
Image tirée du film Cosmogonie des corps: jusqu'au commencement (volet 1)
— Natalie Fontalvo
Il s'agit d'un beau recueil illustré qui vient de paraître aux éditions de l'Écume. Cosmogonie des corps: nos bouches des fenêtres réunit des poèmes collectifs et des photos de Pierre Barrellon. À cela s'ajoute un court-métrage poétique signé Natalie Fontalvo dont le lancement aura lieu le 7 octobre au cinéma Le Clap. Ces deux projets sont une initiative du collectif Les Bourrasques, formé d'étudiantes et de diplômées de l'Université Laval.
Leur objectif: se réapproprier la parole sur le corps féminin, briser les tabous et présenter ce corps dans toute sa beauté et sa diversité. «La télévision et les publicités font plus de place qu'auparavant à la diversité des corps, mais pas encore assez. En mettant l'accent sur nos vergetures, nos seins tombants, nos cicatrices et nos autres petits défauts, on souhaite contrebalancer l'image plastique du corps féminin par des corps réalistes», explique Sophie-Anne Landry, l'instigatrice du projet.
Outre cette poétesse, le recueil permet de découvrir les plumes de Laetitia Beaumel, Alycia Dufour, Leïka Morin, Sarah-Jane Ouellet, Shana Plante et Natalie Fontalvo. Ensemble, elles abordent des thèmes comme la maternité, la sexualité, le surpoids et le vieillissement. Leurs textes sont accompagnés de photos de différentes parties de leurs corps, le gros-plan créant des œuvres aux formes plus ou moins abstraites. «Le sous-titre du recueil, nos bouches des fenêtres, fait référence au fait que chaque photo est une fenêtre sur nos corps», précise Sophie-Anne Landry.

Sophie-Anne Landry et Natalie Fontalvo lors du lancement du recueil, le 21 septembre dans un parc public. À tour de rôle, chacune des autrices a lu un poème.
— Coralie Grenier (éditions de l'Écume)
Sophie-Anne Landry fait un baccalauréat en études littéraires tout en étant agente de gestion des études à la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique. Comme artiste, elle s'intéresse au thème du corps depuis un bon moment. Parmi ses différents projets, elle a codirigé Épidermes, un ouvrage collectif qui réunit des fictions mettant en scène une manipulation du corps.
Cette fois, avec Cosmogonie des corps, elle a voulu amener des femmes à explorer les limites et la beauté de leurs propres corps. Ce qui devait être au départ un spectacle littéraire s'est peu à peu transformé, pandémie oblige, en projet vidéo. Des ateliers d'écriture et d'expression corporelle, ainsi qu'un séjour au centre Nouaisons, un organisme qui offre des résidences d'artistes, a donné au projet sa forme actuelle.
Pour Sophie-Anne Landry, ce processus de création évolutif a servi en quelque sort d'exutoire. «Le projet m'a permis de briser la pression sociale qui pèse sur le corps féminin et d'accepter qui je suis. L'art, pour moi, a une fonction thérapeutique, alors que pour d'autres membres du collectif, c'est une question d'empuissancement.»
Le travail n'est pas fini pour le collectif. Portées par une campagne de sociofinancement qui a obtenu un franc succès, les artistes préparent un second court-métrage, qui devrait voir le jour prochainement. «Le premier volet de notre projet est basé sur la voix individuelle de chacune des autrices. Avec cette deuxième phase, on souhaite travailler davantage une parole collective avec des exercices d'écriture commune et des idées de tournage en groupe, toujours sous la direction artistique de la réalisatrice Natalie Fontalvo. Si tout va bien, on prévoit concrétiser le projet de spectacle et y inclure une présence vidéo», conclut Sophie-Anne Landry.

Les membres du collectif, Sophie-Anne Landry, Alycia Dufour, Shana Plante-Paquette, Sarah-Jane Ouellet, Leïka Morin et Laetitia Beaumel, en compagnie de la réalisatrice Natalie Fontalvo et du photographe Pierre Barrellon.
— Lydia Barnabé-Roy