11 février 2025
Gouvernance au Québec: une enquête soulève des lacunes dans les conseils d’administration
L'étude du Collège des administrateurs de sociétés, menée en collaboration avec un groupe de recherche de l'Université Laval, aborde notamment la place de l'intelligence artificielle et le manque de diversité au sein des membres

— Getty Images - FangXiaNuo
Le Collège des administrateurs de sociétés, en collaboration avec le Centre universitaire d'expertise en gouvernance de sociétés, affilié à la Faculté des sciences de l'administration, a présenté les résultats de l'enquête Gouvernance au Québec: portrait et perspectives 2025. Elle met en lumière certaines lacunes considérées comme préoccupantes dans la gestion des risques émergents au sein des conseils d'administration (CA).
Le professeur Jean-François Henri, directeur du Centre universitaire d'expertise en gouvernance de sociétés et directeur pédagogique du Collège des administrateurs de sociétés, fait ressortir plusieurs observations de cette étude, réalisée auprès de 1126 conseils d'administration (CA) québécois.
L'enquête révèle que l'enjeu de l'intelligence artificielle (IA) n'est pas considéré comme prioritaire dans les pratiques de gouvernance, ce qui peut mettre les organisations à risque par rapport à leurs compétiteurs locaux et internationaux. «L'IA n'est pas une technologie parmi d'autres: c'est une révolution disruptive. Ignorer son impact stratégique pourrait compromettre la survie même de certaines organisations», avertit le professeur Henri.
Les résultats montrent également un manque de diversité. Alors que 41,5% des sièges des CA sont occupés par des femmes, la proportion tombe à 22% dans les sociétés privées et à 34% dans les sociétés ouvertes. Par ailleurs, seulement 8% des sièges sont occupés par des groupes historiquement marginalisés et des jeunes de moins de 35 ans. «Cette sous-représentation limite la diversité et les perspectives complémentaires, des éléments pourtant cruciaux pour une gouvernance efficace», explique Jean-François Henri.
L'enquête met aussi en lumière plusieurs freins à la considération des intérêts collectifs, notamment l'absence d'indicateurs de performance sociale ou environnementale, la priorité accordée à la performance financière et la perception que leur rôle est de servir exclusivement l'organisation. «Les enjeux planétaires exigent des CA qu'ils dépassent leur rôle traditionnel pour devenir de véritables garants des intérêts collectifs. Réconcilier performance financière et responsabilité sociale est aujourd'hui indispensable pour assurer la pérennité des organisations», souligne le professeur.
Alors que 64% des CA signalent des problématiques en lien avec leur culture organisationnelle, Jean-François Henri prévient qu'«une culture d'équipe affaiblie menace directement la qualité des décisions et la capacité du CA à accomplir ses rôles fondamentaux».
L'enquête souligne aussi les bons coups des CA québécois. Le professeur Henri rapporte que 64% des membres sont indépendants, favorisant la transparence et l'impartialité. De plus, 67% des CA offrent une rémunération, leur permettant d'attirer des talents compétents.