22 mars 2024
Mythes sur les francophonies nord-américaines
En cette Journée québécoise de la francophonie canadienne, pourquoi ne pas mettre en valeur la vitalité des diverses communautés francophones du pays et la spécificité de leur langue en déconstruisant certains stéréotypes?
Les Franco-Ontariens font-ils vraiment plus d'emprunts à l'anglais que les Québécois? Voilà l'une des croyances auxquelles s'attarde la série de capsules «Démystifier des idées reçues sur les francophonies nord-américaines». Lancée le 21 mars par la Chaire pour le développement de la recherche sur la culture d'expression française en Amérique du Nord (CEFAN), cette série vise, comme son nom l'indique, à dénoncer certains préjugés qui circulent dans la société.
«Beaucoup de gens expriment une opinion sur les français parlés en Amérique du Nord. Pourtant, plusieurs idées reçues ne résistent pas à une analyse sérieuse. Par exemple, de nombreuses idées reçues sur l'effet du contact avec l'anglais ont la couenne dure», affirme Kristin Reinke, titulaire de la Chaire et professeure au Département de langues, linguistique et traduction.
Ainsi, dans la capsule sur les emprunts linguistiques en Ontario – où la professeure Reinke interroge le professeur Davy Bigot de l'Université Concordia –, on apprend que, selon une étude des années 1980, sur la totalité des mots utilisés, les emprunts à l'anglais représentent en moyenne 1% des mots en Ontario et 0,6% au Québec. Une autre étude réalisée en 2010 conclut que les emprunts représentent toujours 1% de l'ensemble des mots en Ontario. «On remarque que la fréquence des emprunts reste relativement restreinte en Ontario comme au Québec. Et somme toute comparable. Un autre stéréotype sur lequel on pourrait revenir, c'est le fait de dire qu'on emprunte toujours plus de mots. Or, finalement, lorsqu'on compare les statistiques des années 80 avec celles de 2010, on réalise qu'il n'y a pas beaucoup d'évolution et qu'on n'emprunte pas plus à l'heure actuelle», déclare Davy Bigot dans cet épisode.
Démocratiser le savoir
Cette série de capsules s'adresse avant tout à monsieur et madame Tout-le-Monde. «Nous, les chercheuses et chercheurs, nous avons un peu de mal à communiquer avec le grand public. L'objectif principal de ce projet, c'est de défaire ce mur invisible entre l'université et la communauté et de rendre nos résultats de recherche accessibles au grand public. Selon moi, parler des idées reçues sur la culture et la langue des communautés francophones en Amérique du Nord, ça se prête particulièrement bien à cette entreprise», indique Kristin Reinke.
D'une longueur moyenne de cinq minutes, les vidéos répondent à une question précise. Par exemple, les français familiers nord-américains sont-ils des créoles? Comment favoriser la sécurité linguistique des jeunes francophones en Colombie-Britannique? Dans chaque épisode, la professeure Reinke pose une question à un ou deux spécialistes qui livrent un message très clair.
«Ce qui est particulièrement pertinent, c'est que la série représente bien les francophonies nord-américaines. L'Acadie, le Québec, l'Ontario, le Manitoba, la Saskatchewan, l'Alberta, la Colombie-Britannique, la Louisiane et le Michigan sont représentés, soit par le sujet soit par l'origine de la personne invitée. Certains sujets touchent une région plus spécifique, mais il y a aussi de grands sujets transversaux», affirme Kristin Reinke.
Ce n'est qu'un début
La série a été lancée avec quatre épisodes, en plus de la capsule d'introduction dans laquelle la professeure Reinke explique les objectifs du projet. Toutefois, huit autres vidéos s'ajouteront prochainement à la série.
Vous souhaitez en savoir plus sur le chiac, sur les traces du français dans la communauté métisse manitobaine ou sur la ressemblance entre les français cadien et acadien? Ne manquez pas les épisodes à venir. Des balados seront aussi réalisés à partir des vidéos.
«Comme l'explique Isabelle Violette, une des intervenantes de la série, notre attirance vers les idées reçues est due notamment au fait qu'elles proposent une réponse simple à un problème complexe. Notre cerveau aime bien ça. Toutefois, il est du devoir des universitaires de déconstruire les préjugés et de diffuser le savoir dans toute la société», conclut la professeure Reinke, qui souhaite contribuer à une meilleure reconnaissance populaire de toutes les cultures francophones d'Amérique du Nord.
Visionner la série «Démystifier des idées reçues sur les francophonies nord-américaines» sur la chaîne YouTube de la CEFAN