
Marie-Josée Dupuis, conseillère en pédagogie universitaire au Bureau des Premiers Peuples, et Julie Turgeon, responsable des partenariats, du développement et des projets spéciaux à Mon équilibre ULaval, dans un moment de détente sur la place Jeanne-Lapointe.
— Université Laval, Yan Doublet
L'ancien pavillon des Sciences de l'éducation, soit la tour jumelle nord du campus, fait à nouveau parler de lui. Il y a un peu plus d'un an, le 8 mars, le pavillon est devenu le pavillon Jeanne-Lapointe, du nom de la première femme professeure de littérature à l'Université Laval. Cette pionnière a également joué un rôle important, durant les années 1960, dans travaux de la commission Parent sur la modernisation du système d'éducation québécois. Puis, de mai à octobre 2024, l'extérieur avant du pavillon s'est refait une beauté. Un espace réaménagé d'environ 415 mètres carrés porte depuis le nom de place Jeanne-Lapointe.
«Le lieu est ouvert et il est déjà très fréquenté, entre autres par les gens qui arrivent sur l'heure du dîner, indique Julie Turgeon, responsable des partenariats, du développement et des projets spéciaux à Mon équilibre ULaval. La totalité du projet a été livrée au niveau des infrastructures fin octobre 2024. Il ne reste que l'espace détente dédié aux Premiers Peuples, qui va se compléter en juin 2025.»
La place Jeanne-Lapointe a nécessité des investissements totaux de près d'un million de dollars. Les coûts ont été assumés en totalité par l'Université Laval. De son côté, la Caisse Desjardins de l'Université Laval, par l'entremise de son Fonds d'aide au développement du milieu, a fait une contribution d'environ 50 000$ pour le mobilier urbain non fixe et pour les ajouts artistiques et végétaux de l'espace détente dédié aux Premiers Peuples.
L'endroit est également le fruit d'un effort de conception concerté entre plusieurs parties prenantes du campus, notamment quelques facultés dont celle d'Aménagement, d'Architecture, d'Art et de Design, le Bureau des Premiers Peuples et le Bureau de la vie étudiante.
«Le rôle de Mon équilibre ULaval a été de rassembler autour d'une même table des utilisateurs potentiels de la future Place Jeanne-Lapointe, des gens qui ont intérêt à faire vibrer, à créer, à enrichir l'expérience étudiante», explique Julie Turgeon.
Selon elle, une telle infrastructure répond à un besoin, celui de respirer de l'air pur à l'extérieur tout en créant des liens sociaux. «Le tissu social, dit-elle, est si important au niveau de la santé. Un tel endroit permet aux gens de socialiser, de manger ensemble, d'étudier. Elle donne une belle énergie tout au long de l'année. Même l'hiver, car on aimerait avoir de petits foyers autour desquels s'asseoir pour se réchauffer.»
La place se voit de loin grâce à son élément principal: une impressionnante structure de bois de type préau couvert, qui procure de l'ombrage et qui protège des intempéries. Sa hauteur totale est de 5,3 m. Ses dimensions en plan sont de 8,0 m par 7,7 m. Cette structure de bois lamellé-collé, fruit d'un design sur mesure, est faite d'épinette, de pin tordu et de pin gris, toutes des essences provenant du Québec. Ce préau est une réalisation de la firme Art massif structure de bois. Sa capacité est d'une trentaine de personnes assises.
Dans l'esprit de ses concepteurs, la place Jeanne-Lapointe se veut un lieu unique et vibrant. Stratégiquement situé, il peut servir à des conférences de presse, à des prestations théâtrales, à étudier, à faire des travaux d'équipe et à des activités sociales entre collègues. Il est d'ailleurs possible pour les membres de la communauté universitaire de réserver la place pour de telles activités.
«L'endroit peut aussi être un lieu d'apprentissage, souligne-t-elle. Par exemple, la Faculté de philosophie, qui loge au pavillon voisin, pourrait très bien décider de sortir une journée et y donner un cours.»
Les Premiers Peuples, bien présents
Il ne reste plus que quelques semaines avant la fin des travaux d'aménagement de l'espace détente dédié aux Premiers Peuples. L'agence abénakise Niaka, spécialisée en design graphique, ainsi que l'artiste et illustrateur Mathieu Laroche étaient chargés de trouver le concept du projet et de réaliser le volet visuel.
«L'idée est d'aller chercher l'inspiration du territoire, une notion très importante chez les Autochtones», indique Marie-Josée Dupuis, conseillère en pédagogie universitaire au Bureau des Premiers Peuples.
L'espace est occupé, pour l'essentiel, par un long banc fait de ciment en forme de cercle. Il entoure une table en béton sur laquelle une œuvre à venir représentera les cultures des 11 nations autochtones du Québec. Sur le dossier du banc, des images d'animaux sauvages ont été imprimées.
«Ces animaux, poursuit-elle, ont été choisis parmi ceux qui ont une place symbolique et qui sont associés à des valeurs fondamentales pour les différentes nations et cultures autochtones. Une affichette expliquera tout cela. Par exemple, l'ours égale la force et le courage, la tortue représente la Terre-Mère et la sagesse, le castor symbolise la créativité.»
Ce n'est pas tout. Des aires de plantation situées à côté de l'espace feront la part belle aux plantes, arbustes et arbres fruitiers associés aux Premiers Peuples. «La courge, le maïs et le haricot, que l'on surnomme “les trois sœurs” et qui étaient traditionnellement cuisinées ensemble, vont pousser ici», explique-t-elle.
Marie-Josée Dupuis voit l'espace détente dédié aux Premiers Peuples comme un pas dans l'esprit du mieux-vivre ensemble.
«L'espace n'est pas réservé aux personnes autochtones du campus, soutient-elle. Les membres allochtones de la communauté universitaire sont aussi invités.»
Le Bureau des Premiers Peuples prévoit utiliser la place Jeanne-Lapointe pour différents événements. L'un d'eux sera la Journée nationale des peuples autochtones, le 21 juin. Un autre, la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, aura lieu le 30 septembre.