
Les trois cotitulaires du réseau, Bob White, professeur d'anthropologie à l'Université de Montréal, Mireille Paquet, professeure de science politique à l'Université Concordia, et Stéphanie Arsenault, professeure à l'École de travail social et de criminologie de l'Université Laval, étaient réunis à l'Université Laval le 7 février.
La création du Réseau québécois de la recherche en immigration, en intégration et en relations interculturelles (RQ3i) ne pouvait mieux tomber. «C'est un sujet fortement d'actualité, affirme la professeure Stéphanie Arsenault, de l'École de travail social et de criminologie de l'Université Laval. Le ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration du Québec vient de déposer un projet de loi portant sur un modèle québécois d'intégration national. Il y a aussi les récentes modifications législatives par rapport à la laïcité de l'État et celles concernant la Charte de la langue française. Bref, nous sommes dans un contexte d'ébullition politique et la mise sur pied du RQ3i prend tout son sens.»
Le vendredi 7 février, une cinquantaine de personnes étaient présentes au lancement du RQ3I au pavillon La Laurentienne. Y assistaient notamment les trois cotitulaires, soit Stéphanie Arsenault, Mireille Paquet, professeure de science politique à l'Université Concordia, et Bob White, professeur d'anthropologie à l'Université de Montréal.
La professeure Paquet sera responsable du travail de recherche de l'axe 1 sur les systèmes et les politiques d'immigration. Stéphanie Arsenault supervisera la recherche de l'axe 2 sur l'intégration, l'inclusion et la participation des personnes immigrantes. Enfin, Bob White aura la responsabilité de la recherche de l'axe 3 sur les dynamiques et pratiques interculturelles.
Le RQ3i comprend plus de 35 cochercheuses et cochercheurs de 14 universités québécoises, collèges et milieux de pratique. S'y greffent 27 partenaires des secteurs de l'immigration, de l'intégration et des relations interculturelles. Le ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration du Québec (MIFI) est également de la partie, ainsi que 15 collaboratrices et collaborateurs provenant de divers secteurs et régions.
Selon la professeure Arsenault, les trois grands axes seront autonomes. «Il y aura surtout, dit-elle, beaucoup de travail transversal. Cette visibilité d'avoir une vue d'ensemble, d'avoir, comme réseau, un accès facilité à toutes sortes de ressources, et de se connecter avec des chercheurs qui habituellement ne font pas partie de notre cercle de recherche, tout cela va permettre de briser beaucoup de silos dans l'univers de la recherche sur l'immigration au Québec.»
Le financement du réseau, d'un montant global d'environ 1,6 million de dollars, lui permettra de poursuivre ses activités jusqu'en 2029.
Concerter les efforts, mobiliser les connaissances
Stéphanie Arsenault revient sur l'appel lancé conjointement par le MIFI et les Fonds de recherche du Québec. «Ces deux acteurs, souligne-t-elle, ont voulu doter le Québec d'un réseau panquébécois de recherche qui allait s'intéresser à la fois aux politiques migratoires, aux pratiques d'intégration et aux relations interculturelles au Québec. L'objectif du réseau consiste à augmenter les connaissances scientifiques au sein du milieu de la recherche et, plus largement, à atteindre les acteurs visés. Le réseau alimentera les décideurs politiques et permettra l'amélioration en continu de l'offre de services en matière d'immigration, d'intégration et de relations interculturelles.»
Près d'une trentaine de partenaires terrain
La structure du Réseau québécois de la recherche en immigration, en intégration et en relations interculturelles a ceci de particulier qu'on y trouve presque autant de partenaires terrain que de chercheuses et chercheurs.
«Ces partenaires terrain, explique la professeure Arsenault, sont des acteurs de premier plan dans l'accueil, l'intégration, la gestion et autres aspects de l'immigration. L'un de nos partenaires clés est la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes. Cette organisation parapluie regroupe plus de 150 organismes communautaires à l'échelle du Québec qui travaillent à l'accueil et à l'intégration des personnes.»
Parmi les partenaires terrain, mentionnons l'Institut de la statistique du Québec, la bibliothèque de l'Assemblée nationale et le réseau d'aide aux travailleurs migrants agricoles du Québec.

Maximino est un travailleur immigrant agricole mexicain. Chaque année, il se rend à l'île d'Orléans travailler pendant environ six mois à la culture de fruits et de légumes. La photo a été prise pour une exposition montée par la professeure Stéphanie Arsenault sur les travailleurs immigrants agricoles de l'endroit, lesquels sont environ un millier, dont une majorité de Guatémaltèques. Les travailleurs immigrants agricoles de l'île devraient faire l'objet d'une étude menée par la professeure visant à mieux comprendre comment ils jouent leur rôle de père face aux défis que représentent leurs allées et venues entre leur pays et le Québec.
Du Grand Nord jusqu'à la Montérégie
Les chercheuses et chercheurs associés au RQ3i offrent une couverture complète du territoire québécois. Selon Stéphanie Arsenault, toutes les régions du Québec connaissent aujourd'hui la réalité de la diversification de leur population. «Nous avons des gens ancrés dans différentes réalités, qui vont produire des travaux et des connaissances qui font sens dans les différentes régions et qui auront toute la crédibilité pour alimenter les réflexions, les décisions, notamment au sein du MIFI», soutient-elle.
En 2021, selon l'Institut de la statistique du Québec, les femmes immigrantes étaient au nombre de 622 000. Elles représentaient 14,9% de l'ensemble des femmes au Québec. Les 589 000 hommes immigrants, eux, représentaient 14,3% de l'ensemble des hommes au Québec.
Les 35 chercheuses et chercheurs sont déjà actifs dans les trois axes, indique la professeure. Des dizaines de projets de recherche sont en marche. Un de ses projets en cours a pour objectif de comprendre les pratiques de jumelage interculturel déployées au Québec auprès des personnes immigrantes. Dans un de ses projets, Bob White s'intéresse aux dynamiques de cohabitation à l'ère de la superdiversité.