L'offre est variée et intrigante: œuvres végétales, sculpture torturée, photos énigmatiques, dessins-récits, livre à manipuler avec des pincettes… Jusqu'au 10 juin, les finissants en arts visuels et médiatiques présentent leur savoir-faire aux 3e et 4e étages de l'édifice La Fabrique, dans le quartier Saint-Roch. Un mélange de profondeur et de lumière.
Ils sont 16 et leurs œuvres donnent accès à beaucoup d'intériorité, eux qui ont fait la majorité de leur parcours en pleine pandémie, rappelle la commissaire Sevia Pellissier. Elle a d'ailleurs choisi le thème de l'æntre deux, pour symboliser toute l'intimité et la solidarité dont elle a été témoin en rencontrant les artistes dans leur antre, cet endroit dans lequel on se réfugie pour travailler en secret. Mais aussi parce qu'entre l'école et la vie professionnelle, cette exposition sert de trait d'union, de rite de passage.
Pour donner un aperçu du talent abouti après trois ans de travail, ULaval nouvelles dévoile quelques œuvres et la démarche artistique qui se cache derrière.
Elizabeth Landry
Au moyen de la photographie argentique, Elizabeth Landry produit des images entre instantanéité et mise en scène, entre réel et fiction, et réussit à nous faire douter. Elle résume ainsi sa démarche: «Le monde est pris au jeu de la vision que j'ai de lui.» Par une signature cinématographique et l'utilisation du noir et blanc, ses compositions entre passé et présent ont un caractère anachronique.
Jean-Philip Audet
Depuis l'âge de 6 ans, l'artiste vit avec un handicap moteur. «Légèrement en marge de la société dans laquelle j'évolue, je cherche à partager ma réalité avec les autres.» Son art devient un exutoire. Il façonne des formes avec de l'argile et divers matériaux, moule son propre corps, pour faire des personnages de latex, puis ajoute des composantes électroniques pour en faire jaillir la lumière.
Sophie-Laurence Brown
Sophie-Laurence Brown produit des objets qui naissent de sa main et dépendent de sa présence pour survivre. Pousse de chia et gazon font donc une apparition dans cette exposition. Son art s'imprègne de sa passion pour l'horticulture, mais sans dénoncer les enjeux écologiques. «Ma pratique tient simplement de mon intérêt pour le vivant. Je mets en lumière les chefs-d'œuvre que la vie crée tous les jours.» À l'avenir, elle compte travailler avec de nouvelles formes de vie, peut-être les champignons.
Anthony Paquet
Pour immerger le public dans sa fantaisie, Anthony Paquet utilise l'installation vidéo dans laquelle il fait évoluer un personnage récurrent, costumé et maquillé. «Une esthétique caricaturale, exagérée qui rappelle la satire», décrit-il. Ses œuvres traitent de sujets à la fois violents et délicats. «Dans ce dernier projet, je travaille sur les thématiques de la blessure, de la guérison et de l'armure.»
Jessica Martin-Lafond
Un livre d'artiste à manipuler avec des pincettes! Voilà la proposition originale et très intime de Jessica Martin-Lafond. Le titre: Lettres d'amour et autres sentences de mort. À travers l'estampe et la poésie, elle réécrit des expériences de vie. «La création me donne ainsi le recul nécessaire pour réfléchir et sublimer mes traumatismes liés aux violences sexuelles; un cycle cathartique de purgation, de rédemption et de transformation.»
Une boutique
D'autres créations complètent l'exposition, dont la scénographie est volontairement minimaliste, avec beaucoup d'espace de circulation, pour donner du recul sur les œuvres. Une petite boutique permet aux visiteurs de se procurer livres d'artistes, petites œuvres, t-shirts ainsi que les catalogues de l'exposition.
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