
La 30e Conférence des Nations unies sur le climat (COP30) se déroule à Belém, au Brésil, du 10 au 21 novembre.
— Getty Images / gyro
Du 10 au 21 novembre se tient à Belém, au Brésil, la 30e Conférence des Nations unies sur le climat (COP30). Cet événement réunit des chefs d’État, des scientifiques, des organisations ainsi que des représentantes et représentants de la société civile pour échanger sur les actions prioritaires à mener face à la crise climatique. Géraud De Lassus Saint-Geniès, professeur à la Faculté de droit et membre de la délégation de l’Université qui participera à la COP30, donne son avis sur les objectifs et les retombées de cette rencontre internationale, notamment pour les universités.
Avec le peu d'engouement du gouvernement Trump pour les questions environnementales et l'affaiblissement de l'ONU, à quels résultats peut-on s'attendre à la COP30?
Il est vrai que cette COP se tient dans un contexte international plutôt compliqué: les États-Unis se sont retirés de l’Accord de Paris pour une seconde fois (leur retrait sera effectif au 27 janvier 2026), beaucoup d’États n’ont pas encore communiqué leur plan d’action climatique pour l’horizon 2035 (alors qu’ils devaient le faire pour le 10 février 2025) et on assiste maintenant à des coupes dans l’aide financière des pays développés vers les pays en développement. À cela s’ajoutent les tensions économiques et géopolitiques, mais aussi la tentation du repli national, ce qui détourne inévitablement l’attention des dirigeants du problème du climat. Bref, le multilatéralisme traverse une zone de turbulences et la question climatique n’y fait pas exception. L’enthousiasme n’est clairement plus le même qu’il y a 10 ans lors de l’adoption de l’Accord de Paris, et ce, même si les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère continuent de s’accroître. Dans ce contexte, il est sans doute raisonnable d’avoir des attentes modérées à l’égard de cette COP30. Cela dit, on peut tout de même espérer certains progrès dans l’avancement des discussions, mais sur des points assez techniques qui portent peu au-delà du cercle des négociateurs. Par exemple, la COP devrait finaliser ses travaux sur une liste d’indicateurs permettant de mesurer les progrès dans l’atteinte de l’objectif mondial d’adaptation défini par l’Accord de Paris. Des progrès sont aussi possibles sur le programme de travail visant à encourager une transition juste au sein des États.
Quels sont les grands enjeux de cette COP30?
Au-delà des discussions techniques, l’une des questions au cœur de cette COP concerne le signal politique qui sera envoyé par cette rencontre. Comme l’a indiqué la présidence brésilienne, tout l’enjeu de cette COP est de montrer que le multilatéralisme fonctionne encore et qu’il constitue toujours un mode pertinent de gestion des problèmes mondiaux. Dans cette optique, une question centrale sera de savoir si les États parviendront à réaffirmer l’importance d’opérer une transition vers une sortie des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques (ce qu’ils avaient fait pour la première fois en 2023, mais non en 2024). Il faudra également voir dans quelle mesure les États exprimeront leur attachement à l’objectif de limitation de l’élévation de la température à 1,5°C (un objectif inscrit dans l’Accord de Paris qui a probablement été dépassé au cours de l’année 2025). Pour l’instant, l’ensemble des plans climatiques communiqués par les États nous place dans une trajectoire d’augmentation de la température d’environ 2,5°C pour la fin du siècle, à condition toutefois que tous ces plans soient bien appliqués. Et naturellement, le sujet de la finance climatique (les pays en développement souhaitent élaborer une feuille de route pour augmenter considérablement les fonds qui leur sont transférés) sera aussi à surveiller. Mais un autre sujet plus transversal commence à émerger dans la diplomatie climatique: celui du format des COP et des modalités de leur organisation. Il sera intéressant de voir si les États souhaitent s’engager dans une réforme de ce processus qui, en raison de son ampleur et de la règle du consensus pour prendre les décisions, est devenu particulièrement complexe à administrer.

Géraud De Lassus Saint-Geniès est professeur à la Faculté de droit. Il fait partie de la délégation de l'Université Laval qui se rend à Bélem, au Brésil, pour participer à la COP30.
— Yan Doublet
Quelles sont les raisons qui motivent l’Université Laval, à l'instar d’autres établissements universitaires, de participer à la COP30?
Il y a plusieurs raisons. La première est que les COP sont un endroit où, pendant deux semaines, convergent tous les experts mondiaux des enjeux climatiques. En parallèle des négociations, de nombreuses conférences y sont organisées sur une grande diversité de sujets. C’est donc une formidable occasion pour renforcer ses connaissances, se maintenir à jour dans son domaine de spécialisation et développer des projets de coopération scientifique avec d’autres chercheurs. Les COP sont aussi un lieu où les universitaires peuvent rencontrer des représentants d’États et des responsables d’ONG, et faire part ainsi des résultats de leurs travaux. Elles servent d’interface entre le monde de la recherche et celui de l’action climatique, ce qui explique que la présence d’universitaires y soit essentielle. Mais plus largement, participer à une COP reste avant tout une expérience sociologique et humaine proprement fascinante qui permet de voir comment fonctionne l’univers des négociations multilatérales et de saisir toute la complexité de ce processus. Quoi que l’on pense de ces négociations, elles font partie de notre monde. Or, d'offrir un accès à une meilleure compréhension de ce qui nous entoure, n’est-ce pas là justement la mission première d’une université?
Propos recueillis par Manon Plante

























