
L’exposition présente une dizaine de grands cartographes du passé, dont Samuel de Champlain. La carte qui illustre le texte consacré au grand explorateur a été réalisée en 1632. Elle montre la Nouvelle-France de l’époque. Champlain a notamment cartographié la vallée du fleuve Saint-Laurent et la côte de la Nouvelle-Angleterre.
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Champlain, Bellin et Bayfield figurent parmi une dizaine de grands cartographes du passé que met en valeur l'exposition Jeu de cartes – Cinq siècles d'hydrographie. Cette exposition est présentée depuis le 18 octobre et le sera jusqu'au 28 avril 2019 au quatrième étage du pavillon Jean-Charles-Bonenfant. Elle est le fruit d'un partenariat entre la Bibliothèque de l'Université Laval, la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique, et le Musée maritime de Charlevoix.
«Les cartographes en question ont fait un travail exceptionnel, surtout considérant l'étendue du territoire qu'ils ont couvert, explique le commissaire Rock Santerre, professeur associé au Département des sciences géomatiques. Un astrolabe, une boussole, un plomb de sonde, un sextant, je mets au défi n'importe qui aujourd'hui de faire aussi bien avec ces techniques anciennes. De nos jours, cartographier le fond marin est beaucoup plus simple avec le GPS, les échosondeurs et les drones.»
L'un de ses préférés est Jean Deshayes, hydrographe du roi et correspondant de l'Académie des sciences de Paris lors de plusieurs expéditions scientifiques. Il fait son premier séjour en Nouvelle-France de 1685 à 1686. «En un été, raconte Rock Santerre, Deshayes a dressé une carte du Saint-Laurent, de Cataracoui (Kingston) jusqu'à l'île d'Anticosti. Il a réalisé la première méridienne de Québec, la première ligne de base géodésique et le premier réseau de triangulation géodésique au Canada.»
Depuis l'époque de la Nouvelle-France jusqu'à aujourd'hui, les cartes marines ont été et demeurent essentielles pour pouvoir naviguer de façon sécuritaire sur le Saint-Laurent. Ce plan d'eau est, en effet, l'un des plus dangereux à parcourir. Ce majestueux fleuve se caractérise par des récifs, des hauts-fonds, des brouillards estivaux, des glaces hivernales, des courants forts et des marées.
«La dangerosité du fleuve demeure, souligne le professeur. La loi maritime canadienne impose la présence d'un pilote québécois à bord des navires qui circulent sur le Saint-Laurent, entre Les Escoumins et Montréal. Ces pilotes connaissent parfaitement le fleuve. Souvent, leur savoir a été transmis de père en fils. Trois pilotes se partagent les trois segments du parcours. Ils utilisent des cartes marines, des radars, le GPS.»
Venant de l'est et à l'approche de Québec, les navires franchissent le chenal navigable à l'intérieur d'un corridor délimité encore aujourd'hui par des bouées. En dehors de ce couloir se trouvent les récifs. Il existe deux sortes de bouées, les unes pour l'été, les autres pour l'hiver. «Si, pour une raison quelconque, une bouée se déplace, le Service hydrographique du Canada envoie un avis en temps réel aux navigateurs. Il apporte également une modification aux cartes marines qu'il envoie à ses clients.»
Une carte marine a comme particularité de montrer la profondeur de l'eau à marée basse. Selon le professeur, à Québec, à marée basse, la profondeur est jusqu'à 6 mètres, soit la profondeur minimale. «À la pointe de l'île d'Orléans, dit-il, certains navires attendent la marée haute avant d'accoster à Québec. D'autres navires, qui se rendent à Montréal, attendent la marée basse pour pouvoir passer sous le pont de Québec.»
L'exposition présente plusieurs instruments hydrographiques employés à différentes époques. On peut notamment voir un plomb de sonde pour mesurer la profondeur de l'eau, un chronomètre de marine pour déterminer la longitude en mer, ainsi qu'un marégraphe pour mesurer la hauteur des marées. Il y a aussi un sextant et une planchette. Ces instruments servent à mesurer des angles, à positionner les navires et à effectuer le levé des côtes.
L'exposition est dotée d'une table numérique permettant de voir l'ensemble des contenus, textes comme images. À l'entrée, une grande carte hydrographique est affichée au mur. À l'aide d'une tablette numérique qu'il place devant telle ou telle section de la carte, le visiteur peut superposer, par effet de transparence, les cartes de différentes époques et les comparer. L'un des secteurs est celui compris entre Tadoussac et L'Île-aux-Coudres. Enfin, une vidéo représente le relief sous-marin, comme si l'on avait retiré toute l'eau du fleuve. De Tadoussac à Québec, le visiteur survole en quelque sorte le Saint-Laurent au gré de la profondeur variable de l'eau.
L'exposition Jeu de cartes – Cinq siècles d'hydrographie se tient jusqu'au 28 avril 2019 au quatrième étage du pavillon Jean-Charles-Bonenfant. L'entrée est libre. Jusqu'au 23 décembre, les heures d'ouverture sont de 8 h à 23 h, du lundi au vendredi, et de 10 h à 17 h 30, les samedis et dimanches.