
— Marc Robitaille
Qu’est-ce qui explique cet engouement pour tout ce qui touche à l’alimentation? «C’est très simple: nous mangeons trois fois par jour!», répond Simone Lemieux, professeure au Département des sciences des aliments et de nutrition, dont les recherches portent notamment sur l’obésité et les comportements alimentaires. «L’alimentation est devenue un véritable champ de bataille. Plus on a le choix, plus on a l’impression qu’on a fait le mauvais choix. De nos jours, cela devient assez stressant quand on souhaite bien se nourrir…»
Depuis le 9 avril, cette nutritionniste signe un blogue dans le site Internet de Contact, le magazine des diplômés de l’Université Laval. Elle espère aider les lecteurs à y voir plus clair dans leur assiette. «Par exemple, tout le monde sait que les fruits et les légumes devraient constituer la base notre alimentation, dit-elle. Mais on a beau vouloir bien se nourrir, ce n’est pas toujours notre tête qui décide: nos états émotionnels interfèrent également avec la nourriture.» Qui ne se souvient pas du morceau de tarte au sucre si réconfortant (mais bourré de calories) que notre mère nous servait au retour de l’école?
Curieusement, le fait que les gens dévorent les livres de recettes ne signifie pas pour autant qu’ils cuisinent davantage. Car préparer un repas demande de la planification et du temps. Comme on manque souvent des deux, la solution de facilité consiste bien souvent à sortir une pizza du congélateur pour le souper. «Le temps est une barrière importante à la préparation des repas, convient Simone Lemieux, surtout si on a une famille. À l’ère d’Internet haute vitesse, où on obtient tout en quelques secondes, prendre le temps de cuisiner un repas n’est pas toujours une priorité pour tous.»
Dans ses prochains billets, Simone Lemieux abordera la question de l’importance de mettre de la couleur dans son assiette. Qui dit couleurs dit variétés d’aliments: rouge pour tomate, vert pour haricots, bleu pour bleuet. À côté de ces teintes vives, le brun – associé à la restauration rapide – fait bien triste figure. La nutritionniste compte également traiter de l’obésité infantile. Selon les dernières statistiques de l’Agence de santé publique du Canada, 26% des jeunes âgés de 2 à 17 ans souffrent de surpoids ou d’obésité.
Si on ne veut pas que notre enfant mange cinq ou six biscuits en arrivant de l’école, le mieux est de ne pas en acheter, conseille-t-elle. En même temps, un enfant qui se fait répéter ad nauseam que le céleri ou le brocoli est bon pour la santé risque de développer une certaine aversion pour tout ce qui s’appelle légume. Que faire? Avant tout, dédramatiser et ne pas attacher d’«étiquettes émotionnelles» à certains aliments. Mais aussi, trouver des solutions pratiques en mettant par exemple une assiette de fruits ou de légumes sur la table ou dans le frigo. Enfin, et surtout, donner l’exemple. Rien ne sert en effet de faire de grands sermons sur les bienfaits d’une saine alimentation si on s’empiffre de croustilles et de boissons gazeuses.
«J’espère que les gens seront moins stressés en lisant mon blogue, conclut Simone Lemieux. Pour résumer, je dirais qu’il faut manger de tout, mais pas trop!»
Les blogues de Contact offrent au grand public un accès privilégié à des scientifiques de divers domaines. Ils sont alimentés par des chercheurs et des professionnels de l’Université Laval qui profitent de cette tribune pour communiquer leurs connaissances et apporter leur éclairage sur des phénomènes de société. www.contact.ulaval.ca