Bien connu dans le milieu du théâtre, Puma Freytag est aussi en voie de devenir un artiste visuel à part entière. Voilà que la galerie L’ARTICHO, dans le quartier Saint-Roch, présente le fruit de son travail. Jusqu’au 5 décembre, le public peut s’imprégner de son univers onirique où s’entremêlent plusieurs éléments narratifs.
L’exposition Dramaturgies oniriques, qui devait avoir lieu en avril, a été reportée en raison de la pandémie. L’artiste en a profité pour y ajouter une série de toiles qu’il a peintes durant le confinement. Avec un ancien étudiant, Jérôme Bourque, il a aussi réalisé une vidéo avec des poèmes illustrés. «La période de confinement a été propice à la création. Fanny H-Levy, la commissaire de l’exposition, a accroché les toiles de façon à créer une cohérence. Elle a aussi choisi deux marionnettes et un masque issus d’anciens spectacles que j’ai créés. Cela montre qu’il y a des liens dans ma pratique entre le théâtre, la performance, la peinture et l’écriture», dit l’artiste.
Puma Freytag est chargé de cours à l’Université Laval, où il enseigne le théâtre et l'art de la marionnette. En France, son pays d'origine, il a été à la tête de l'Atelier de l'Arcouest, une compagnie qui a fait le tour du monde avec ses spectacles. Installé à Québec depuis qu'il a entamé son doctorat en 1996, il a tôt fait de s'impliquer à l'Université, entre autres comme chercheur au Laboratoire des nouvelles technologies de l'image, du son et de la scène et président du Syndicat des chargées et chargés de cours.
Son arrivée dans le milieu de l’art visuel s’est faite sans réelle planification. C’est lors de réunions professionnelles avec des collègues qu’il s’est mis à faire des croquis en marge de ses cahiers de notes. Au total, il a accumulé plus de 200 dessins, qu’il a reproduits sur des toiles avec de la peinture acrylique. Ainsi était née sa première série d’œuvres.
Lorsque sa candidature a été retenue pour participer à une exposition collective en marge de la 58e Biennale d’art de Venise, la plus grande foire d'art contemporain au monde, il a été aussi flatté que surpris. Six mois durant, les milliers de visiteurs du Palazzo Mora ont déambulé devant ses œuvres, accrochées aux côtés de celles de grands artistes internationaux. Le travail de Puma Freytag a aussi été présenté lors d’une vente aux enchères à Mestre, ainsi que dans une exposition collective pour souligner le 5e anniversaire de la galerie L’ARTICHO. Bref, pas trop mal pour un projet qui a pris naissance sur le coin d'une table de réunion.
Avec cette nouvelle exposition, Puma Freytag réalise sa première expérience de diffusion solo. Une autre étape charnière dans son parcours. «Je suis reconnu comme artiste professionnel dans le milieu du théâtre et de la marionnette, mais j’espère faire ma place dans celui des arts visuels. La galerie étant située tout près de l’École d’art, j’ai invité des collègues professeurs et chargés de cours. J’espère avoir quelques rétroactions. Ce dont on a besoin comme artiste qui fait un tel virage, c’est d’avoir des éléments critiques permettant de penser notre travail et de savoir comment il est perçu par le public local.»
Avec cette discipline, Puma Freytag découvre un nouvel univers. Celui des galeristes, acheteurs, évaluateurs et autres spécialistes du marché de l’art. «Pour le théâtre, je connais déjà bien le système de subventions, la vente de contrats, l’achat de spectacles, etc. Les arts visuels, c’est nouveau pour moi. Il faut vraiment faire du business. Après Venise, j’ai eu des propositions très intéressantes pour aller exposer à New York, mais cela représente des coûts importants. L’art visuel est une industrie difficile, mais fascinante.»
La galerie L’ARTICHO est située au 135, rue Saint-Vallier Est. Les heures d’ouverture sont de 10h à 16h du mercredi au samedi. L’artiste sera sur place les 14 novembre et 5 décembre, de 14h à 16h.