Un stage destiné aux futurs médecins, qui se déroule du 21 au 31 juillet, met l'accent sur la pratique de la médecine avec ressources limitées et explore les défis de l'urgence en région. La Pourvoirie du Lac Dionne est un «paradis» pour ce type de formation, selon David Paré, professeur de clinique à la Faculté de médecine de l'Université Laval et coresponsable du stage. «Il y a des plans d'eau, de la forêt. On est isolés, sans accès au cellulaire. On est à une heure de route du centre hospitalier le plus près. Ça illustre bien la réalité des régions isolées.»
Apprendre par des simulations
Les étudiants, dont certains n'ont jamais fait de camping, vivent plusieurs simulations réalistes durant lesquelles ils doivent faire preuve de sang-froid. «On apprend aux étudiants à réfléchir, à utiliser les ressources qui sont devant eux, pas seulement ce qui se trouve dans leurs livres», explique David Paré, aussi professeur de clinique et urgentologue à l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec.
Le responsable de stage ajoute qu'il essaie de prendre les étudiants par surprise. «Mercredi, au retour du lunch, nous avons simulé un appel de détresse pour une randonnée qui a mal tourné, avec des vents violents qui ont fait tomber un arbre. Les victimes étaient déjà installées dans la forêt. Nous avons même déplacé un tronc mort sur l'une d'elles. C'est très réaliste».
Le rôle des victimes et des secouristes est joué par les participants, ce qui leur permet de voir deux perspectives. «C'est très bénéfique pour les étudiants qui nous disent aimer l'expérience», souligne David Paré. Il donne l'exemple d'une simulation avec un cas de réaction allergique. «La victime avait un auto-injecteur EpiPen dans sa poche, mais personne ne l'a fouillée ou ne lui a demandé si elle en avait un. C'était frustrant pour elle, mais ça leur fait réaliser que ce type d'erreur peut arriver avec le stress.»
La perspective de la victime aide aussi lors du transport de patient. «Quand tu joues une victime et que tes collègues te lèvent pour marcher dans le bois, ça engendre une insécurité. La prochaine fois que la personne jouera les secouristes, elle va faire vraiment attention pour s'assurer que le patient est à l'aise», illustre-t-il.
À quoi ressemble une journée typique? «Il n'y a pas de structure, et c'est voulu. Chaque soir, on réinvente l'horaire du lendemain. Ça garde les étudiants stimulés», rapporte David Paré.
Il ajoute que chaque simulation remplit un objectif d'apprentissage. Parfois, les étudiants voient la théorie et doivent la mettre en pratique. D'autres simulent des notions qu'ils n'ont pas encore vues. «Ça peut les déstabiliser. Quand on revient au chalet, on fait le bilan et on discute des meilleures façons de s'occuper des victimes, explique David Paré. Le cerveau fonctionne de façon différente pour tous. Donc, en changeant les méthodes pédagogiques, on vient rejoindre un peu tout le monde.»
En plus des connaissances, la formation met de l'avant le volet humain à travers la collaboration. «Les étudiants apprennent à travailler en équipe. Ils se côtoient 24 heures sur 24 pendant 10 jours, avec des hauts et des bas.»
La dernière simulation s'est déroulée le 29 juillet, en soirée. Comme les 24 étudiants étaient mis à l'épreuve, la quinzaine de victimes étaient jouées par des gens de la région, des résidents, des médecins ou du personnel de la pourvoirie. Le professeur Paré souligne une difficulté supplémentaire dans cette dernière mise en scène. «Au cours de la simulation, la noirceur tombait. Les étudiants devaient s'adapter. Ils ressortent souvent très fiers de cet exercice.»
Rencontrer des professionnels de la région
La formation met en vedette deux intervenants chaque année. Pour cette édition, une thérapeute du sport qui a déjà travaillé avec des athlètes de haut niveau, entre autres pour le Cirque du Soleil et le Drakkar, a donné un atelier de bandage, dans le cas d'une entorse par exemple. Un agent de la Sûreté du Québec avec l'escouade canine a aussi été invité à parler des sauvetages en hélicoptère sur la Côte-Nord.
Le stage inclut des visites et des rencontres avec des professionnels de la santé de la région. «Ils ont la possibilité de démontrer aux étudiants le caractère unique et exceptionnel d'une pratique à Baie-Comeau, soutient David Paré. C'est une belle vitrine de recrutement.» Une ancienne stagiaire, Marie-Laurence Dionne, est aujourd'hui médecin sur la Côte-Nord. Elle n'est pas seule, une quinzaine de participants des dernières années qui ont terminé leur formation se sont aussi installés en région.
Le Centre intégré de santé et de services sociaux de la Côte‑Nord s'implique tout au long de l'enseignement aux étudiants. Il collabore au niveau préclinique avec le stage, mais également à l'externat avec l'externat longitudinal intégré de Baie-Comeau, et à la résidence avec le Groupe de médecine de famille universitaire de Manicouagan.
«Ce stage unique que l'on offre à l'Université Laval complète bien le cursus. Ces étudiants deviendront des fleurons de l'établissement.»