
Aïcha Bastien N'Diaye, Wendat et gardienne diplômée, serre ici son père dans ses bras. On aperçoit aussi Michèle Audette, conseillère principale à la réconciliation et à l'éducation des Premiers Peuples à l'Université Laval, Marie-Philippe Ménard, coordonnatrice du nanoprogramme, et Justine Gagnon, professeure responsable.
— Chrystina Mérette
Le 18 mai, au cœur du territoire boréal de la Forêt Montmorency, 21 personnes étudiantes issues des Premières Nations ont célébré la fin de leur formation dans le cadre du nanoprogramme Gardiennes et gardiens du territoire de l'Université Laval. Cette troisième promotion, composée de leaders, de travailleuses et travailleurs communautaires et de personnes porteuses de savoirs, s'est vu remettre l'épitoge ainsi qu'un médaillon perlé, symbole de leur cheminement et de leur engagement pour la protection de leurs territoires.
Clôturant un nanoprogramme qui s'étale sur 15 semaines, ce séjour immersif à la forêt Montmorency, sous forme de grand rassemblement des savoirs, a permis aux personnes participantes de consolider leurs apprentissages, de partager des enseignements culturels d'importance et de développer des compétences stratégiques et spirituelles pour la gouvernance des terres et l'autodétermination des peuples autochtones. La cérémonie de clôture a réuni les personnes participantes, leurs formateurs et formatrices, des personnes aînées et des invités spéciaux.
«C'est un moment de reconnaissance profondément symbolique, à la fois autochtone et universitaire», a souligné Marie-Philippe Ménard, coordonnatrice du programme.
«Ces jeunes sont les acteurs d'un avenir ancré dans les savoirs traditionnels, mais aussi capables de dialoguer avec les outils de la science et de la gouvernance territoriale. Cette promotion est aussi une promesse pour les générations à venir», ont souligné Marie-Philippe Ménard et Justine Gagnon, professeure au Département de géographie et responsable du programme.

Ouverture de la cérémonie de clôture devant le shaputuan à la Forêt Montmorency
— Chrystina Mérette
Une formation enracinée dans les réalités autochtones
Mis sur pied en 2022 grâce à un partenariat entre l'Université Laval et la Fondation Mastercard, ce programme unique, menant à une reconnaissance de 3 crédits universitaires, vise à former des gardiennes et gardiens autochtones du territoire capables d'intervenir sur leurs terres ancestrales de façon culturellement pertinente, politiquement affirmée et écologiquement responsable. Il s'agit du premier programme francophone de ce type au Canada.
La formation se déploie en deux blocs offerts à distance, entrecoupés de séjours en territoire. Ces séjours permettent l'apprentissage et la mise en pratique de diverses compétences telles que la cartographie participative, la détection d'espèces vulnérables, la lecture des traces culturelles présentes sur le territoire ou encore la création de protocoles de surveillance territoriale. En outre, le nanoprogramme réserve une place centrale aux enseignements des personnes aînées, à la transmission intergénérationnelle et aux pratiques spirituelles et cérémonielles.
Approche inclusive
Depuis son lancement, le programme reçoit plus de 80 demandes annuellement, provenant de jeunes issus de diverses Premières Nations. L'approche inclusive, sans barrière à l'admission, favorise la participation d'étudiantes et d'étudiants autochtones souvent sous-représentés dans les parcours d'études classiques.
«La formation s'adapte aux réalités des étudiantes et des étudiants: beaucoup sont parents, travaillent déjà dans leur communauté comme techniciennes et techniciens en environnement, éducatrices et éducateurs ou jeunes leaders communautaires, explique Justine Gagnon. Le programme reconnaît leurs savoirs et leur donne des outils pour aller encore plus loin.»
La Forêt Montmorency, territoire de savoirs et d'expériences, a accueilli la dernière étape du parcours de cette troisième promotion. Symbole d'un dialogue évolutif entre recherche scientifique et savoirs traditionnels, ce milieu naturel représente un lieu privilégié où l'université s'ouvre aux savoirs autochtones, et où les gardiennes et gardiens peuvent renouer avec les fondements de leur mission: protéger, apprendre et transmettre.