Ce sont là quelques-unes des questions abordées par la trentaine de participants à l'Atelier sur les savoirs autochtones. Cette activité du Groupe de travail des premiers peuples de l'Institut nordique du Québec (INQ) s'est tenue du 2 au 3 avril à Oujé-Bougoumou, une localité située en Eeyou Istchee, le territoire cri, au nord de Chibougamau, dans la région administrative du Nord-du-Québec.
«Les participants, qui comprenaient une vingtaine d'autochtones, sont ressortis très satisfaits. D'importants liens se sont tissés entre les représentants de différentes nations et d'universités, et les discussions ont été riches et profitables», explique Aude Therrien, professionnelle de recherche à l'INQ et à la Chaire de recherche sur le développement durable du Nord, et co-organisatrice de l'événement. L'autre co-organisatrice était Melissa Saganash, du gouvernement de la nation crie. «Dans l'immédiat, poursuit la professionnelle de recherche, l'Institut publiera un rapport sur l'Atelier, qui deviendra ensuite un guide pour les chercheurs afin de les aider à mieux intégrer les savoirs autochtones à la recherche.»
Rappelons que l'INQ a vu le jour en 2014 à l'initiative conjointe des universités Laval et McGill et de l'Institut national de la recherche scientifique (INRS). Ses activités de recherche couvrent un immense territoire situé au nord du 49e parallèle. Plus de 120 000 personnes y vivent, dont le tiers sont autochtones. Aujourd'hui, l'Institut regroupe 16 universités québécoises. Sa mission consiste à contribuer au développement d'un Nord durable en s'appuyant sur la connaissance scientifique.
Les présentations des conférenciers de l'Atelier sur les savoirs autochtones ont démontré la diversité et le potentiel de la recherche au Nord. Il a été question, entre autres, de l'éthique en recherche en contexte autochtone, du Centre de recherche du Nunavik et de ses 40 ans consacrés à la recherche menée par des Inuits, des croyances et des pratiques des enseignants naskapis, du partage de connaissances sur le troupeau de caribous migrateurs de la rivière George, de l'application et de l'intégration du savoir autochtone dans l'industrie minière et de la cartographie des eaux souterraines d'Eastmain, un projet de la nation crie.
Le professeur Thierry Rodon enseigne au Département de science politique de l'Université Laval. Cet expert des relations entre les peuples autochtones et les gouvernements a assisté à l'Atelier. Selon lui, l'Atelier a représenté un espace où les autochtones ont pu s'exprimer totalement et librement. «Ils ont exprimé une volonté de participer activement à la production des connaissances produites sur leur réalité, explique-t-il. Ils ont mis l'accent sur les partenariats avec des universités du sud. Dans les échanges, ils ont mis de l'avant les savoirs autochtones dans toutes leurs formes, et pas seulement les savoirs traditionnels.»
Les premiers peuples du Nord québécois possèdent une expertise distincte et riche de leur territoire. «Les autochtones ont une connaissance très fine de leur environnement, souligne Thierry Rodon. Par exemple, ils peuvent aider les chercheurs à trouver les frayères, les prospecteurs à trouver des filons, et autres. Ils connaissent aussi très bien les comportements et l'état de santé des animaux, la végétation, et sont très conscients des changements climatiques. Ce sont de très bons observateurs.»
Quelle est la place souhaitée des savoirs autochtones dans la recherche nordique? «L'importance des savoirs autochtones doit être reconnue et ils doivent également être pris en compte, au même titre que les savoirs occidentaux, lors des travaux de recherche, répond Aude Therrien. La transmission et l'échange de ces savoirs doivent être adéquats et équitables. Pour ce faire, les nations et communautés autochtones doivent être partie prenante de la recherche, du début à la fin.»
Ces cinq personnes représentaient le Nunavik.