
Le jour du vote, le mardi 4 septembre, plus d'un demi-million de personnes avaient utilisé la Boussole électorale, soit 8,5% des électeurs inscrits.
L’enthousiasme du professeur Gélineau, par ailleurs titulaire de la Chaire de recherche sur la démocratie et les institutions parlementaires, est partagé par ses collègues François Pétry et Éric Montigny. De concert avec deux professeurs d’universités montréalaises, les trois enseignants du Département de science politique ont élaboré les 30 questions de la Boussole.
«L’utilisation d’un tel outil, explique François Gélineau, a été favorisée par la création de la Coalition avenir Québec et par la visibilité, plus grande que jamais, de Québec solidaire, notamment avec la participation de Françoise David au débat des chefs.»
Le questionnaire portait sur 10 grands enjeux, dont l’économie, l’ordre public et l’immigration. Les répondants devaient se prononcer sur une grande diversité de sujets. Mentionnons la tenue d’un référendum sur l’indépendance du Québec d’ici cinq ans, le feu vert à l’exploitation des gaz de schiste et l’abolition des commissions scolaires.
«Le comité a élaboré 50 questions, explique le professeur. Nous les avons testées auprès de groupes cibles et nous avons retenu celles qui ne faisaient pas consensus, donc qui divisaient les partis politiques et les citoyens.»
L’analyse des données au cours de la campagne électorale révèle des faits intéressants. Ainsi, les répondants de la région de Québec sont davantage préoccupés par l’économie et la santé. Ceux de la région montréalaise, quant à eux, accordent plus d’importance aux questions linguistiques et environnementales. Les anglophones considèrent l’enjeu constitutionnel moins important que l’économie, au contraire des francophones. Une question portait sur la détermination affichée par les partis à enrayer la corruption. Le Parti libéral a obtenu une note de 2,6 sur 10 contre 6,4 pour la Coalition avenir Québec. À Montréal, les répondants se sont prononcés à 45 % pour une augmentation des droits de scolarité. Sur la Rive-Sud de la métropole, cette question a reçu 55 % d’appuis parmi les répondants.
Le concept de boussole électorale a fait son apparition au Canada durant la campagne électorale fédérale du printemps 2011. Cet outil pédagogique interactif et informatif permet à l’internaute de comparer ses opinions aux positions de différents partis politiques sur différents enjeux.
«Nous avons décidé de créer un axe identitaire autour d’enjeux tels que l’indépendance du Québec, le protectionnisme économique, l’immigration, indique François Gélineau. Cet axe ne se limite pas à être fédéraliste ou souverainiste. On vit maintenant dans un environnement plus complexe.»
La Boussole électorale a suscité de nombreux commentaires. «Tous ceux à qui j’en ai parlé m’ont dit: ”Je n’ai jamais autant discuté politique avec mes amis qu’après avoir utilisé la Boussole”», raconte le professeur Gélineau. Selon lui, le site a contribué à alimenter l’intérêt pour la politique. «Nous avons poussé les gens à réfléchir», poursuit-il.
Pour la première fois cet automne, les électeurs québécois ont aussi eu la possibilité de se familiariser en ligne avec le fonctionnement de trois modes de scrutin. L’outil Vote au pluriel a été élaboré par François Gélineau et son collègue Marc-André Bodet, en partenariat avec le projet Making Electoral Democracy Work. Les résultats restent à venir.