Le 25 mars dernier, le caucus des associations étudiantes de la Confédération des associations d’étudiants et étudiantes de l’Université Laval (CADEUL) a adopté un important document qui trace la voie vers une amélioration de la vie étudiante et une bonification de l’expérience universitaire à l’Université Laval. Ce rapport d’une trentaine de pages se veut l’aboutissement d’un événement d’envergure qui s’est déroulé sur le campus en octobre 2023: le Sommet étudiant, le premier du genre à l’Université. Les contenus des ateliers de discussion du Sommet ont été analysés pour servir de base au rapport. Celui-ci contient 40 recommandations.
La CADEUL, l’Association des étudiantes et des étudiants de Laval inscrits aux études supérieures (AELIES), la direction de l’Université et plusieurs unités administratives avaient organisé ce moment privilégié d’échange et de réflexion d’une durée de cinq jours. Les discussions ont tourné autour de cinq thèmes: la santé mentale, la santé financière, le campus inclusif, les aspects pédagogiques et les services à la communauté.
Le rapport a été rédigé conjointement par la CADEUL, l’AELIES et l’Association étudiante de l’Université du 3e âge de l’Université Laval. Rappelons que la CADEUL rassemble 89 associations départementales et facultaires représentant plus de 35 000 étudiantes et étudiants inscrits au 1er cycle. L’AELIES, pour sa part, représente l’ensemble de la communauté étudiante des 2e et 3e cycles, soit quelque 15 000 personnes.
Une meilleure communication
Cathia Bergeron est vice-rectrice aux études et aux affaires étudiantes, responsable de la santé. En entrevue avec ULaval nouvelles, elle souligne d’entrée de jeu que plusieurs des recommandations du rapport réfèrent à des dossiers qui étaient déjà en marche avant le Sommet. «Des actions se font déjà à l’Université, des services sont offerts dans plusieurs cas, explique-t-elle. On peut penser au cours Découvrir le Québec et aux bourses pour les cours de français offerts aux étudiants de l’international. Mais une grande partie de la communauté étudiante nous dit qu’elle est plus ou moins au courant de tel ou tel service et que l’accès n’est pas si évident. Nos étudiants nous disent souvent qu’ils reçoivent beaucoup d’informations. Mais comment fait-on émerger cette information parmi tant d’autres?»
Selon elle, la pandémie de COVID-19 a fait en sorte que les gens ont de nouveaux repères et qu’ils utilisent de nouveaux moyens de communication. «C’est normal, dans ces circonstances, de ne pas pouvoir rejoindre tout le monde, poursuit-elle. Mais cette situation peut être bonifiée par une meilleure communication. On va faire ce travail ensemble, la direction de l’Université et les deux grandes associations étudiantes.»
James Boudreau est le président sortant de la CADEUL. Il revient sur l’étroite collaboration qui s’est forgée entre la direction de l’Université et les deux grandes associations étudiantes. «On a collaboré ensemble dans la conception et l’organisation du Sommet, dit-il, et cela continuera avec le suivi du rapport qui se fera à l’intérieur de la rencontre mensuelle des associations étudiantes avec la vice-rectrice.»
Cathia Bergeron rappelle les origines de cette coconstruction. «L’idée du Sommet est venue à la rectrice Sophie D’Amours pendant la course au rectorat de son second mandat, raconte-t-elle. Elle voulait rencontrer les étudiants, les entendre et connaître leurs priorités. Dès la première année de son second mandat, elle a mis en marche le projet de Sommet.»
Plusieurs enjeux
Le volet santé mentale du rapport contient à lui seul 11 recommandations. Le développement de programmes de pairs aidants ou de mentorat pour les étudiantes et les étudiants nouvellement inscrits est l’une d’elles. Une autre consiste à réduire le nombre de crédits universitaires requis pour être considéré comme étant à temps plein aux cycles supérieurs.
Dans le volet santé financière, il est recommandé que les étudiantes et les étudiants qui travaillent pour l’Université comme auxiliaires administratifs, de recherche et d’enseignement reçoivent un salaire adéquat et comparable à celui offert dans les autres grandes universités québécoises.
Une des recommandations du rapport, qualifiée de très importante par James Boudreau, découle de l’atelier de discussion sur le campus inclusif. Elle se lit comme suit: «Que l’Université Laval, le Bureau de l'équité, la diversité et l'inclusion (EDI) et le Bureau du respect de la personne (BRP) sensibilisent la communauté universitaire sur le respect du choix de prénom et pronom effectué par chaque membre de la communauté.»
«Cet enjeu concerne l’identité de genre, indique-t-il. La CADEUL travaille là-dessus depuis un bon moment. Dans le mouvement étudiant, c’est rendu très récurrent. Dans les rencontres formelles, on inscrit notre genre sur un petit carton.»
La vice-rectrice renchérit. «C’est un très bel exemple de recommandation, affirme-t-elle. Nos étudiants ont ça à cœur. Des personnes souhaitent qu’on identifie leur genre au niveau de leur prénom et de leur nom de famille. Elles sentent le besoin, pour toute raison, que l’identité choisie se reflète dans les différents systèmes de l’Université, que leur identifiant soit différent de celui qui est enregistré officiellement. Il y a une complexité derrière cet ajustement des systèmes, mais nous y sommes presque.»
De l’engagement étudiant aux étudiants internationaux
Frank Kenfack Jumetio est le président sortant de l’AELIES. Il identifie deux recommandations relatives aux étudiantes et aux étudiants inscrits aux cycles supérieurs. La première porte sur la politique de reconnaissance de l’implication étudiante. La seconde concerne la politique relative aux étudiantes et aux étudiants parents. «Les deux politiques sont en révision, dit-il. La première vise à redynamiser l’engagement étudiant. Il faut faire face à la crise de l’engagement causée par la pandémie de COVID-19. Cette politique doit être revue et publicisée davantage. Les travaux du comité ont commencé il y a quelques mois. Nous soulignons l’écoute de l’administration universitaire dans ce dossier.»
Pour sa part, Cathia Bergeron insiste sur la précarité financière des étudiantes et des étudiants. «On entend partout parler de précarité financière, explique-t-elle. Il s’agit d’une préoccupation majeure des étudiantes et des étudiants. La direction de l’Université est sensible à cette réalité. Nous essayons vraiment de travailler à faire en sorte que tout notre programme de bourses d’études et d’aide financière soit maximisé.»
Et les étudiants de l’international? Durant le Sommet étudiant, les intervenants ont dit se sentir bien reçus, parfois pas assez outillés pour leur intégration, et vouloir être davantage encadrés. Une recommandation du rapport porte sur la tenue de séances d’information et la production d’un guide d’études sur des aspects tels que le système de notation, les règles relatives au plagiat et le type d’enseignement offert. «Nous accueillons cette recommandation très favorablement, soutient la vice-rectrice. Notre objectif est que ces étudiantes et ces étudiants réussissent. Je dis souvent qu’il ne faut pas seulement les accueillir, mais les accompagner jusqu’au bout, jusqu’à la diplomation. Lorsqu’on change de milieu et de culture, on fait face à beaucoup d’obstacles. Il faut qu’ils soient le mieux outillés possible pour s’intégrer, pour connaître nos services.»
Consulter le Rapport sur les ateliers de discussion du Sommet étudiant 2023