
Les élections municipales ont lieu le 2 novembre.
— Élections Québec
La campagne électorale municipale culminera le 2 novembre, jour du scrutin. Eve Bourgeois, professeure au Département de science politique, explore les dynamiques électorales des élections municipales au Québec en 2025. Elle aborde les sujets de préoccupation dans la ville de Québec, la faible représentation des femmes en politique et les effets des élections par acclamation sur la démocratie municipale.
Quels grands thèmes marquent les élections municipales de 2025 et quel est le rôle de ces enjeux lors du vote?
Avec 1123 municipalités locales au Québec en 2025, les enjeux marquants d'une campagne électorale varient d'une ville à l'autre, reflétant la réalité et les préoccupations propres à chaque communauté. Dans le cas de la Ville de Québec, les enjeux liés à la mobilité, au logement et à l'itinérance sont au cœur des débats politiques actuels.
Le dernier débat électoral tenu le 21 octobre sur les ondes de Radio-Canada fait état de l'importance de ces enjeux et particulièrement de la question du tramway, qui a été évoquée à de nombreuses reprises par les candidates et les candidats à la mairie. D'un côté se trouvent les défenseurs du projet, soit Bruno Marchand (Québec forte et fière), Jackie Smith (Transition Québec) et Claude Villeneuve (Québec d'abord). De l'autre côté se trouvent les «anti-tramway», soit Sam Hamad (Leadership Québec), Stéphane Lachance (Respect citoyens) et Anne Guérette (Parti du monde).
Bien que le tramway ait été au cœur de l'élection municipale de la Ville de Québec en 2021, ce projet occupe encore une fois une place centrale au sein de la campagne électorale actuelle alors que Leadership Québec et Respect citoyens considèrent que le scrutin à venir est la «dernière chance» de mettre fin au tramway. Il reste maintenant à voir comment les électrices et les électeurs de Québec voteront le 2 novembre et comment ce vote sera interprété par les différents partis politiques en lien avec ce débat continuel que semble être le tramway.
Quelle est la représentation des femmes en politique municipale et pourquoi est-elle importante pour la démocratie locale?
Malgré une croyance selon laquelle la politique municipale favoriserait davantage la présence de femmes que les paliers supérieurs, les données montrent que la proportion de femmes en politique n'est pas plus élevée qu'au provincial ou au fédéral. À titre d'exemple, au lendemain des élections municipales tenues au Québec en 2021, 36,5% des personnes élues étaient des femmes contrairement à 42,4% à l'Assemblée nationale lors du début de la législature de 2018, en cours au moment du scrutin municipal de 2021.
Lors des présentes élections municipales québécoises, 36,1% des personnes espérant obtenir un poste électif sont des femmes (38,0% de femmes au poste de conseillère municipale ou conseiller municipal contre 25,1% au poste de mairesse ou de maire), ce qui représente une légère augmentation comparativement aux élections municipales de 2021 alors que 35,5% étaient des candidatures féminines. Si la présence des femmes en politique municipale augmente lentement depuis les années 2000, force est de constater qu'elles demeurent sous-représentées.
La présence accrue de femmes en politique est nécessaire pour plusieurs raisons. D'une part, la recherche scientifique montre que parmi les personnes élues, les femmes sont plus susceptibles que les hommes de s'intéresser aux enjeux liés au bien-être des femmes. À l'échelle municipale, cela peut se traduire par une plus grande attention à des enjeux comme le transport en commun ou la sécurité urbaine. D'autre part, la présence de femmes en politique, notamment en tant que mairesses, peut servir de modèle et inspirer d'autres femmes et jeunes filles à s'imaginer dans ce type de fonction et, ultimement, à se présenter.

Eve Bourgeois, professeure à la Faculté des sciences sociales
— Courtoisie
Plusieurs mairesses et maires ainsi que des conseillères et conseillers du Québec ont déjà été élus sans opposition à la fermeture de la période de candidature, le 3 octobre. Comment explique-t-on ces résultats et quels en sont les effets sur la qualité de la démocratie locale?
Bien que l'élection par acclamation de plus de 500 personnes lors des élections municipales en cours au Québec puisse paraître alarmante, il est important de mettre ces données en contexte. L'élection par acclamation, soit l'élection de candidates et de candidats ne faisant face à aucune opposition, n'est pas un phénomène nouveau au Québec. En effet, le pourcentage d'élections par acclamation est relativement stable lors des élections municipales de la province tenues entre 2005 et 2021, variant entre 54,6% (2017) et 61,7% (2021).
Cette situation s'applique davantage aux municipalités de moins de 5000 habitants sans pour autant que les villes plus populeuses soient immunisées contre ce phénomène, comme en témoigne le cas de la Ville de Terrebonne. Ironiquement, c'est également dans les villes de plus petite taille que le taux de participation électorale est le plus élevé. Plusieurs facteurs peuvent expliquer la réticence de certaines personnes à faire le saut en politique municipale: le faible salaire reçu (surtout dans les plus petites municipalités), la charge de travail élevée, la crainte de harcèlement (notamment chez les femmes), l'apathie politique et la perception de ne pas posséder les compétences ou les connaissances requises pour les tâches à accomplir, etc.
Si la présence d'élections concurrentielles est souhaitable, la santé démocratique d'une communauté ne peut être évaluée uniquement sur ce facteur. Par exemple, dans les plus petites municipalités, l'accès aux élues et élus municipaux peut être plus facile en raison de la plus grande proximité avec la population. Ainsi, il est envisageable que les citoyennes et les citoyens soient en mesure de discuter plus facilement des enjeux qui les concernent et voient moins la nécessité de se présenter eux-mêmes aux élections.
[NDLR: Les données sont tirées du Dictionnaire politique de la scène municipale québécoise et du Gouvernement du Québec.]
Propos recueillis par Audrey-Maude Vézina

























