Lundi, les étudiants étaient à fignoler quelques détails avant la grande première. Ce n'était qu'une répétition, mais déjà, la voix puissante et empreinte d'émotions de Jessica Latouche donnait un avant-goût très prometteur. La soprano incarne Écho, dont le mariage avec Narcisse sera remis en question lorsque celui-ci se détourne de sa bien-aimée. «Écho est une femme très forte, mais elle a le cœur brisé. Ce personnage vit un mélange de tristesse et de colère. En tant qu'interprète, c'est un défi intéressant. Il faut puiser dans ses ressources intérieures pour jouer ces émotions dans leurs différentes nuances», explique Jessica Latouche.
L'autre moitié du duo est interprétée par Oneyda Bigot. «Narcisse est un être très tourmenté, dit la mezzo-soprano à propos de son personnage. Un jour, il voit son reflet et tombe amoureux de sa propre image. Lorsqu'il détourne son regard du reflet, il se rend compte, trop tard, qu'Écho est morte à cause de lui. Malgré son ton dramatique, l'histoire se termine bien!»
Opéra en trois actes, Écho et Narcisse est de ces œuvres qui ont marqué le 18e siècle. On y trouve une forte dose de lyrisme, qui insuffle à l'ensemble une aura positive. «Cet opéra, que Gluck nommait “opéra pastorale”, est moins tragique que d'autres qu'il a faits précédemment. L'œuvre se situe à mi-chemin entre le baroque et le classique. Les récitatifs sont magnifiques. Ils mettent en lumière de beaux textes et plusieurs émotions différentes», souligne la pianiste Anne-Marie Bernard, responsable de la direction musicale des spectacles.
Les étudiants de l'Atelier d'opéra en répétition d'Écho et Narcisse
C'est dans un tout autre univers que nous plongera la troupe de Jean-Sébastien Ouellette. La voix humaine et Le téléphone sont deux œuvres qui se répondent pour former un programme double sur un thème on ne peut plus d'actualité: la place du téléphone dans la société.
Composée en 1958, La voix humaine est l'histoire d'une conversation téléphonique entre une femme et son amant, qui s'apprête à la quitter pour une autre. Bouleversante, la discussion est entrecoupée de coupures de ligne et de problèmes d'interférence. Prenant un peu de liberté avec le texte d'origine, le metteur en scène a intégré à l'action divers appareils technologiques, comme le téléphone fixe, de vieux modèles de cellulaire et le iPhone.
Dans Le téléphone, une œuvre hilarante écrite en 1946, la conversation d'un couple se trouve perturbée par l'utilisation abusive d'un téléphone. Ben veut demander Lucy en mariage, mais cette dernière est trop occupée par ses appels pour l'écouter. Nouvelle technologie oblige, ce sera finalement sur FaceTime qu'il lui fera la grande demande!
«J'ai voulu ancrer ces pièces dans le présent, explique Jean-Sébastien Ouellette. Les deux œuvres, même si elles ont été écrites il y a longtemps, offrent une critique pertinente de la réalité d'aujourd'hui. L'opéra Le téléphone rejoint bien notre attachement un peu étrange à cet objet. Nous avons tous un téléphone dans nos poches qu'on consulte à tout moment pour vérifier si on n'a pas reçu de courriel ou de texto. Résultat, on se trouve dans plusieurs lieux à la fois plutôt que de tenir une conversation avec une seule personne.»
Les représentations d'Écho et Narcisse auront lieu le 9 mars, à 19h30, le 10 mars, à 15h, et le 13 mars, à 19h30. Quant à La voix humaine et Le téléphone, les spectacles seront présentés les 16 et 17 mars, à 19h30. Le coût d'entrée est de 15$ en admission générale et 10$ pour les étudiants. L'entrée est gratuite pour les enfants de 12 ans et moins. Procurez-vous vos billets dès maintenant!