Agente de gestion des études à la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique de l'Université Laval, Nathalie Nadeau se taille une place grandissante dans le milieu de la poésie. Voilà qu'elle publie son second recueil chez Hamac, L'amour comme autant de fractures.
Cette plaquette de 100 pages explore la vie de 7 couples ayant marqué l'imaginaire: Marianne Ihlen et Leonard Cohen, Dora Maar et Picasso, Pauline Julien et Gérald Godin, George Michael et Kenny Goss, Winnie Madikizela et Nelson Mandela, Édith Piaf et Marcel Cerdan, ainsi que Zelda Sayre et Francis Scott Fitzgerald.
«J'avais le désir de sortir de ma propre réalité, explique l'autrice. Mon premier recueil [Ponctuation autour d'une robe, en 2017] portait sur la maternité, un thème qui m'est cher depuis l'arrivée de mes enfants. Cette fois, j'étais curieuse de voir comment pouvait se vivre le lien amoureux dans d'autres dynamiques.»
Pour cela, Nathalie Nadeau a plongé dans des biographies, des documentaires, des chansons et des documents d'archives, comme des correspondances et des lettres d'amour. «Les couples proviennent d'univers et d'époques différents, ce qui offrait beaucoup de matière dans laquelle aller puiser. Cette recherche m'a permis de m'imprégner de leur univers avant de me lancer dans l'écriture, qui s'est faite dans un autre temps.»
Dans ses poèmes, Nathalie Nadeau aborde les difficultés et les joies d'une relation amoureuse. «Sur le plan formel, c'était un beau défi. Chaque univers devait avoir sa propre couleur, ses propres mots. D'un couple à l'autre, je ne voulais pas qu'on ait l'impression de lire la même voix», indique-t-elle.
De toutes les unions qu'elle a explorées, l'autrice admet avoir une préférence pour Marianne Ihlen et Leonard Cohen. De 1960, année de leur rencontre, à 2016, le célèbre poète et musicien a multiplié les hommages à sa muse. On pense entre autres à la magnifique chanson So Long, Marianne, qui raconte leur histoire d'amour. «En pensant à eux, des images surgissent, je les revois sur l'île d'Hydra, en Grèce, où ils se sont rencontrés. On sent que leur histoire aurait pu se poursuivre si Leonard Cohen avait été capable de se poser quelque part, mais ce n'était pas dans sa nature. Malgré leur séparation, ils se sont toujours aimés et ont continué de s'écrire jusqu'à la fin. Ce lien indestructible, je trouve ça particulièrement beau», dit Nathalie Nadeau.
De la foresterie à la poésie
Aussi surprenant que cela puisse paraître, la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique semble être un terrain particulièrement fertile pour la poésie. Outre Nathalie Nadeau, deux autres employés administratifs ont une pratique en création littéraire, soit Sophie-Anne Landry et Pierre-Luc Gagné. En plus d'accompagner les étudiants dans leur parcours universitaire, ils ont publié dernièrement des recueils et s'impliquent activement sur la scène littéraire.
«C'est merveilleux, on peut parler de poésie durant nos pauses ou nos heures de dîner!», lance en riant Nathalie Nadeau, pas peu fière de faire partie de cette belle équipe depuis quelques mois.
Avec la création littéraire, Nathalie Nadeau assouvit sa soif de liberté. «À travers nos vies remplies, une feuille blanche offre tellement de possibilités. La poésie est un genre qui permet d'explorer différents univers sans devoir penser à respecter les règles grammaticales. En deux ou trois vers, on peut dire quelque chose d'aussi fort qui pourrait être dit en un chapitre.»
Malgré ce parti pris pour la poésie, Nathalie Nadeau se tourne maintenant vers la littérature jeunesse. Dans son prochain roman, qui est en cours de rédaction, elle explorera le thème de la différence à travers le personnage d'un adolescent ayant une malformation au visage.