![Denis Brière, recteur de l'Université Laval.](https://assets.ulaval.omerloclients.com/c6cc2bbfa9a5f0a1f0b0dedb8bfa18eec0b0c409f146b0de7aad1a5dc337ff93.jpg??width=1024)
Denis Brière, recteur de l'Université Laval.
— Marc Robitaille
En quoi la CREPUQ ne répond-elle plus aux besoins de l’Université?
Au cours des dernières années, une tendance s’est développée au Québec, soit celle de considérer toutes les universités québécoises comme un groupe homogène dont les membres sont collectivement responsables des décisions de chacun. Cette tendance menace non seulement la diversité des universités, mais également leur autonomie. À titre d’exemple, lorsque le gouvernement du Québec a annoncé, tout juste avant le Sommet sur l’enseignement supérieur, les compressions financières rétroactives auxquelles je me suis opposé, nous n’avons pas eu le soutien de la CREPUQ. Je peux comprendre que, pour une organisation à ce point diversifiée, cela demeure très difficile de défendre les intérêts, la spécificité et l’identité d’une université comme la nôtre. En fait, la réalité est que l’Université Laval a davantage d’affinités, en ce qui concerne la recherche et les stratégies de développement, avec le groupe des 15 grandes universités de recherche canadiennes, le U15.
La CREPUQ offrait jusqu’ici des services importants, notamment pour l’échange d’étudiants, le recrutement dans les cégeps, l’achat de livres à la Bibliothèque et l’évaluation des nouveaux programmes. Faut-il s’attendre à une baisse de services à l’Université ?
Non. D’abord, même si l’Université Laval n’est plus membre de la CREPUQ, elle continuera de lui verser sa contribution durant une période de six mois, ce qui lui permettra de bénéficier des services offerts. Pendant ce délai, l’Université discutera des mesures de transition appropriées avec les différents organismes concernés, dont la CREPUQ, mais aussi le ministère de l’Enseignement supérieur et le futur Conseil national des universités. Par ailleurs, il est prévu que l’offre des services offerts par la CREPUQ soit révisée lors du prochain chantier du Conseil. Se retirer de la CREPUQ ne signifie pas pour autant que nous cesserons nos nombreuses collaborations avec certaines universités, bien au contraire! Comprenons-nous bien: il continuera d’y avoir des services interuniversitaires. Loin de nous l’idée de faire cavalier seul parmi les universités au Québec.
Que pensez-vous de la proposition de la Coalition avenir Québec de moduler les droits de scolarité suivant le coût des programmes d’études?
Je n’ai jamais officiellement soutenu cette proposition sur la modulation des frais de scolarité. Bien que je ne sois pas contre, je ne crois pas qu’il s’agisse d’une solution magique. Ce n’est pas la modulation qui va résoudre les problèmes financiers des universités. Oui, c’est une solution qui peut avoir un certain sens. Mais, selon moi, la situation est beaucoup plus sérieuse. Chaque année, le Ministère indexe de 0,71% la subvention pour les coûts de système (chauffage, salaires, etc.) alors que ceux-ci augmentent de 1,5% à 2% par année. Il nous faut donc assumer, chaque année, entre 8 et 10 M$ pour couvrir la différence. D’autre part, les effets de la modulation sur l’accessibilité aux études dans les secteurs à coûts plus élevés doivent être analysés avec soin.