
Le feuillicyclage ne cause aucun dommage à la pelouse et peut même améliorer sa croissance.
— Getty Images / Saklakova
Après la féérie des couleurs automnales, que faire de toutes ces feuilles qui s’accumulent sur les pelouses? Depuis quelques années, les municipalités incitent leurs citoyennes et citoyens à adopter le feuillicyclage. Guillaume Grégoire, professeur au Département de phytologie et titulaire de la Chaire de leadership en enseignement sur les infrastructures végétalisées Jean-Tremblay, expose les avantages de cette pratique et en donne le mode d’emploi.
Qu’est-ce que le feuillicyclage et quels sont ses avantages?
Le feuillicyclage, c’est laisser les feuilles d'arbres se décomposer sur le gazon plutôt que les ramasser. Il existe des études scientifiques qui montrent que cette pratique ne cause généralement pas de dommages à la pelouse et qu’elle peut même améliorer sa croissance grâce aux éléments nutritifs contenus dans les feuilles et à l'ajout de matière organique provenant des feuilles.
Des recherches ont, par exemple, montré que le gazon maintenait une couleur verte plus foncée l’année suivant la pratique du feuillicyclage, comparativement à un gazon témoin sur lequel les feuilles étaient ramassées. D’autres recherches ont également mesuré une réduction de la croissance des pissenlits dans la pelouse lorsque le feuillicyclage est pratiqué, quoique ces résultats n’aient été observés qu’une seule année sur les deux ans de l’expérience.
Cette pratique permettrait également d’améliorer la santé des sols en stimulant la vie microbienne et en favorisant l’infiltration de l’eau. Enfin, d’un point de vue environnemental, en réduisant les matières résiduelles mises à la collecte, on réduit l'émission de gaz à effet de serre.
Le feuillicyclage comporte-t-il des inconvénients ou doit-on éviter certains gestes quand on le pratique?
Il faut éviter de laisser les feuilles s'accumuler de manière excessive pour ne pas qu'elles étouffent le gazon, ce qui pourrait créer des zones à nu favorables à l'envahissement par des adventices le printemps suivant. Ainsi, l’un des constats provenant des études effectuées sur le feuillicyclage est l’importance de déchiqueter les feuilles pour accélérer leur décomposition et minimiser les risques d’étouffement du gazon.
De plus, il faut éviter de déchiqueter après la pluie. Il est beaucoup plus facile de déchiqueter les feuilles lorsque celles-ci sont sèches. Donc, idéalement, il est préférable d’attendre que les conditions météorologiques soient favorables pour procéder au déchiquetage.
Les feuilles de certaines essences d’arbres, comme le chêne, sont plus coriaces et plus difficiles à déchiqueter. Si on a une grande quantité de ces feuilles sur son terrain, il sera peut-être difficile de toutes les valoriser par le feuillicyclage. D’autres méthodes de valorisation, comme le compostage, devront être envisagées.

Guillaume Grégoire, professeur à la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation, a mené plusieurs recherches sur l’amélioration des pratiques horticoles en milieu urbain, notamment sur les pelouses, afin d’en réduire l’empreinte environnementale.
— Université Laval, Yan Doublet
Y a-t-il une meilleure façon de procéder?
L'idéal est de tondre les feuilles lorsqu'elles sont sèches avec une tondeuse munie d'une lame déchiqueteuse. Ce n’est pas grave si les feuilles restent au sol quelques jours. Par contre, ce qu’on veut éviter, c’est qu’une couche de feuilles de plusieurs centimètres d’épaisseur recouvre complètement le gazon pendant plusieurs semaines et qu’elle « étouffe » celui-ci. Une tonte normale aux 7 à 10 jours, selon la croissance du gazon, est généralement suffisante pour éviter ce phénomène.
Dans les cas où il y a beaucoup de feuilles, on peut aussi ramasser celles-ci avec un souffleur à feuilles ayant la capacité d'aspirer et de déchiqueter. On peut conserver ces feuilles sèches déchiquetées dans un endroit frais et sec pendant l'hiver, puis s'en servir comme paillis et amendement pour ses platebandes le printemps suivant. On peut aussi les intégrer à son compost maison. En dernier recours, la plupart des municipalités offrent une collecte de résidus verts qui seront valorisés par le compostage. Il n’y a donc aucune raison de jeter ses feuilles mortes dans les ordures ménagères ou encore de les brûler. En fait, ces deux pratiques devraient être évitées.
Propos recueillis par Manon Plante

























