteurs de risques, notamment des maladies chroniques. Nous avons sensibilisé les cliniciens à intégrer à leur pratique de la prévention et de la promotion de la santé lors de chaque point de contact», explique-t-elle.
La formation visait aussi à améliorer l’accès au système de santé pour les mères et les nouveau-nés. Il s’agit d’un enjeu important au Burkina Faso. À l’heure actuelle, seulement 34% des femmes enceintes font les 4 visites recommandées par l’Organisation mondiale de la santé. Il est estimé que les deux tiers des décès maternels pourraient avoir lieu hors du système de santé, que ce soit à la suite d’un accouchement à la maison ou à la suite d’un retard d’identification du danger. «Les professionnels de la santé doivent contribuer à optimiser le recours aux soins. Il est possible d’améliorer l’accessibilité aux services en adoptant une pratique basée sur les forces et l’autonomie des patients, ainsi que sur leur engagement aux soins et leur pouvoir d’agir. L’approche soignante peut faire une différence dans l’accessibilité», affirme la professeure Lapierre.
Le contenu de la formation, qui fait l’objet notamment d’un recueil de textes, d’un document PowerPoint et d’un outil d’évaluation des connaissances, sera bientôt disponible sous la licence Creative Commons. Ainsi, tous les professionnels de la santé, peu importe où ils se trouvent dans le monde, y auront accès gratuitement.
Il y aura également création d’une communauté de pratique afin de soutenir le partage des nouvelles stratégies de santé qui ont été mises en place. Judith Lapierre est responsable de ce projet avec Jean Ramdé, professeur à la Faculté des sciences de l’éducation. «L’Université Laval deviendra un pôle de communauté de pratique qui inclura des partenaires du Burkina Faso, mais aussi du Brésil. Ce sera une belle occasion pour les facultés des Sciences infirmières et des Sciences de l’éducation de faire rayonner l’Université à l’international comme expert avec un leadership en promotion de la santé et en soins de proximité», se réjouit la chercheuse.
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