Ils étaient 44. Des étudiantes et des étudiants provenant de différentes facultés, en premier lieu de la Faculté des sciences de l’administration. Durant trois semaines, soit du 13 au 31 mai, ils ont représenté des entreprises clientes du Québec dans un total de 4 pays: le Canada, le Mexique, le Maroc et la Corée du Sud. Parmi eux, 36 ont agi comme agents de développement commercial, les 8 autres comme agents de recrutement d’employés, tout cela dans le cadre des Missions commerciales de l’Université Laval.
«Depuis 1997, pas moins de 64 missions commerciales se sont déroulées dans 24 pays, explique le directeur général Antoine Cauchon. En date d’aujourd’hui, plus de 900 étudiantes et étudiants ont pris part aux missions comme représentants de plus de 700 entreprises québécoises.»
Pour rappel, les Missions commerciales sont rattachées à la Faculté des sciences de l’administration. Elles offrent un programme de formation pratique de quelques mois. Durant leur préparation, les participantes et les participants ont la responsabilité de trouver une entreprise cliente et d’échanger avec le dirigeant. En développement des affaires, ils apprennent, entre autres, à faire des études de marché et faire de la recherche de partenaires. En recrutement d’employés, ils en apprennent plus sur les qualifications et sur la reconnaissance des acquis et des compétences.
Plusieurs secteurs d’activité
«Plusieurs secteurs d’activité étaient représentés cette année, souligne le directeur général. L’agroalimentaire était présent dans les quatre pays de destination. On comptait des entreprises offrant des services d’ingénierie, d’autres étaient actives dans le bâtiment, de même que le manufacturier, comme des chaudières électriques et de la machinerie pour filtrer les déchets, des lasers, des composants électroniques, des logiciels et des composants pour des infrastructures.»
Antoine Cauchon indique que les marchés lointains géographiquement peuvent être intimidants pour les entrepreneurs d’ici, que ce soit à cause de la distance culturelle ou linguistique. «Mais, poursuit-il, si vous avez un produit ou un service qui se différencie, si vous avez soif d’explorer ces pays, il ne faut pas avoir peur de le faire parce que cela peut être porteur de résultats assez rapidement. C’est ce qu’on a vu au mois de mai dans les secteurs de l’agroalimentaire et des technologies. Il y a eu des demandes de soumission pour des composants métalliques, industriels, optiques pendant la mission ou juste après. Donc, c’est faisable.»
Au cœur de l’Asie
Jana Plourde est inscrite au baccalauréat intégré en études internationales et langues modernes avec concentration en gestion et affaires internationales. Son pays de destination était la Corée du Sud. Au cœur du continent asiatique, face à la barrière que représentait une langue tout à fait inconnue, elle a représenté CBCo Alliance, un regroupement de trois entreprises verticalement intégré et spécialisé dans tous les aspects de l’industrie porcine.
Selon elle, le choix de la Corée du Sud n’est pas dû au hasard. «Ce pays, explique-t-elle, est un de ceux qui consomment le plus de porc. Le Canada, lui, est un des pays qui exportent en ce moment le plus de porc vers la Corée du Sud. La demande est là et le marché est en croissance.»
La délégation de l’Université Laval résidait dans un hôtel de la capitale, Séoul. Tous et toutes commençaient leur journée à 8h30 après avoir déjeuné. Ils se dispersaient dans la ville pour aller à des rendez-vous ou ils travaillaient sur place à faire des appels pour la recherche de contacts d’affaires. Jana Plourde avait établi plusieurs contacts avant son départ du Québec. Pour ses rendez-vous, elle se déplaçait en métro ou bien en autobus. À 17h, l’ensemble du groupe se réunissait à la réception de l’hôtel pour une séance de débreffage où chacune et chacun décrivait les avancées réalisées au cours de la journée dans la réalisation de son mandat.
La langue et la culture
Selon l’étudiante, la barrière de la langue était «très très présente». «Il est étonnant, dit-elle, de voir à quel point il est difficile de communiquer avec la population coréenne dans la vie de tous les jours, ne serait-ce que pour commander un café ou pour se rendre à un rendez-vous. J’ai utilisé très souvent l’appli coréenne Papago. Je disais ma phrase en anglais et l’appli traduisait en coréen parlé. Par contre, les gens avaient une bonne maîtrise de l’anglais dans les grosses entreprises où je suis allée, des entreprises avec une bonne expérience de l’international. Une fois, on m’a assigné une interprète.»
Là-bas, la culture «est très axée sur la masculinité». Cela dit, l’agente de développement n’a pas senti beaucoup de différences du fait qu’elle soit une femme. «Cela se passe assez bien», ajoute-t-elle. Durant son voyage, elle a rencontré plusieurs femmes actives sur le marché du travail. «Cela m’a aidée dans mes interactions. D’ailleurs, le fait d’être une Canadienne née à l’étranger m’a donné une plus-value.»
Un défi
Selon elle, participer à une mission commerciale se résume à une phrase clé: «C’est un défi», affirme-t-elle. «Et je pense l’avoir relevé avec brio, poursuit-elle. C’est littéralement entrer dans le monde du commerce, en pleine action. C’est vivre l’expérience après avoir reçu des formations toute l’année et de la rétroaction de la part des anciens qui ont déjà vécu les missions commerciales. C’est plaisant de connaître leur expérience. On est bien préparés, ce qui permet de vivre l’expérience à son plein potentiel.»
Jana Plourde avait pour mandat de faire une étude de marché sur les habitudes de consommation des Sud-Coréens par rapport à l’industrie du porc ou de la viande. Pour cela, elle a visité une douzaine d’entreprises. Cela lui a permis d’avoir une image globale sur les préférences des consommateurs, sur ce qui se vend le plus dans ce pays. Son autre mandat consistait à faire connaître son entreprise cliente. «Je considère avoir obtenu un bon résultat, soutient-elle. D’abord, mes données ont confirmé mes recherches prédépart. Ensuite, plusieurs entreprises ne connaissaient pas CBCo Alliance et étaient très intéressées. J’ai pu les mettre en contact.»
Une entreprise cliente réactive
Durant la mission, l’étudiante a été en contact chaque vendredi par courriel avec l’un des copropriétaires de son entreprise cliente ainsi qu’avec la responsable des ventes et de la logistique à l’international. «Ils étaient très réactifs à mes messages, explique-t-elle. Ils réagissaient, malgré le décalage horaire, vers 9h ou 10h du soir à Québec. Comme mes collègues, j’envoyais un résumé détaillé de ma semaine. Il portait sur les entreprises rencontrées et sur les avancées faites sur mon mandat.»
Elle dit être revenue enchantée de son séjour au «pays du matin calme». «J’ai vraiment aimé mon expérience, souligne-t-elle. J’ai appris énormément sur mes capacités. Lorsque j’ai intégré les Missions commerciales, je n’étais pas certaine de ce que je pouvais faire dans la vente. La mission m’a vraiment permis de découvrir une partie de mon savoir-faire. Elle m’a certainement ouvert des portes pour un futur dans le commerce et la vente. Ce défi, je suis fière de l’avoir relevé. D’ailleurs, je débuterai cet automne un programme de maîtrise en gestion du développement international et de l’action humanitaire à la Faculté des sciences de l’administration.»