2 février 2021
Les chercheurs, ces superhéros de la connaissance
Trois professeurs de la Faculté de médecine dentaire de l’Université Laval font l’objet d’une bande dessinée créée par des artistes en résidence au Réseau de recherche en santé buccodentaire et osseuse
Marier science et bande dessinée, c’est le pari relevé par deux artistes en résidence au Réseau de recherche en santé buccodentaire et osseuse (RSBO), Daniel Ha et Martin Patenaude-Monette. Chacun de leur côté, ils sont allés à la rencontre de divers experts pour découvrir les coulisses de la recherche. En résulte une série de BD, dont quelques extraits ont été diffusés sur le Web. On espère maintenant attirer l’attention d’un éditeur pour publier un recueil.
L’objectif de ce projet est de mettre en valeur et de vulgariser les travaux de recherche en santé buccodentaire et osseuse. «Le RSBO vise à décloisonner les chercheurs entre eux, mais aussi à créer des ponts avec le reste de la société. Les arts sont un moyen extraordinaire d’encourager la créativité et l’imagination, ce qui est très important dans le milieu scientifique, et de montrer au grand public à quel point les travaux de recherche sont utiles», dit Christophe Bedos, codirecteur de cette association qui réunit une centaine de chercheurs au Québec.
Pour recruter des participants prêts à accueillir un bédéiste dans leur milieu de travail, le RSBO a lancé un appel auprès de tous ses membres. «Les chercheurs sont extrêmement occupés, mais plusieurs ont accepté de participer. Une proportion de nos membres sont également artistes. Ils ont donc un profond intérêt pour ce type de projet», souligne la coordonnatrice du réseau, Andrée Lessard.
À l’Université Laval, trois chercheurs se sont prêtés au jeu. Il s’agit de Daniel Grenier, Abdelhabib Semlali et Fatiha Chandad. Ils sont respectivement professeur de microbiologie, professeur de biologie cellulaire et moléculaire et vice-doyenne aux études supérieures et à la recherche à la Faculté de médecine dentaire. Les autres chercheurs sont issus de différents centres de recherche associés à l’Université McGill et à l’Université de Montréal.
Les bédéistes avaient carte blanche pour créer leurs planches. Bien qu’il soit dentiste en plus de son métier d’illustrateur, Daniel Ha a dû sortir de sa zone de confort pour aborder des sujets pointus. «Ce projet diffère de ma pratique habituelle de bédéiste. Quand je fais de la BD, ce n’est pas sur la science. Ce fut une expérience enrichissante. Le simple fait d’aller à Québec pour rencontrer Dr Grenier et me faire expliquer les tâches, les procédures et les équipements dans son labo, c’était tellement intéressant!»
Après sa rencontre avec ce chercheur, Daniel Ha a choisi de mettre en valeur ses recherches sur les polyphénols, des molécules organiques ayant des effets bénéfiques sur la santé buccale. Quand il a vu la BD, le principal intéressé a été agréablement surpris. «J’ai été tout à fait impressionné par la qualité du travail compte tenu du peu de temps que j’ai passé en compagnie du bédéiste, raconte Daniel Grenier. Tous mes amis non chercheurs à qui j’ai montré la bande dessinée ont été épatés et ont enfin mieux compris en quoi consiste une partie de mes activités de recherche.»
Martin Patenaude-Monette, quant à lui, a rencontré Abdelhabib Semlali et Fatiha Chandad. L’artiste, biologiste de formation, a pu visiter les laboratoires du GREB, le Groupe de recherche en écologie buccale dirigé par la professeure Chandad. «Pour les dentistes, il va de soi que la bouche est un univers de microorganismes, mais je n’avais jamais envisagé cette partie du corps comme un écosystème. C’est ce sur quoi travaille le GREB avec plusieurs ramifications. Je trouvais le sujet de l’écologie buccale si captivant que j’ai utilisé le thème de la bouche pour expliquer les caries et les problèmes de dents liés à des déséquilibres dans l’écosystème des microorganismes.»
D’autres BD portent notamment sur la parodontie, le bruxisme, l’accès aux soins des personnes à mobilité réduite et la bioimpression, comme quoi les travaux du RSBO sont fortement multidisciplinaires. «J’ai été surpris de voir comment un champ de recherche pouvant paraître très spécifique de l’extérieur peut être vu de tellement d’angles différents. Ce projet est un rappel que la recherche est diverse et multiple», conclut Martin Patenaude-Monette.