
Dans son cours, Truong Chanh Trung enseigne toutes les étapes du dessin à l'encre de Chine.
— Louise Leblanc
Depuis 21 ans, maître Chanh enseigne l'art de peindre à l'encre de Chine à l'Université du 3e âge de Québec (UTAQ). Son atelier, fort couru d'une session à l'autre, permet de découvrir tous les aspects de cet art millénaire. Grâce aux conseils de leur mentor, les participants sont invités à dessiner à leur tour des paysages, des objets ou des scènes issues de leur imagination, le tout dans le respect des techniques ancestrales.
«Avec le pinceau chinois vient une méthode, explique Truong Chanh Trung. Le mouvement du pinceau est contrôlé par huit gestes associés à la calligraphie chinoise. En plus de la technique, il faut savoir tenir compte de ses émotions. C'est pourquoi je montre aux étudiants de quelle façon ils peuvent lier la technique aux sentiments qui les habitent.»
L'histoire de Truong Chanh Trung, 75 ans, mérite qu'on s'y attarde. Né au Vietnam de parents chinois, il rêvait, adolescent, de réaliser des affiches de cinéma. Lorsque la Guerre du Vietnam éclate, il doit faire son service militaire. Contrairement aux soldats qui vont au front, il met à contribution ses talents artistiques et dessine des affiches publicitaires pour l'armée. En 1979, il fuit le régime communiste du Vietnam pour se retrouver dans un camp de réfugiés en Malaisie avec son épouse et ses trois enfants.
L'année suivante, à l'instar de plusieurs boat people, la famille arrive au Québec pour s'installer à Stoneham. Tout en cumulant les petits boulots, Truong Chanh Trung suit des cours de dessin au Cégep Limoilou, puis il s'inscrit à l'Université Laval, où il fait coup sur coup deux baccalauréats: un en communication graphique et un en arts plastiques. Il devient par la suite le premier étudiant de l'Université à obtenir une maîtrise en art visuel. «À cette époque, je ne parlais pas beaucoup le français, dit-il, mais j'étais intéressé de découvrir de nouvelles choses. Pour moi, la meilleure façon de comprendre un pays d'accueil, c'est d'aller à l'école. C'est ce qui m'a motivé à faire ces études.»
Diplômes en poche, Truong Chanh Trung n'a pas chômé. Avec ses toiles et ses sculptures, il a participé à de nombreuses expositions. En 2003, il a collaboré à La trilogie des dragons de Robert Lepage. Aujourd'hui, on trouve de ses œuvres dans divers lieux publics, musées et collections privées. Entre autres, c'est lui qui a créé la magnifique série des oiseaux de bronze sur les rives de la rivière Saint-Charles, le buste de Clarence Gagnon dans le Vieux-Port, le monument à la mémoire des pompiers morts en service sur le boulevard Langelier, ainsi que l'œuvre La Compassion à l'entrée de l'Hôpital général de Québec.
Pour Truong Chanh Trung, le fait d'enseigner à l'UTAQ, un établissement associé à son alma mater, est en quelque sorte un retour aux sources. «Une fois ma maîtrise terminée, je me suis dit: “pourquoi ne pas organiser un cours pour partager mes connaissances?” Depuis que je suis petit, je pratique l'art du pinceau chinois. La culture chinoise est tellement riche. L'atelier à l'UTAQ me permet de marier cette culture qui m'a été transmise par mes parents avec celle du pays qui m'a accueilli.»

Le cours L'art de peindre à l'encre de Chine fait partie des nombreux ateliers offerts à l'UTAQ. De fait, plusieurs spécialistes de renom dans différents domaines prêtent leur concours à cette université destinée aux étudiants de 50 ans et plus. Il est possible de s'inscrire dès maintenant pour la session d'hiver 2019.
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