Remplacer une partie du sucre raffiné que nous consommons chaque jour par du sirop d'érable pourrait atténuer certains effets négatifs d'une alimentation riche en graisses et en sucres. C'est du moins ce que suggère une étude publiée par une équipe de l'Université Laval dans l'American Journal of Physiology – Endocrinology and Metabolism. En effet, ces chercheurs ont montré que, chez la souris, le sirop d'érable réduit la digestion du sucre raffiné, l'absorption intestinale du glucose et l'accumulation de lipides dans le foie.
Pour faire cette démonstration, les chercheurs ont comparé deux groupes de souris soumises à un régime alimentaire riche en graisses et en sucres. «Dans l'un des groupes, nous avons remplacé environ le quart de l'apport en sucre raffiné (sucrose) par du sirop d'érable. Cela représente 10% des calories totales consommées quotidiennement par ces souris. Nous avons choisi ce pourcentage parce qu'il correspond à ce qui est envisageable comme modification alimentaire chez l'humain», précise le responsable de l'étude, André Marette, professeur à la Faculté de médecine et chercheur au Centre de recherche de l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec et à l'Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels.
Après quelques semaines de ce régime, les chercheurs ont soumis les souris à des tests de résistance à l'insuline et de tolérance au glucose. «Nous avons constaté que le métabolisme du glucose était moins altéré chez les souris qui consommaient du sirop d'érable. De plus, nous avons observé que le foie de ces souris présentait des concentrations de triglycérides presque deux fois moins élevées que le foie des souris qui n'avaient pas consommé de sirop d'érable», résume le professeur Marette.
Selon le chercheur, cette accumulation hépatique plus faible de triglycérides résulterait d'une baisse de l'activité d'une enzyme, l'alpha-glucosidase intestinale. Cette enzyme scinde le sucrose en monosaccharides (glucose et fructose). «Le résultat est qu'il y a moins de glucides absorbés qui passent dans la circulation sanguine, donc moins d'hyperglycémie, et moins de glucides transformés en triglycérides dans le foie.»
Une analyse du microbiote intestinal a révélé une association entre la consommation de sirop d'érable et l'abondance de trois espèces de bactéries (F. rodentium, R. ilealis et L. johnsonii). «Ce sont des bactéries peu connues dans la gestion des maladies métaboliques, mais elles possèdent des groupements de gènes qui interviennent dans le métabolisme des sucres. Nous projetons d'étudier leur rôle dans les effets métaboliques positifs que nous avons observés chez les souris qui consomment du sirop d'érable au lieu du sucrose», souligne le chercheur.
Cette étude doit être interprétée avec prudence, prévient le chercheur. «On ne suggère surtout pas de soigner le diabète avec du sirop d'érable. Ce que nous constatons est que le sirop d'érable, un édulcorant naturel, atténue certains effets négatifs de la consommation de sucre raffiné. Il pourrait donc être avantageux de remplacer une partie du sucrose de notre alimentation par du sirop d'érable. Nous avons d'ailleurs testé cette hypothèse chez des sujets humains et nous devrions être en mesure de publier les résultats d'ici la fin de 2024.»
Les autres signataires de l'étude parue l'American Journal of Physiology-Endocrinology and Metabolism sont Arianne Morissette, Diana Majolli André, Anne-Laure Agrinier, Thibault Varin, Geneviève Pilon, Nicolas Flamand et Vanessa Houde.