
L'installation-performance Sois en saisons a été présentée les 3, 4 et 5 octobre près du boisé derrière le pavillon Louis-Jacques-Casault.
— Yan Doublet
Pendant trois jours en octobre, des spectatrices et spectateurs ont défilé à tour de rôle derrière le pavillon Louis-Jacques-Casault. Là, près du boisé étaient érigés trois dômes autour d'une petite place centrale. C'était la scène éphémère de l'installation-performance Sois en saisons, la première phase de l'initiative de recherche-création «Le facteur humain: projet exploratoire d'un laboratoire mobile pour favoriser le bien-être de la communauté ULaval par l'excellence des arts».
Porté par quatre membres du corps professoral de l'Université Laval – Liviu Dospinescu, Thierry Belleguic, Jocelyne Kiss et Alexandre David – et la professeure Carla Avila de l'Université fédérale du grand Dourados au Brésil, ce projet collectif et interdisciplinaire sonde les liens entre le mieux-être et l'expérience immersive de l'art. «Ce projet est né d'un désir simple: remettre l'humain au centre des pratiques artistiques. À travers différentes pratiques, comme le théâtre, le récit, la poésie, la danse et la musique, on explore les possibilités de créer un espace de bien-être, de présence à soi, d'écoute de l'autre et de lien avec le monde», explique le professeur de théâtre Liviu Dospinescu, responsable de la scénarisation et de la mise en scène de l'installation-performance.

Josiane Nguimfack, étudiante au doctorat en littérature et arts de la scène et de l'écran, interprétait l'Été.
— Yan Doublet
Exploiter tous les sens
Inspiré du théâtre rituel, le scénario – qui repose en partie sur des poèmes sélectionnés pour leur puissance évocatrice – propose une rencontre avec trois chamanes, chacune représentant une saison. Dans le premier dôme, la spectatrice ou le spectateur est appelé à revivre son enfance, le printemps de sa vie, sur les mots d’Anne Hébert (Les mains). La chanson Águas de Março d’Elis Regina et Tom Jobim (Eaux de mars, en français) s'y fait ensuite entendre alors qu'une joie puérile s’infiltre dans le dôme au même rythme que la bossa nova brésilienne. Dans le deuxième abri, c’est l’été, avec sa chaleur et sa langueur. La comédienne y récite notamment La nuit de Siné de l’écrivain sénégalais Léopold Sédar Senghor. Dans la troisième tente, l’odeur des feuilles d’automne accueille la visiteuse ou le visiteur, puis une douce nostalgie s'installe avec La chanson des escargots qui vont à l'enterrement de Jacques Prévert.
Au terme de ces visites, les trois chamanes se retrouvent sur la place centrale pour prendre le temps de se regarder, avant d'entonner Here comes the sun des Beatles. «C’est un regard libéré de tout stress. Les gens ont regardé à l’intérieur d’eux et ils sont prêts à connecter avec d’autres personnes. À la fin, on veut qu’il y ait un état d’esprit nouveau, un sentiment de bonheur et de bien-être. On veut libérer les émotions, apaiser l’esprit et célébrer la présence à soi et aux autres», confie le professeur Dospinescu.

Sur la place centrale, les trois chamanes interprétées par Claudia Pelletier, Josiane Nguimfack et Claudia Funchal chantent Here comes the sun avec la journaliste Manon Plante.
— Yan Doublet
Pendant une vingtaine de minutes, la performance se déploie pour une seule personne. Les codes du théâtre classique tombent; il n’y a plus de distance entre l’artiste et le témoin unique. «S’il y a un spectateur unique, forcément, il est absorbé par l’espace du jeu et amené à interagir, ne serait-ce que minimalement, avec la comédienne. Ce n’est plus un spectacle, c’est une rencontre intime», précise le professeur Dospinescu. En effet, le spectacle mime parfois la confidence. Dans chacun des dômes, les paroles chuchotées et portées jusqu’à l’oreille par un tube réduisent l’espace entre l’artiste et le témoin. «C’est une connexion à la fois physique et magique!», s’exclame le metteur en scène.

La comédienne Claudia Pelletier, qui interprète l'Automne, murmure dans un tube un poème de Jacques Pévert, La chanson des escargots qui vont à l'enterrement.
— Yan Doublet
L’impression d’immersion s’appuie également sur l’approche synesthésique. «Le bien-être passe par le corps. En mobilisant la vue, l’ouïe, l’odorat et le toucher, nous augmentons l’absorption du spectateur dans l’espace de jeu», souligne Liviu Dospinescu.
Rétrospection de l’expérience
Une fois parcourues les quatre stations de l’installation à l’extérieur, la spectatrice ou le spectateur est conduit dans une salle du pavillon Louis-Jacques-Casault pour revivre autrement l’expérience. Après avoir enfilé un casque de réalité virtuelle, chaque personne revoit les performances dans et hors des dômes pour retrouver le sentiment de bien-être qui l’habitait. «Le mieux-être, c’est vraiment le cœur de ce projet artistique!», conclut le metteur en scène.
L'initiative de recherche-création «Le facteur humain: projet exploratoire d'un laboratoire mobile pour favoriser le bien-être de la communauté ULaval par l'excellence des arts» est financée par le chantier transformateur Le bien-être de notre communauté.

L'expérience se termine avec une rétrospection, qui s'appuie sur la réalité virtuelle.
— Yan Doublet























