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Les aficionados de poésie le savent: la date du 21 mars est celle de la Journée mondiale de la poésie. Lancée par l'UNESCO, cette initiative vise à encourager la lecture, l'écriture, la publication et l'enseignement de la poésie.
L'occasion est tout indiquée pour vous présenter ces 10 œuvres publiées récemment par des membres de la communauté universitaire et fiers représentants de la poésie au Québec.
Une flambée mes mains (Poètes de brousse), par Alycia Dufour
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Il y a de ces projets de fin d'études particulièrement fructueux. Ce fut le cas pour Alycia Dufour, qui a étudié en littérature et en création littéraire avant de publier son premier recueil de poésie. Une flambée mes mains a reçu un accueil très favorable, en plus de se retrouver en lice du Prix des libraires, du Prix de la poésie Jean-Noël-Pontbriand et du Prix d'excellence des arts et de la culture. Alycia Dufour a aussi été finaliste au Prix de poésie Radio-Canada pour sa suite poétique sentiers des paumes creuses, dont on peut retrouver les vers dans son recueil.
Originaire de l'Isle-aux-Coudres, Alycia Dufour s'est inspirée de cette région. Ancrée dans le territoire, avec des références aux contes et au folklore de Charlevoix, sa poésie aborde des sujets comme l'enfance, la filiation, le corps, les origines. Il y a aussi une proximité avec les éléments: la terre, l'eau, la forêt, les animaux ne sont jamais loin.
Si Une flambée mes mains est son premier recueil, Alycia Dufour est une habituée de la scène littéraire. Elle a fait partie du Collectif RAMEN avant de joindre Les Bourrasques, avec lesquels elle mène plusieurs projets.
À terre ouverte (Hamac), par Sebastián Ibarra Gutiérrez
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C'est une Amérique latine loin des cartes postales que nous fait découvrir Sebastián Ibarra Gutiérrez dans ce recueil résolument engagé. Avec son regard empreint de sensibilité, il brosse un tableau sans concession de cette région touchée par les tragédies et les injustices.
Dans sa poésie, Sebastián Ibarra Gutiérrez – aussi ingénieur minier – fait une large place aux vulnérables, aux portés disparus, aux marginalisés. Il rappelle la présence des premiers peuples sur le continent américain et dénonce la violence et les abus de pouvoir dans différents milieux, notamment celui des mines.
Originaire du Chili, Sebastián Ibarra Gutiérrez est de ces artistes qui contribuent à créer des ponts entre le Québec et l'Amérique latine. Dès son arrivée à l'Université Laval comme étudiant au doctorat en génie des mines, il a pris sous son aile l'activité Les images viennent du Sud, qui vise à faire découvrir le cinéma latino-américain, tout en s'impliquant dans différents projets littéraires et activités de diffusion.
Tu choisiras les montagnes (Le Noroît), par Andréane Frenette-Vallières
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Doctorante en études littéraires, Andréane Frenette-Vallières propose une œuvre à mi-chemin entre le recueil de poésie et l'essai. Par l'entremise d'un personnage fictif, Mona, elle explore les thèmes de la violence contre les femmes et du choix de la disparition pour guérir une blessure.
Le livre alterne entre les textes en prose livrés par ce personnage et les réflexions de l'auteure, qui dévoile ainsi, en quelques sorte, les coulisses de son processus d'écriture. Un processus où les études féministes et la relation avec la nature – la mer, les oiseaux et les paysages sauvages de la Minganie – jouent un rôle important.
Tu choisiras les montagnes est finaliste au Prix des libraires. Le premier recueil d'Andréane Frenette-Vallières, Juillet, le Nord, avait reçu le prix Félix-Leclerc. La poétesse a aussi été finaliste aux prix Émile-Nelligan et des Libraires pour Sestrales. En plus de ses études et de sa pratique d'écriture, elle travaille dans le milieu de l'édition et participe à diverses initiatives artistiques.
Mouron des champs (La Peuplade), par Marie-Hélène Voyer
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Voici un recueil bouleversant qui allie les thèmes de la ruralité, de la filiation et du deuil. Avec tendresse et sensibilité, Marie-Hélène Voyer rend hommage à sa mère qui s'est suicidée, mais aussi à toutes ces femmes paysannes qui ont eu une vie difficile, ces «filles de fermiers, pauvresses du bout du rang, mères travailleuses infatigables aux désirs corsetés, mères braves et vives dans leurs odeurs d'épuisement».
Les poèmes, nourris d'expressions populaires surannées, sont suivis d'un essai, Ce peu qui nous fonde, dans lequel elle revient sur sa relation parfois complexe avec sa mère et sa découverte de la lecture et du pouvoir d'affranchissement de l'écriture. S'ajoutent à cela des extraits d'œuvres de Laure Conan, Marie Uguay, Anne Hébert et Carol David, entre autres.
Mouron des champs est finaliste aux Prix des libraires. Il s'agit du quatrième livre de Marie-Hélène Voyer après l'essai L'habitude des ruines: le sacré de l'oubli et de la laideur au Québec, qui lui vaut également une nomination aux Prix des libraires. Celle qui est titulaire d'un doctorat en études littéraires enseigne la littérature au Cégep de Rimouski.
À merveille la violence (Moult Éditions), par Tristan Février
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La poésie, ce n'est pas seulement les mots. À merveille la violence, premier recueil de Tristan Février, en est la preuve. Avec ses pages qui se tournent de bas en haut, le livre a une conception graphique qui mérite d'être soulignée. De plus, 50 exemplaires du recueil ont une reliure cousue.
Accompagnés d'esquisses, les poèmes de Tristan Février évoquent des images qui laissent place à l'interprétation. D'une page à l'autre, il joue avec le rythme de la langue, mais aussi la disposition et l'enchainement des vers.
Étudiant à la maîtrise en études littéraires, Tristan Février s'est donné pour mission de rendre le milieu de l'édition plus accessible. Il fait partie du groupe de bénévoles derrière l'atelier Le Pieu, un espace communautaire de création où l'on trouve des équipements pour fabriquer fanzines, affiches, revues et livres.
Envies (Le Quartanier), par Anne-Marie Desmeules
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Anne-Marie Desmeules, doctorante en études littéraires, se penche régulièrement sur la réalité des femmes dans son œuvre poétique. Après Le tendon et l'os (Prix du Gouverneur général) qui abordait le thème de la maternité, voilà qu'elle explore les notions de désir et de vulnérabilité.
Dans une série de poèmes courts et rythmés, différents personnages féminins apparaissent, dévoilant les pensées sombres qui les grugent de l'intérieur. On y rencontre notamment Laure, qui «attend sans rechigner / la famille / l'enfant difficile», Warda, qui «tremble d'aversion / pour les femmes trop belles», Luce, qui «économise / pour un visage neuf», ou encore Marie-Pierre, qui «passe beaucoup de temps / à avoir peur et à tenter / de comprendre ses peurs».
À travers ces récits riches en images, Anne-Marie Desmeules montre une diversité de points de vue sur l'expérience féminine.
Là où tout commence (Écrit des forges), par Jean-Noël Pontbriand
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À Québec, le foisonnant milieu de la poésie est intimement lié à Jean-Noël Pontbriand. Enseignant en création littéraire durant 30 ans et auteur de nombreux recueils et essais, il a formé et inspiré un nombre impressionnant d'auteurs, en plus d'avoir un prix littéraire qui porte son nom et d'avoir créé la bourse Jean-Sébastien-Pontbriand. Les Écrits des forges nous offrent un voyage dans son univers avec Là où tout commence, une anthologie de 247 pages.
On y retrouve la plume douce et juste de Jean-Noël Pontbriand. Là où tout commence est un recueil intime et parfois bouleversant qui aborde l'enfance, la mort, l'identité, la mémoire et tous ces autres thèmes chers à l'auteur.
Bunkers (Hamac), par Sophie-Anne Landry
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Les étudiants et les employés de la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique la connaissent en tant que conseillère à la gestion des études. Ce que plusieurs ignorent, c'est que Sophie-Anne Landry est aussi une auteure qui fait de plus en plus sa marque, elle qui vient d'ailleurs de terminer un baccalauréat en littérature.
Après deux ouvrages collectifs qui ont remporté un franc succès (Épidermes et Cosmogonie des corps), voilà qu'elle propose Bunkers, un recueil dans lequel elle explore les remparts que l'on érige en soi pour se protéger des bouleversements du monde. Les textes en prose, bien tournés, témoignent de la perte de repères et du sentiment d'impuissance que l'on peut ressentir face aux enjeux contemporains tels que la pandémie et les changements climatiques.
Je m'endors au creux d'un meurtre (Éditions Hashtag), par Sébastien Emond
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Poète non binaire, Sébastien Émond nous plongeait dans la réalité d'une personne transgenre avec Notre-Dame du Grand-Guignol. Il poursuit en quelque sorte dans la même lignée avec Je m'endors au creux d'un meurtre, où il présente un parcours de vie queer dans une société hétéropatriarcale.
Ce recueil comprend de nombreuses allusions au cinéma d'horreur qui viennent teinter le rapport au monde du personnage, amateur de films de série B. À travers ce prisme déformant, Sébastien Émond dénonce les violences à caractère sexuel, la misogynie et la masculinité toxique. Ce recueil, qui alterne entre poèmes en vers libre et textes en prose, est le fruit d'une résidence de création au Crachoir de Flaubert, la revue de création de l'Université Laval.
Après des études en cinéma, en rédaction professionnelle et en création littéraire, Sébastien Émond s'est tourné vers le programme de littérature. L'artiste s'engage dans diverses activités littéraires avec le Collectif RAMEN.
Enjeux du contemporain en poésie au Québec (Presses de l'Université de Montréal), par Stéphanie Roussel et Joséane Beaulieu-April
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Cet ouvrage, bien qu'il contienne quelques poèmes, n'est pas un recueil à proprement parler, mais un essai pour ceux qui veulent approfondir leurs réflexions sur les enjeux de la poésie contemporaine. Doctorante en études littéraires, Stéphanie Roussel a codirigé cette œuvre collective qui s'inscrit dans le sillage d'un colloque qui réunissait plusieurs spécialistes. Articles scientifiques, réflexions, photos et entretiens se côtoient sur des thèmes comme l'esprit de communauté dans le milieu littéraire, le militantisme, la parité hommes-femmes ou encore la décolonisation.
Le livre est offert gratuitement dans sa version numérique sur le site des Presses de l'Université de Montréal.