«C’est en 1970 que l’Université Laval intégrait l’enseignement des arts, rappelle le directeur de l’École d’art, Georges Azzaria. Cette histoire est fascinante, marquée par des développements touchant tout à la fois la reconnaissance de la pratique de création comme acte de recherche, l’évolution de l’art actuel à Québec, les liens de l’École et de ses étudiantes et étudiants avec le milieu, l’équilibre sensible entre l’approche conceptuelle et l’enseignement des techniques et des technologies.»
L’histoire de l’École s’est écrite dans plusieurs lieux. Tout a commencé en 1970. Pour un an, les cours se sont donnés dans le bâtiment occupé jusque-là par l’École des beaux-arts de Québec, près du Cégep de Sainte-Foy. En 1971, l’École des arts visuels s’installe dans les sous-sols du PEPS. Elle y restera deux ans. Suivirent, tour à tour, le pavillon Félix-Antoine-Savard et le pavillon Louis-Jacques-Casault. Depuis 1994, l’École occupe l’Édifice La Fabrique, sur le boulevard Charest, à Québec. «L’Édifice La Fabrique était l’endroit idéal pour l’École, soutient le directeur. Les arts se sont beaucoup développés dans ce secteur. C’est un lieu fascinant pour la culture. On y trouve des ateliers d’artistes et des galeries d’art, ainsi que la coopérative Méduse, un pôle de l’art contemporain.»
Une série d’activités souligneront le demi-siècle d’enseignement des arts à l’Université. La programmation, qui vient de débuter, s’étalera sur deux ans, soit jusqu’en 2022. Parmi les activités prévues, mentionnons la publication d’un livre sur l’histoire de l’École, des expositions à l’extérieur de l’Édifice La Fabrique, dont la première sera consacrée à Omer Parent, artiste reconnu et premier directeur de l’École, et la tenue d’un colloque au printemps 2022.
«Ce colloque sur l’enseignement des arts aujourd’hui sera un moment de débats ainsi que l’occasion de retrouvailles avec de nombreux anciens, explique Georges Azzaria. On abordera la question des outils et des concepts et leur importance dans la création d’œuvres. On discutera aussi d’une particularité de l’enseignement de l’art à l’Université Laval: l’apprentissage en atelier, lequel consiste en une formation individualisée où les étudiants créent des œuvres en étant accompagnés par des enseignants et en échangeant avec leurs pairs. Le colloque abordera également les questions de la recherche-création et de l’institutionnalisation de l’art dans un contexte universitaire.»
L’art est-il une discipline universitaire? Cette question fondamentale a alimenté bien des discussions au fil des décennies à l’École d’art. «Et ce questionnement, cette tension, est encore pertinent, ajoute le directeur. En art nous sommes très loin d’une recherche qui se fait essentiellement en bibliothèque ou en laboratoire. Ce ne sont pas les mêmes protocoles de recherche et l’art amène un paradigme complémentaire avec ses méthodes et ses pratiques. Aussi, les résultats de recherche passent par des canaux de diffusion très différents.»
Une autre tension qui perdure est celle entre la théorie et la pratique. «L’enseignement en art, poursuit-il, oscille entre l’acquisition d’un savoir-faire et le développement d’une pensée artistique. Cette tension fut l’une des plus importantes à avoir marqué le passage de l’École des beaux-arts à l’Université il y a 50 ans. De manière générale, l’École d’art place aujourd’hui l’autonomie et le sens critique au centre de son enseignement et cherche, dans la mesure du possible, à faire émerger la singularité.»
Des artistes diplômés de l’École d’art exposent
Serge Murphy a terminé sa formation à l’École des arts visuels en 1975. En près d’un demi-siècle de pratique, cet artiste a contribué au développement de l’art actuel au Québec. Il est surtout connu pour ses installations sculpturales réalisées à partir d’objets fabriqués et modifiés, ainsi que pour ses dessins à l’encre. Depuis quelques jours et jusqu’au 25 octobre, une exposition lui est consacrée à la Galerie des arts visuels de l’École d’art.
«La Galerie des arts visuels présentera, pour sa programmation 2020-2021, la recherche de cinq artistes ayant fait leurs études à l’École au fil de son histoire, explique la directrice de la Galerie, Lisanne Nadeau. Cinq artistes, cinq décennies. Le travail actuel de chacun de ces artistes est hyper pertinent. Les expositions permettront de réfléchir aux enjeux de chacune des décennies. La deuxième exposition débutera le 5 novembre. Elle sera consacrée à James Partaik. Ce sera l’occasion de réfléchir avec lui sur les nouvelles technologies en art et sur comment l’enseignement de l’art doit s’adapter. Suivront les expositions consacrées à BGL, Annie Baillargeon et Frédérique Laliberté.»
Lisanne Nadeau fait partie de l’équipe de conception et de coordination du 50e de l’École d’art. Une autre de ses tâches consiste à faire la recherche-rédaction d’une série de capsules historiques sur les faits saillants des 50 ans de l’École. Quatorze capsules ont été produites à ce jour. Elles couvrent la période comprise entre 1970 et 1989. D’autres suivront dans les prochains mois. Très diversifiés, les sujets abordés par les capsules déjà réalisées touchent notamment à l’enseignement donné dans les sous-sols du PEPS de 1971 à 1972, à des individus marquants comme l’artiste peintre Fernand Leduc – qui a enseigné à l’École de 1970 à 1972 –, à l’enseignement en duo pendant quelques décennies, aux expositions de finissants dans des lieux prestigieux comme le Palais Montcalm et le Musée du Québec, et à la création de la maîtrise en arts visuels en 1992.
Dans le même esprit, la directrice a produit une série d’entrevues vidéo avec d’anciens directeurs, professeurs, responsables d’ateliers techniques et étudiants. «Les questionnements d’hier sont toujours actuels, dit-elle. Ils touchent, entre autres, à l’intégration des nouvelles technologies à l’art, à la recherche de pointe en art, au lien entre l’Université et le milieu culturel, à l’engagement social des artistes. Des universités veulent avoir un doctorat en art, d’autres non. Tous ces débats avaient cours dans les années 1970.» Ce matériel et celui des capsules historiques lui serviront à rédiger le livre sur l’histoire de l’École.
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