Les deux annonces distinctes démontrent l'urgence d'agir face à ce qui est devenu un problème de santé publique. Selon le Groupe de travail sur les commotions cérébrales, dont le rapport a inspiré le plan d'action gouvernemental, quelque 671 000 personnes ont consulté le personnel du système de santé, au Québec, en 2009, après avoir subi un traumatisme d'origine récréative ou sportive. Plus de 7 000 cas ont nécessité une hospitalisation.
Pour le spécialiste en médecine du sport, médecin clinicien et professeur au Département de réadaptation, Pierre Frémont, ces chiffres ne reflèteraient que très partiellement la réalité. «Le rapport ne tient compte que des statistiques hospitalières, soit les personnes qui entrent dans le système de santé, explique l'ex-membre du groupe de travail. Plusieurs ne le font pas, en particulier chez les sportifs. Les personnes qui prennent la peine de consulter ne représentent que la pointe de l'iceberg.»
En quelques mots, une commotion cérébrale peut survenir à la suite d'un coup direct à la tête ou d'un impact au corps. Ces contacts, lorsqu'ils sont violents, provoquent un va-et-vient du cerveau à l'intérieur de la boîte crânienne et les secousses peuvent endommager les fragiles tissus cérébraux. Maux de tête, étourdissements, troubles de l'équilibre ou confusion, les symptômes consécutifs à une commotion cérébrale sont nombreux. «Si on applique le protocole, si la personne ne retourne pas trop vite au jeu, la commotion cérébrale guérit bien et ne laisse pas de séquelles dans la très grande majorité des cas», souligne Pierre Frémont.
Selon lui, la problématique va plus loin que les sports de contact que sont le hockey et le football. L'ensemble des activités sportives serait susceptible de causer des commotions cérébrales. Même la gymnastique, un sport où les chutes sont fréquentes. Il donne en exemple la mêlée autour du panier de basketball. «Lorsque les joueurs sautent à plusieurs pour marquer ou pour empêcher des points, explique-t-il, un joueur peut recevoir un coup accidentel dans le dos au niveau de la cage thoracique. Comme il ne voit pas venir le coup, la musculature de son cou n'a pas le temps de se contracter et la tête subit un ballotement violent.»
Pierre Frémont est à l'origine du MOOC (Massive Open Online Course) sur les commotions cérébrales. Il en est le responsable et en sera le principal enseignant. Il recevra l'appui de quelques collègues de la Faculté de médecine. La formation sera offerte du 25 avril au 10 juin. La période d'inscription, en marche depuis le mois de décembre, se poursuivra jusqu'au 16 mai. Ensemble, les experts de l'Université démystifieront la commotion cérébrale et préciseront le rôle des différents intervenants impliqués dans la gestion de ce type de problème. Ils outilleront toute personne, que ce soit un parent, un entraîneur ou un enseignant, appelée à intervenir dans un cas de commotion cérébrale.
«Les contenus du MOOC ont été conçus spécifiquement pour ce projet, indique Pierre Frémont. Ils sont tirés des contenus que j'ai développés dans ma carrière. Ils sont centrés sur des évidences scientifiques.» La formation contiendra des témoignages de gens de terrain, entraîneurs, thérapeutes et autres, qui ont géré des situations de commotion cérébrale. «En général, ajoute le professeur, le sport de haut niveau applique bien les bonnes pratiques en matière de commotions cérébrales. Il faut maintenant les étendre aux premiers niveaux de participation, avec les adolescents. Le MOOC devient le véhicule parfait pour jouer ce rôle.»
La formation comprendra, entre autres, des présentations commentées et des forums de discussion. Dans ces forums, les participants pourront échanger entre eux et avec l'enseignant. Des capsules vidéo bonifieront les contenus. Le MOOC s'appuiera sur une plateforme technique évolutive, flexible, performante et conviviale conçue à l'Université Laval. L'expertise de 30 ans de l'Université en formation à distance a également été mise à profit. L'Université offre plus de 800 cours en ligne et 80 programmes d'enseignement à distance.
Mentionnons que ce MOOC est le second à être lancé par l'Université. Le premier, sur le développement durable, a vu le jour l'an dernier. Près de 6 000 personnes de 93 pays s'étaient inscrites. La deuxième édition de cette formation débutera le 1er février.
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