
Une femme se fait prendre sa température avec un thermomètre électronique dans un hôpital du Togo. Les personnes testées positives au coronavirus font fréquemment de la fièvre.
— VOA - Kayi Lawson
L’Université Laval compte quelques centaines d’étudiantes et d’étudiants originaires du continent africain. Depuis la fin mars, 70 d’entre eux se sont abonnés à une page Facebook créée expressément à leur intention par le GIERSA, le Groupe interuniversitaire d’études et de recherches sur les sociétés africaines. De plus, la page a reçu jusqu’à présent quelque 200 visiteurs, qui en regardent les contenus et y reviennent périodiquement.
Cette page Facebook est l’initiative de Richard Marcoux, professeur au Département de sociologie et coordonnateur du GIERSA.
«Pour beaucoup d’étudiants africains, il s’agit d’un premier hiver et d’un premier printemps au Québec», explique Malika Danican, doctorante en sociologie, assistante à la coordination du GIERSA et gestionnaire au quotidien de la page Facebook. «Ils sont souvent loin de leur famille et leurs principaux espaces de socialisation se tiennent dans le cadre de leur scolarité ou sur le campus de l’Université, poursuit-elle. En ces temps de pandémie, ils se retrouvent particulièrement isolés, d’autant plus que les mesures de confinement et de distanciation sociale sont en complète opposition avec les modes de sociabilité qui caractérisent bon nombre de sociétés en Afrique. Les sociétés africaines sont chaleureuses. La page Facebook du GIERSA vise à leur permettre de sortir de l’isolement en gardant un lien avec le continent et de savoir ce qui s’y passe, notamment dans le dossier du coronavirus.»
Un immense territoire
Faire défiler la page Facebook du GIERSA, c’est découvrir un immense territoire de 54 pays et de 1,2 milliard d’habitants d’où fusent des idées et des initiatives de toutes sortes, politiques, sociales, sanitaires et même artistiques, sur la pandémie. Parmi les plus récents documents mis en ligne par Malika Danican, on peut mentionner cet article de l’hebdomadaire Jeune Afrique consacré à un échange téléphonique entre le roi du Maroc et les présidents ivoirien et sénégalais. Les chefs d’État ont amorcé une initiative visant le partage d’expériences et de bonnes pratiques pour faire face à la pandémie. Pour sa part, l’hebdomadaire Courrier international relaie un article du Daily Maverick, un webzine sud-africain, qui s’interroge sur les statistiques officielles des pays africains faisant état d’un nombre de personnes infectées assez bas par rapport au reste du monde. La page a également annoncé la tenue d’un «idéathon» de 72 heures, une initiative de la Banque africaine de développement, pour la création rapide et innovante de solutions permettant de relever les défis les plus urgents relatifs à la pandémie. Toujours dans l’actualité récente, la page Facebook permet d’entendre l’enregistrement musical court réalisé par une vingtaine d’artistes sénégalais pour sensibiliser à l’importance d’appliquer les gestes barrières pour contenir le virus. La chanson s’intitule: «Daan Corona - Ensemble nous vaincrons». Également, les internautes peuvent consulter le plus récent rapport du bureau de l’économiste en chef de la région Afrique pour la Banque mondiale. Le document porte sur les répercussions économiques de la COVID-19 et des réponses politiques à ce fléau en Afrique subsaharienne.
Plusieurs collaborateurs, principalement au Québec et en Afrique, participent au contenu de la page, en particulier des chercheurs universitaires. «Nous recevons beaucoup de courriels de chercheurs qui font des propositions, des commentaires, des suggestions, souligne Malika Danican. Certains, en Afrique, partagent avec nous des informations sur des articles de journaux plus locaux ou encore des initiatives dont on n’a pas toujours connaissance de ce côté de l’Atlantique. Nous essayons de regrouper les intérêts d’un peu tout le monde, de plusieurs horizons, et toujours en faisant le pont entre le Québec et l’Afrique. Nous nous appliquons à couvrir tout le continent africain dans une approche positive, en apportant de bonnes nouvelles et en mettant davantage l’accent sur les pays francophones.»