Lorsque l’on parle des missions commerciales de l’Université Laval, on pense à des équipes d’étudiantes et d’étudiants qui vont représenter des entreprises québécoises sur les marchés étrangers. Or, l’inverse est également vrai, comme viennent de le démontrer 10 étudiantes et étudiants de l’Université de l’Alberta durant une mission commerciale de deux semaines à Montréal et à Québec, du 29 avril au 10 mai.
«Nous développons ce projet depuis le début de 2023, explique Catherine Talbot, responsable du développement et du marketing aux Missions commerciales de l’Université Laval. Pour une deuxième fois, nous avons formé, encadré et accueilli des étudiants universitaires hors Québec et, pour la première fois, une mission provenait du Canada. Depuis, on fait du développement pour trouver d’autres universités canadiennes intéressées à collaborer avec nous comme partenaires dans des missions commerciales. Concrètement, il est dans nos objectifs de répéter l’expérience en 2025 avec l’Université de l’Alberta.»
Un des aspects importants que vérifient les responsables des Missions commerciales est la façon dont les étudiantes et les étudiants peuvent obtenir des crédits dans leur parcours universitaire pour cette expérience plus exigeante qu’un cours traditionnel.
Des étudiants inscrits au MBA
Les membres de la mission sont tous inscrits à l’Université de l’Alberta, à Edmonton. La moitié provient du campus Saint-Jean, où l’enseignement se fait en français. La plupart sont inscrits au baccalauréat en administration des affaires.
Au mois de janvier 2024, les responsables des Missions commerciales se sont rendus en Alberta rencontrer en personne les candidates et les candidats sélectionnés. La formation qu’ils leur ont donnée portait sur la manière de trouver une entreprise cliente à Edmonton souhaitant développer des liens d’affaires au Québec. Les rouages du processus de vente ont été abordés, ainsi que la manière d’échanger avec les dirigeants des entreprises approchées, par exemple la formulation d'un courriel.
«Nous avons organisé des séances d’appels avec les étudiants à l’étape de la prospection d’entreprises au Québec, que ce soit de la recherche de partenaires, de fournisseurs, de distributeurs, raconte Catherine Talbot. Nous étions en virtuel. Nous allions les voir dans des salles de discussion pour s’assurer que leur approche était correcte. Parfois certains utilisaient le tu dans leur conversation. Nous leur disions de plutôt utiliser le vous. D’autres disaient “allô”, ce qui n’est pas professionnel, plutôt que “bonjour”.»
Les agentes et les agents de développement ont représenté six entreprises de l’Alberta. Trace Applications commercialise un logiciel de gestion documentaire pour les entreprises de fabrication d’aciers et d’alliages de haute qualité. Markanyx est un créateur de plateformes d’apprentissage en ligne personnalisées pour les entreprises. K & F Rollshutter Manufacturing propose des volets roulants extérieurs sécurisés et économes en énergie aux résidences et aux entreprises. New Tendance Communication est une entreprise de marketing et de promotion numériques. Paradox Access Solutions est active dans la construction de routes, la stabilisation des sols et l’aménagement du territoire. Enfin, Arrai Innovations est un fournisseur de services Internet qui propose des solutions logicielles personnalisées.
Plus de 800 agents de développement pour 900 entreprises d’ici
Selon la responsable du développement et du marketing, effectuer leur mission au Québec a représenté un gros avantage pour les participantes et les participants albertains. Elle rappelle que depuis 1997, plus de 800 anciens étudiantes et étudiants des Missions commerciales de l’Université Laval ont représenté quelque 900 entreprises.
«Nos anciens, dit-elle, ont un fort sentiment d’appartenance aux Missions commerciales. Durant la mission qui vient de se terminer, nous avons organisé deux événements réseautage avec eux et les étudiants albertains. À ces derniers, nous avons donné accès à notre réseau. Nous leur avons aussi remis une liste d’entreprises que nous connaissons et qui pouvaient représenter un potentiel d’affaires pour eux. Notre force est de bien connaître le marché au Québec. Nous voulions que les étudiants travaillent aussi par eux-mêmes. Mais nous leur avons donné un coup de pouce pour s’assurer que leur mission se passe bien. Et que leurs clients soient satisfaits.»
Selon Catherine Talbot, le bilan de l’expérience s’avère positif. «Ils n’avaient pas trop d’attentes pour le Québec, souligne-t-elle, et leurs attentes ont été surpassées. Seuls deux ou trois d’entre eux étaient déjà venus au Québec. Ils ont été agréablement surpris. Ils ont beaucoup aimé Montréal et Québec. Ils ont rencontré des personnes super intéressantes. Des rencontres porteuses à Québec plus qu’à Montréal, je dirais.»
Elle ajoute que les résultats seront davantage visibles dans les mois à venir. «La mission, poursuit-elle, a davantage servi à des prises de contacts, à créer des relations, à faire connaître la marque aussi. Déjà, des démonstrations sont prévues pour vraiment expliquer certains produits. Des étudiants ont identifié de futurs acheteurs.»
La passion du marketing
Vivika Sharma vient de terminer la troisième année de son baccalauréat bilingue en commerce à l’Université de l’Alberta, avec une spécialisation en marketing. Elle faisait partie de la mission au Québec. «Depuis mon entrée à l’université, raconte-t-elle, ma passion pour le marketing s’est manifestée de manière évidente dans le travail que j’ai effectué au sein des clubs étudiants, dans le bénévolat et dans mes stages. Mais je n’avais jamais été confrontée aux aspects de la vente et du développement. J’ai pensé que c’était une bonne idée d’élargir mon horizon et de me pousser plus loin sur le plan professionnel. J’ai apprécié le fait que le programme soit également crédité. De plus, je n’étais jamais allée au Québec auparavant, alors c’était une occasion qui m’exposerait à beaucoup de nouvelles choses!»
L’étudiante représentait K & F Rollshutter Manufacturing, une entreprise familiale de troisième génération d’Edmonton active dans le secteur manufacturier. Celle-ci possède une usine de fabrication interne où elle construit des volets roulants sur mesure. «Mon mandat, explique-t-elle, était d’aider l’entreprise à accroître sa présence sur le marché québécois en lui trouvant des distributeurs prometteurs. Pour mon mandat, j’ai eu une bonne expérience dans les deux villes, mais j’ai eu un horaire plus chargé à Montréal. Dans l’ensemble, j’ai pu rencontrer des distributeurs potentiels prometteurs intéressés par les produits de l’entreprise, dont l’un a même évoqué la possibilité de distribuer nos produits dans les Caraïbes également! Un autre client est déjà en train de passer une commande.»
Vivika Sharma dit avoir réussi sa mission. «Je suis heureuse de dire que je l’ai fait, affirme-t-elle. Mon entreprise souhaitait que je revienne avec quelques contacts prometteurs et j’ai pu les surprendre en leur proposant non seulement un développement au Québec, mais aussi dans les Caraïbes!»
Cette expérience va-t-elle influencer son choix de carrière? «Je dirais que cette expérience m’a ouvert les yeux sur de nombreuses possibilités de carrière que je n’avais pas envisagées auparavant, répond-elle. Elle m’a également permis de prendre conscience de mon potentiel en tant que professionnelle, et du fait que je suis capable d’accomplir et d’apprendre bien plus que ce que j’avais initialement prévu. Des portes se sont ouvertes pour moi et il est possible que je ne sois pas contre la possibilité de travailler dans le développement des affaires!»